Voilà, dernier port en Norvège : Lista, presque le plus méridional du pays. Depuis quelques temps nous alternons navigations musclées en « pleine mer », toujours longeant la côte mais pas à l’abri des multitudes d’îles qui rendent la navigation en Norvège si aisée. Et la mer est mauvaise en ce moment, même si nous avons maintenant des vents plutôt favorables.
Nous faisons étape dans des petites villes bien sympa, Egersund, Rekefjord, Flekkefjord, Rasvaag. Nous rencontrons des navigateurs locaux, qui nous invitent chez eux, Ingrid et Jonni, puis Shannon et Oernulf. Ces derniers nous montrent une photo de leur bateau, avec lequel ils ont fait un tour de l’Atlantique il y a une dizaine d’années. Surprise, et incroyable coïncidence, nous reconnaissons le dit voilier, que nous avons photographié à Bergen, car il s’appelle … Babette !
Le bateau ne leur appartient plus maintenant, mais il continue sa vie !
A Rekefjord, même bien abrité au fond du fjord, nous prenons un vent violent max 50 nœuds, soit 90 km/h, nous poussant contre le quai en bois
Les villages sont jolis, avec des maisons plutôt blanches (toujours en bois), les fenêtres décorées
souvent avec des maquettes de bateaux. Mais cette façon de décorer les fenêtres est valable pour tout le pays, avec aussi le fait de laisser briller une lumière en permanence derrière la vitre.
Rasvaag : un village répartit sur plein d’îlots dans un petit fjord, charmant.
Mais au fond, on voit l’état de la mer …
Nous scrutons sérieusement les sites météo, le temps est correct pour les 3 jours à venir, vent soutenu et de travers à ¾ arrière. L’état de la mer nous fait un peu peur quand même
Le vent est gentil, il souffle comme un malade, il mets la mer en vrac, après il se calme et dit : vous pouvez y aller maintenant ! Mais la mer est en vrac ! Enfin ça sera pendant la première journée, et on veut partir le matin pour arriver de jour sur les côtes hollandaises avec un trafic de navires plus intense.
Voilà, dernier soir en Norvège dans ce petit port, plutôt de pêche
et ajout sur le blog du dernier album de photos de Norvège, en attendant un album spécial street art, en cours d’impression.
Il fallait quand même visiter quelques fjords, en Norvège ! Nous avons loupé le plus grand et le plus intéressant, avec ses fameuses églises en bois debout, faute de temps (paradoxal!), mais il fallait être à Bergen pour retrouver la famille.
Après une petite virée dans les petites îles du secteur, pour leur faire goûter aux joies du voilier – navigation entre les îles, visite à terre avec l’annexe, navigation sous la pluie, mouillage à l’ancre dans de petits endroits tranquilles – nous avons profité de Bergen, amarrés en plein centre ville avec toute son animation, et les milliers de touristes déversés par les paquebots géants.
En dehors de quelques rues bondées (mais en fin d’après midi les paquebots s’en vont) Bergen est une jolie ville, avec son extraordinaire vieux quartier des affaires sur le port (Bryggen, classé Unesco), et plein de quartiers tranquilles de petites maisons en bois sur les pentes des collines.
Mais c’est souvent un mélange de différentes architectures qui apparaît,
laissant une place importante à l’art : statues, incrustations de céramiques dans les trottoirs, et plus récent : le street art, officiel ou pas. En voici quelques exemples, très variés, mais il y a un album photos complet sur ce blog.
Puis nous partons vers le Hardangerfjord, un des plus longs : 120 km depuis le fond jusqu’au premier passage vers les îles. Mais nous décidons de n’explorer qu’un de ses bras, car ces fjords ne se font qu’au moteur, c’est lent et long, de plus la météo est plutôt aux averses. Le Fyksesund, profond de 18 km, est assez étroit (350 m en moyenne), et nous rappelle les gorges que nous connaissons en France, mais que nous n’avons jamais parcourues en bateau !
Au fond, un ponton nous permet de passer la nuit (pas question de se mettre à l’ancre dans les fjords étroits, les fonds sont trop importants) et de faire une petite rando à terre. Là encore dépaysement : au niveau de la mer, on se croit en altitude dans un vallon alpin, d’autant qu’il y a à coté des maisons en bois quelques constructions en pierre et couvertes de larges lauzes.
Nous repartons vers Stavanger. A noter que depuis que nous redescendons du nord du pays, nous sommes toujours en attente de vents du secteur nord, donc nous sommes essentiellement au moteur… On savait par les récits que c’était comme ça, mais à ce point !
A Stavanger (4ème ville de Norvège avec 140 000 hab), nous passons entre 2 paquebots pour atteindre le ponton d’accueil.
Stavanger a conservé beaucoup de ses maisons en bois, le plus souvent peintes en blanc,
mais là aussi, les immeubles modernes de tous styles les côtoient. Ce qui a le plus retenu notre attention est l’omniprésence du street art, nous avons d’ailleurs loupé d’une journée le festival annuel du genre, avec des artistes renommés et diverses animations ( voir : http://www.nuartfestival.no/home ). Tant pis, nous avons parcouru toutes (ou presque !) les rues de la ville à la recherche des œuvres qui s’affichent aux yeux de tous. Des dessins de toutes tailles (10 cm à 15 m quand il s’agit de murs entiers de maisons), de toutes qualités, chacun appréciera, avec idées humoristiques, poétiques, politiques, esthétiques, il y en a pour tous les goûts, c’est fantastique !
Nous avons discuté avec une des permanentes du festival, qui se déroule chaque année ici depuis 2005, mais aussi à Oslo et Aberdeen en Écosse. C’est un art relativement éphémère, certaines œuvres sont peintes dans des bâtiments désaffectés, d’autres sur du matériel urbain (boîtiers de connexion, piliers…), mais avec le festival il y a une part d’officialisation et de reconnaissance d’un art de rue, les organisateurs recherchent (et trouvent relativement facilement) des propriétaires de locaux ou même de maisons d’habitation, pour se faire peindre la façade. C’est quoi l’art, quel est sa place ? On se pose la question en parcourant les rues, égayées par les facéties picturales de ces artistes. C’est en tous cas gratuit et visible par tous.
Nous repartons en excursion fjord, dans le Lysefjord. Pas très long, 38 km depuis son débouché dans un autre fjord, mais assez étroit et bordé de hautes falaises, bien plus impressionnantes que celles des gorges du Tarn. Les sommets de chaque coté s’élèvent à 700-1000 m, avec des parois parfois quasi verticales. La célèbre plateforme naturelle du Preikestolen est très courue, nous on l’a vue d’en bas, avec plein de petits randonneurs taille fourmis.
De nombreuses cascades descendent des sommets, alimentées par les fortes pluies de ces jours-ci.
Les endroits où accoster sont rares mais nous avons trouvé ce petit quai devant une ferme abandonnée, un des seuls endroits plats du fjord, avec même un petit troupeau de moutons. Nous y avons passé la nuit et avons nettement eu l’impression de camper au fond des gorges du Tarn.
La saison avance et nous abordons la dernière partie du voyage en Norvège, en parcourant rapidement le sud, tout en guettant soigneusement une fenêtre météo pour passer directement en Hollande, la côte danoise étant peu accueillante. Une traversée de 300 milles environ.
Nous quittons enfin Kristiansund, après 5 jours d’attente du mécano et de temps passé dans la cale moteur. Le vendredi précédent en fin d’après midi, en route vers le sud sous moteur avec le génois déroulé (un tout petit vent arrière), la pompe à eau de mer, organe essentiel pour le refroidissement du moulin, s’est arrêtée. Constaté par hasard, une grosse fumée blanche sortant du pot d’échappement, sans eau. Stop moteur immédiat, température 100°… Simultanément, le ciel très noir devant nous se rapproche, nous fond dessus :
une queue d’orage, coup de vent brusque et pluie, moi le nez dans le moteur et Babeth qui assure à la barre (enrouler le génois en vitesse et se laisser dériver, pas sans danger car nous sommes dans un fjord entre des îles). D’un coté, le ciel noir passe, le coup de vent s’estompe et nous pouvons remettre de la toile, pour avancer un peu dans le bon sens. De l’autre coté, je diagnostique la panne : rupture de l’entraîneur de la pompe, il faut aller en ville… à la voile. Le moteur peut marcher, mais uniquement tant qu’il n’a pas atteint la température de fonctionnement, ça peut aider pour une entrée de port, un amarrage, pas plus. En attendant le vent est retombé, et un léger courant nous fait reculer ! La météo nous prévoit un petit vent favorable dans la nuit, qui devrait nous permettre de rejoindre Kristiansund à 15 milles de là. OK on décide de ne pas lancer de « pan pan » à la radio, appel à l’aide pour remorquage, qui pourrait nous coûter fort cher. En plus on est quasiment seuls dans le secteur. On s’installe pour la nuit, toutes voiles dehors, Babeth prend le premier quart, pendant lequel les voiles pendent lamentablement (recul dû au courant) ou nous permettent d’avancer un tout petit peu par un petit souffle arrière.
Quand je prend mon quart vers 2 h, on a quasiment pas bougé. Mais la météo ne nous lâche pas, un petit vent se lève enfin et nous pousse vers le but, lentement d’abord puis à la prodigieuse vitesse de 4 nœuds ! Nous arrivons au port de Kristiansund à 8h30, poussé par un vent correct, grand voile affalée et génois diminué pour régler la vitesse, jusqu’au ponton d’accueil. Ouf !
Commande des pièces moteur au concessionnaire Volvo, c’est pas trop grave et je peux réparer moi même. Par contre je découvre qu’un silent-bloc du moteur a cassé, ça c’est plus embêtant ! Nous découvrons aussi que la pièce cassée est en stock dans notre réserve de pièces détachées, ça c’est la bonne surprise ! Pas besoin de la commander (cher et délai supplémentaire), quand à la pose, vu le temps de travail assez long (remplacer la pièce c’est rien mais il faut ré-aligner le moteur et l’arbre d’hélice) et coût de la main d’œuvre ici, 125 €/h, je me lance dans le chantier. Mercredi 15, tout est fini, on fait les pleins et on y va, 5 jours après notre arrivée.
Mais on a quand même profité de cette petite ville, une des capitales du klippfisk, le cabillaud (morue) salé et séché, pour être exporté dans le monde entier.
Allez après on arrête de parler morue !
Il y a aussi une vivante association de restauration de bateaux anciens, avec des ateliers et des rampes de mise à l’eau comme autrefois.
Dix jours avant c’était l’ordinateur de bord qui nous lâchait. Un bug de Windows semble-t-il après le changement de la pile alimentant l’horloge. L’ordi contient la cartographie reliée au GPS, instrument indispensable à la navigation ! Nous joignons Sandnessjoen, la première ville un peu importante, là une première intervention d’un spécialiste permet de redémarrer Windows et nous repartons le même soir. Mais 2 jours plus tard ça recommence.
Nous allons à Trondheim, 4ème ville de Norvège, que nous comptions visiter. Malgré l’intervention de 2 spécialistes, l’ordi refuse de redémarrer Windows. Nous décidons alors d’acheter un ordi portable d’occasion, sur lequel on nous installe notre disque mémoire (un SSD de 500 Go), qui contient toute notre vie ! (on avait une sauvegarde, mais pas toute récente). L’ordi, ce n’est pas que la navigation (on a une solution de rechange sur tablette, mais moins efficace), c’est aussi toute notre mémoire, la musique, les films, les photos etc, vous voyez, quoi ! On doit quand même réinstaller différents logiciels, merci Eric qui nous a aidé, de loin !
Nous avons tout de même profité de la ville qui est très sympa, avec beaucoup de maisons en bois peint, des petites ruelles plus ou moins animées,
et le célèbre ascenseur à vélo, un vrai casse gueule !
Ces ennuis nous ont fait perdre pas mal de temps et miné le moral. De plus la confiance dans le moteur est mise à mal et dans cette redescente vers le sud, on en a beaucoup besoin car on a un courant contraire et beaucoup de vent contraire également.
Dommage car la nature est magnifique en ce moment : les bruyères ont fleuri et les petits fruits permettent de se nourrir en se promenant !
et on a pas le temps de bien en profiter, on doit tracer vers Bergen pour accueillir Valentine, Chiara et Manu. Et ce week end, on ne bouge pas, une petite tempête, vent de 25 nœuds hier, 30 à 35 aujourd’hui (rafales jusqu’à 45), nous fait prudemment rester au petit port de Runde.
Après Alta, nous redescendons vers le sud, pour être à Bergen fin aout. Mais le nord du pays est dans un anticyclone, pas de vent. Nous faisons beaucoup de moteur pour rejoindre les Lofoten, pour visiter l’ouest de l’archipel et ses îles les plus isolées, Vaeroy et Rost. Autant la première est montagneuse et abrupte, autant la deuxième est plate et atypique.
Mais pas loin s’élèvent des îlots escarpés qui abritent de grosses colonies d’oiseaux marins, et une des plus gosses colonies de macareux. Nous profitons d’une très belle journée calme pour faire un grand tour de ces îlots en bateau, avec de nombreux arrêts près des oiseaux.
En attendant du vent pour tracer vers le sud, nous profitons de la platitude de Rost pour s’y promener à vélo.
Et pour profiter du vent, nous appareillons à 8h du soir pour une « nuit » en mer, pour rejoindre directement l’archipel de Traena sur lequel passe le cercle polaire. En fait de nuit, le soleil se couche à 23h15 et se relève vers 3h, et il fait largement jour entre les 2.
Et maintenant quelques souvenirs illustrés :
La montagne
La Norvège est un pays de montagne. Mais ce qui nous étonne, nous, c’est la non-occupation de ces montagnes, on ne voit jamais une route, un village perché, des pâturages d’altitude, aucune trace humaine. On ne voit jamais une route ou une piste monter vers un col, vers des maisons. C’est en fait très dépaysant ! Les maisons sont systématiquement au bord de l’eau, voire même en partie sur l’eau avec des pilotis. Du coup la montagne est préservée.
soleil de minuit
Au nord du cercle polaire, le soleil ne descend plus sous l’horizon entre 2 dates autour du solstice d’été, selon la latitude. En fait, on voit le soleil descendre très obliquement de l’ouest vers le nord, pour atteindre un minimum et remonter en partant vers l’Est. Eh oui à 1h du mat le soleil est au nord ! Voir le soleil de minuit est une expérience originale, mais pas si enthousiasmante : on attend que le soleil « se couche » – pour cela nous on ne se couche pas – finalement il ne se couche pas non plus, nous oui à la fin, au final on a vu un pseudo coucher de soleil sans les magnifiques couleurs rouges des couchers de soleil sudistes. Un peu une arnaque, quoi ! De plus ce passage du soleil au nord est souvent masqué par des nuages, ou des montagnes en Norvège !
Du coup, il fait grand jour 24/24h.
Inconvénient : pour dormir il faut se forcer, et bien occulter toutes les ouvertures de la chambre. On a mis des doubles rideaux comme on a pu, mais il ne fait qu’une vague pénombre. On s’y est bien habitués.
Avantages : en bateau au mouillage, s’il se passe quelque chose la « nuit », on y voit très bien, les repères de mouillage sont toujours visibles. Et on n’allume plus de lumières, ni les feux de mouillage.
On a même essayé la navigation de nuit. Ben c’est pareil qu’une nav de jour.
Sternes et mouettes
A Andenes sur l’île de Andoya (Vesteraalen), à coté du port, les sternes arctiques nichent sur un terrain vague à coté de la route qui mène en ville.
Quand on passe à pied, les nicheurs les plus proches nous attaquent furieusement en piquant sur notre tête en criant « tek tek tek tek » et « kriaaaaa », sans nous toucher mais leur ardeur farouche est impressionnante !
Nous les avons également, en d’autres occasions, vues pourchasser sans relâche les goélands qui s’approchaient trop près des nids, même sans mauvaise intention (quoique, comment pouvons nous juger des intentions de ces cueilleurs opportunistes, qu’un œuf ou un poussin tente bien souvent)
Toujours à Andenes, nous filmons les mouettes tridactyles qui nichent sur les maisons. Chaque retour d’un conjoint au nid est salué d’un concert rituel de cris et gloussements, assourdissant quand les nids sont nombreux !
Les mouettes sont installées sur des maisons inoccupées, devinez pourquoi ?
Baleines
La Norvège est l’un des trois pays (avec le Japon et l’Islande) à continuer à chasser la baleine, malgré les cris d’alarme des écologistes et les interdictions internationales.
La Norvège établit ses propres quotas pour le nombre de baleines pouvant être tuées à des fins commerciales. Ce nombre n’a fait qu’augmenter, passant de 671 baleines de Minke en 2002 à plus de 1 000 aujourd’hui. Cependant, ces dernières années, moins de la moitié du quota établi a été effectivement atteint. La Norvège chasse une proportion croissante de femelles reproductrices, ce qui pourrait mettre en péril la survie à long terme des baleines de Minke dans l’Atlantique Nord. (Source IFAW)
On trouve du steak de baleine dans les supermarchés, mais on s’est abstenus.
Heureusement il y a d’autres façons d’aborder les baleines, et ce commerce est florissant dans certains secteurs. A noter que sur la façade d’un organisateur de sorties découverte en mer ne figure pas la baleine de Minck…
Pour l’instant pendant notre périple le long des côtes, nous n’avons vu que de marsouins et une fois des dauphins. Et ce n’est pas faute de regarder !
Nombreux exemples d’architecture « osée »
à Tromso, des immeubles sur pilotis, à l’image de beaucoup de maisons du bord de l’eau, et des anciens petits quais de pêche
à Karasjok, le parlement sami, évoquant la tente de ce peuple nomade
La morue dans tous ses états
Le nord de la Norvège et particulièrement les Lofoten vivent à l’heure de la morue. Elle vient en masse du nord se reproduire en hiver dans les eaux du Vestfjord, immense baie au sud-est des Lofoten. Depuis des siècles, on vient de partout la pêcher, la sécher (autrefois sur les rochers maintenant sur des perches de bois à l’air marin) et l’expédier.
Et la vie ici est marquée profondément par ce poisson providentiel. Plutôt mort que vivant d’ailleurs…
Les pêcheurs professionnels engrangent tandis que les amateurs se font photographier avec leur plus belle morue ( ? si, si), c’est maintenant un produit d’appel touristique, avec concours etc. Et si la morue est dans la cuisine, elle est aussi dans la déco, dans l’art,…
Dommage que sur ce blog on ne puisse pas reproduire l’odeur de fond omniprésente dans les villages. Et quand la morue n’est plus sur les séchoirs, fin juin, elle est dans les entrepôts bien aérés, les palettes circulent, bref ça sent !
Déjà, à Tromso, on est dans l’ambiance « grand Nord » : au port se préparent des bateaux pour le Spitzberg ou le Groenland, dont celui d’Isabelle Autissier, et dans les musées sont présentées des collections liées aux expéditions polaires (autant d’explorateurs comme Amundsen que de chasseurs de phoques, de baleines, d’ours – y’en a un qui à lui seul en a tué 713 en 40 ans ! – … tout ce qu’on peut tuer…) et à la vie des lapons. Ce dernier terme étant maintenant jugé péjoratif, on emploie le mot « same » .
Mais Tromso n’étant pas bien située pour une virée en voiture en pays sami, nous joignons Alta, 100 milles plus loin, et ce faisant nous passons le 70ème parallèle. Ce qui fait que Nocciolino aura voyagé entre le 70è sud en Antarctique, avec ses précédents propriétaires, et le 70è nord en Arctique. Comme la sterne arctique, mais celle-ci effectue cette migration tous les ans !
Coup de chance, très beau temps calme pour passer (au moteur) en pleine mer le cap de Sildmylingen avant de reprendre les fjords intérieurs vers Alta.
Et toujours des paysages magnifiques, comme au mouillage ce soir là
On découvre aussi les premiers rennes. Rien de bien extraordinaire, ce ne sont que des animaux d’élevage, comme des moutons. Mais on s’extasie aussi devant les moutons !
A Alta, nous nous posons dans une toute petite marina, et découvrons les extraordinaires gravures rupestres datant de l’âge de pierre, sur de la roche polie par les glaciers.
Dans différents coins de Scandinavie, on retrouve ces gravures datées de 2000 à 7000 ans. Elles décrivent la chasse et la pêche, les animaux attrapés, renne, ours, flétan…, les modes de chasse, arcs, lances, bateaux, ainsi que des objets ou des figures abstraites. A un certain moment, il y a 2000 ans, ces Hommes ont cessé de graver. Fascinant.
Nous louons une voiture et partons vers l’intérieur pour 3 jours dans le Finnmark, région qui couvre tout le nord de la Norvège. Plus vaste que la Belgique pour 75000 habitants. Nous avons découvert des paysages radicalement différents de la montagne abrupte que l’on côtoie depuis si longtemps : de vastes plateaux légèrement vallonnés couverts de forêts de bouleaux plus ou moins denses, entrecoupées de lacs et de tourbières.
Faune et flore très pauvres, sauf en moustiques ! Infesté est le terme qui convient. On était prévenus, mais dès la fin de l’après-midi, il faut être bien couverts et badigeonnés de répulsif.
Nous nous sommes arrêtés à Kautokeino et à Karasjok, 2 villages de 3000 habitants aux maisons extrêmement dispersées, mais possédant des musées dédiés à la culture same vraiment bien faits, donnant envie d’en connaître plus et d’être là à différentes saisons.
A Karasjok siège le parlement sami dans un batiment à l’architecture futuriste, mais faisant référence à la tente sami.
Depuis les années 70 et 80 – à l’occasion notamment de la lutte contre un grand barrage hydroélectrique – le peuple same a réussi à faire reconnaître ses droits et ce parlement, même si ses avis sont essentiellement consultatifs, en est une preuve. Les choses évoluent encore, les samis ayant obtenu le droit d’administrer eux-même leurs terres, et peut-être même bientôt les ressources locales.
Nous avons acheté des bricoles à quelques mamies qui vendaient de l’artisanat traditionnel
mais vu aussi des œuvres d’artistes locaux qui mêlent modernité et tradition.
Pas de rennes dans tout ce secteur : en été ils sont sur la côte, les pâturages sont plus verts.
Par contre beaucoup de camping cars, de bus, de motos (et quelques vélos) sur la route du cap Nord.
Nous il faut qu’on redescende dans le sud, on a encore plein de choses à voir et la route est longue !
Et nous voilà à Bodo (Boudeuh), où nous pouvons commander une pièce du pilote automatique, et la recevoir quelques jours plus tard. Le 28 mai, Babeth prend l’avion pour Paris, et je continue seul sur les petites iles alentour. Bliksvaer, Landegode, Helligvaer, des petits coins sympa, voire extra ou mieux, ça ne manque pas.
Ces couleurs extraordinaires des îles basses, on ne s’en lasse pas.
Un coup de vent arrive, je me réfugie dans l’archipel de Helligvaer, dans un petit port naturel complété par un môle. Un habitant m’indique que je peux me mettre sur le ponton du petit bateau-taxi, je ne gênerai pas.
Très bien abrité, à cet emplacement le bateau ne ressent pas les 30 nœuds de vent que je prends dès que je monte sur les collines, à la découverte de la faune et de la flore de l’île.
Le 7 juin je retourne à Bodo accueillir Babeth, et 2 heures plus tard nos amis Alain et Anne-Marie qui viennent passer une semaine avec nous. J’ai changé la pièce du pilote, ça marche, hourra !
Et après un arrêt d’une nuit à Helligvaer, pour se tester un peu, c’est parti direction les Lofoten, une petite traversée de 40 milles, mais une première pour nos amis ! Même si Alain est allé un peu dormir pendant le trajet (décalage horaire entre l’Ardèche et le « grand Nord »?), tout s’est bien passé.
Les Lofoten, c’est maintenant une destination touristique à la mode en Norvège, autant en bateau que par tout autre moyen de transport. Le « mur des Lofoten », est une grande chaine de montagnes abruptes qui barre l’océan sur la route du Nord. Chaine perméable puisque composée de 5 grandes îles séparées par des fjords étroits, et d’une miriade de petites îles et îlots. Une de ses autres caractéristiques : depuis toujours c’est une région où l’on pêche la morue qui vient du Nord en hiver, et que l’on laisse sécher en pein air jusqu’en juin.
Dès l’arrivée dans le petit port de Reine, on comprend :
j’ai compté 4000 morues pour 50 m de séchoir ! Dans chaque village des dizaines et des dizaines de séchoirs ! Des millions (?) de morues pendues ! Eeeet… l’odeur qui va avec ! Très forte, entêtante, c’est en cette saison un des traits de caractère de Lofoten. On s’y fait…
Et nous avons pu faire découvrir à nos hôtes ce mode de vie particulier de voilier, marin, nomade, de mouillage enchanteur en petit port pittoresque, avec découverte de la vie sauvage : le pygargue houspillé par le grand corbeau et la corneille mantelée, la parade du tétras lyre sur sa place de chant, la rencontre en mer avec 2 splendides plongeons à bec blanc,
les sternes arctiques, la morue au bout de la ligne, ça c’est pour le repas du soir, ou les moules ramassées à marée basse.
Et, même si le beau temps est « occasionnel » et frais, voire très frais, de belles récompenses égayent les journées.
Ballades à terre, ou en bateau pour découvrir certains fjords inaccessibles : le célèbre Trollfjord (attention chute de pierres).
Les amis repartis, nous continuons encore un peu sur les Lofoten. A Henningsvaer où nous nous amarrons à un vieux quai en bois,
nous découvrons les peintures murales d’un artiste norvégien, Pobel, qui en a réalisé dans différents coins des Lofoten, une à l’entrée du port,
une autre sur la petite ile de Gimsoy, où nous avons débarqué les vélos pour la chercher dans la campagne. Cela faisait partie d’un projet réalisé avec un autre artiste, sur des maisons abandonnées.
Malheureusement, la plupart ayant été peintes sur les bardages en bois de ces vieilles maisons, elles n’ont pas résisté au climat arctique !
Nous sommes passés plus au nord, dans le Vesteralen, avec… des montagnes magnifiques ! Et des macareux ! Et du mauvais temps :
Bon, on se réfugie dans le gros port de pêche de Myre, amarré au ponton des pêcheurs, ce qui nous permet de détailler leur matériel. Actuellement, nous dit l’un d’eux, ils sont occupés par la pêche au flétan (halibut), en posant de longues lignes par grand fond.
Les paysages sont dominés par d’abruptes montagnes (500 à 800 m) sur une côte très découpée, où se nichent de petits ports, avec un habitat très diffus. Les montagnes sont désertes, seule la côte est utilisée.
Les norvégiens sont un peuple marin, ils construisent près de l’eau, en partie sur pilotis souvent, ils ont tous un bateau, même très petit pour aller à la pêche, ou sur les îles où ils ont une maison. Et aux touristes ils proposent des activités en bateau, des sorties pêche ou « safaris » oiseaux marins et aigle pêcheur (le pygargue) !
Le reste en photos sur le deuxième album de Norvège (onglé photos).
Le 13 mai, à 13h25, Nocciolino et nous passons le cercle polaire arctique. Sur l’ilot de Vikingen, un monument marque le paysage.
Latitude 66° 32 minutes. Enfin… En fait c’est plus compliqué que ça, le fameux cercle n’est jamais à la même place. Je cite le blog de Balthazar (nous avons croisé ce bateau et son sympathique capitaine l’année dernière à Stornoway) – Balthazar :
Tiens au détour de notre route qui se poursuit toujours entre des îles surgit, sur un îlot désolé, une grande mappemonde en cercles d’aciers figurant la terre, ses parallèles, ses méridiens et son axe Nord, Sud de rotation incliné. Un parallèle épais représente le cercle polaire arctique que nous franchissons maintenant par 66°34’.
Féru d’astrophysique et de l’observation du ciel, Bertrand, aidé par un petit livre de cosmographie qu’il a donné à la bibliothèque du bord, nous rappelle que se faire photographier en franchissant le cercle polaire n’est pas une opération à la portée de tout le monde. Aussi il nous fait une piqûre de rappel :
– nous savons que la terre tourne comme une toupie dont l’axe de rotation tourne lentement (en 25700 ans) en décrivant un cône de révolution de demi angle au sommet égal à l’obliquité de l’écliptique soit actuellement 23°26’ (l’obliquité de l’écliptique est l’angle d’inclinaison de l’équateur terrestre par rapport au plan de l’écliptique, plan de la trajectoire décrite par la Terre autour du Soleil). C’est ce que l’on appelle la précession des équinoxes.
– or l’obliquité de l’écliptique décroît d’environ 1’ par siècle ce qui veut dire qu’il faudrait déplacer le monument que nous doublons de 1852m ou un mille chaque siècle
– mais, ce serait trop simple, l’axe de rotation de la terre perturbée par la lune, décrit des festons autour de la position moyenne ; c’est ce qu’on appelle la nutation de l’axe de la Terre). Une des conséquences est que le cercle polaire oscille de 284m à la surface terrestre.
Nous concluons de tout cela que pour arroser ce franchissement à coup sûr il nous faut osciller largement ! C’est ce que nous faisons après avoir significativement dépassé le monument dont nous ignorons la date d’érection.
N’ayant pu débarquer sur ledit ilot, nous l’avons fait sur l’ile suivante, pour immortaliser par une photo le passage du cercle, marqué par une corde tendue dans le paysage.
Et nous avons constaté la nette différence de climat d’un coté et de l’autre de ce cercle, c’est stupéfiant !
Lundi 21
Coincés par le mauvais temps, vents forts, pluie et froid, depuis 2 jours. Oh, on est pas malheureux ! Le bateau est dans une petite pièce d’eau entourée d’îlots charmants, contre l’île de Soeranoeya, amarré à un vieux ponton de bois, débouchant d’une grosse bâtisse en bois (peinte en rouge), anciennement un resto, plus anciennement encore un centre de traitement de la morue, en témoigne le grand séchoir en plein air juste à côté.
Le ponton est pourvu d’eau et d’électricité, comme cela nous nous chauffons au petit radiateur d’appoint du bateau. Et ici c’est du renouvelable, à 90 % hydroélectrique.
L’amarrage doit être bien réalisé, comme le prévoyait la météo le vent souffle à 20 – 30 nœuds, et l’anémomètre a mesuré des rafales à 56 N (100 km/h). Le ponton n’est pas équipé de taquets d’amarrage solidement fixés mais de sortes de rampes en bois, clouées ou vissées… On a doublé les points d’ancrage en les répartissant pour diviser la traction, et ça a tenu.
La maison rouge abrite des sanitaires, chauffés (!), mais pas de douche. On se sert de celle du bateau, très exiguë. On passe le temps en lisant, tricotant, tapotant le clavier (4G permanente), mangeant, dormant etc, tout en surveillant les phoques qui viennent chasser par là, et les hirondelles rustiques qui ont élu domicile dans l’ancien resto, et qui, elles, sortent même par mauvais temps.
Sinon, on a vu personne.
Quelques jours plus tôt, nous étions au pied d’un des plus grands glaciers d’Europe, le Svartisen, dont une langue vient quasiment lécher la mer au fond du Holandsfjord, accessible uniquement par le mer.
Une petite rando sous le soleil nous a permis d’aller toucher la glace et de se promener sur l’extraordinaire plancher rocheux du glacier, qui comme tous, recule sous l’effet du réchauffement.
Amusant : le temps que nous sommes restés à ce ponton, 2 navires de croisière « de luxe » vers les mers glacées – Spitzberg – ont débarqué leur clients pour une visite du site.
… Panne du pilote automatique ! Sans doute due à la défaillance du capteur d’angle de barre, en tous cas on l’espère, car ce serait une pièce pas trop chère à remplacer. En attendant de rejoindre la ville de Bodo où on pourra réparer, nous tenons la barre en faisant de plus petites étapes, entre les îles très montagneuses, offrant des paysages impressionnants, et d’autres plus plates et plus douces.
Sur l’île de Fugloey, illustration de l’importance de la morue dans la vie locale.
Les poissons sèchent en plein air, mais on ne sait pas encore comment ils consomment ce truc !
Sur celle de Soervaeret, archipel de Fleinvaer, une architecture renouvelée !
Même si on monte « un peu vite », on lambine et on profite. Quand on voit sur la carte des « choses » comme ça
on fait le détour. On sélectionne par ailleurs sur nos guides les endroits particuliers où s’arrêter.
L’archipel de Hyvaer fait partie d’un ensemble plus grand d’îles (6500 îles, ilots et brisants sur environ 30 km de diamètre). Ce périmètre est un site Unesco, classé pour ses paysages particuliers (mélange unique de sommets acérés – 793 m sur Vega et 432 m sur Seula – et des myriades d’îles très basses), pour sa géologie, pour ses populations d’oiseaux et pour le mode de vie des îliens.
L’archipel de Hyvaer, comme un certain nombre d’autres sur cette côte, ressemble à… une espèce de lapiaz géant inondé, de sorte que n’émergent que les parties somitales rabotées par l’érosion.
Les îles et ilots font quelques mètres d’altitude, et hébergent entre autres l’eider à duvet.
Sur Hysvaeroyan, nous avons rencontré Albert, qui passe toute la belle saison sur son îlot, et comme les autres, attire les femelles eider pour récupérer un peu de duvet. Des petits abris sont construits et garnis d’algues séchées, pour les inciter à venir nicher. Il en a 120, si ma mémoire est bonne.
Parfois il dépose dans le nid un faux œuf.
Puis la cane s’installe, et prélève du duvet de son ventre pour garnir le nid. En fin de nidification, les poussins vont à l’eau et les îliens récupèrent le duvet, le nettoient minutieusement et le vendent ou s’en servent pour eux. Albert nous a fait entrer dans sa maison et montré sa couette, faite d’1,2 kg de duvet provenant de 72 nids. A la vente une couette comme la sienne vaudrait de l’ordre de 5000 €. Le duvet d’eider est le plus chaud de tous . Albert ne le vend pas mais tout est donné aux membres de sa famille (lesquels participent au nettoyage du duvet, pendant l’été), chaque jeune recevant à un age donné, une couette qu’il gardera toute sa vie.
En fait, nous passons au moment le plus critique pour cet « élevage », car c’est maintenant que les femelles se décident à regagner les huttes pour pondre. Et donc aucun dérangement n’est toléré par les iliens, bref pas de ballade à terre ! Pas grave, on a bien discuté avec le très sympathique Albert, et le lendemain il nous aide à démarrer du ponton, contre lequel le vent nous pousse.
(il a entre autres évoqué le changement climatique, et la fonte des pôles entrainant une montée des eaux suffisante pour noyer ces îles basses…)
Le lendemain nous abordons l’île déserte de Hjartoey (ne nous demandez pas comment ça se prononce). Mouillage difficile après plus de 10 essais, finalement on trouve un fond qui accroche… quasiment dans la passe d’entrée de la crique ! Ballade à terre, dans un paysage magnifique avec en fond les sommets des Seven sisters, sous le soleil du soir, lequel dure très longtemps maintenant.
Nous découvrons une aire de pygargue à queue blanche, avec un adulte qui couve, des lagopèdes des saules – le mâle émet des cris d’un ridicule inégalé – des pluviers dorés ; les courlis chantent, le chevreuil gambade, le traquet motteux sautille, la bécasse croûle, les harles huppés nagent la tête sous l’eau pour chercher des poissons…
Le lendemain changement d’ambiance, retour de la pluie et du frais, après plusieurs jours de grand beau et presque chaud. On a pas bougé de la journée, à la douce chaleur du poêle. Une sortie sur l’île m’a quand même permis de photographier le mâle lagopède, d’un peu loin, mais l’ambiance y est. Cet oiseau est sédentaire, et l’hiver son plumage est entièrement blanc. Là il est est plumage d’été, mais quand il vole les ailes sont toute blanches.
Ah ! il faut ajouter que par contraste avec l’Écosse, nous déplorons très vivement l’absence de phoques, qui étaient présents presque à chaque mouillage. Les beaux paysages ne font pas tout ! Si quelqu’un pouvait faire quelque chose ?
Un petit article spécial navigation. C’est vrai qu’ici, c’est particulier, avec autant d’iles (200 000, qu’y disent), de cailloux, de hauts fonds, de dangers plus ou moins visibles… Et donc ce peuple de marins a bien équipé sa mer d’autant d’aides à la navigation, perches de fer (iron perch sur les cartes) fichées sur les cailloux, cairns construits sur le saillant d’une île, marques latérales de chenal, cardinales, marques de danger isolé, et une ribambelle de feux à secteurs et de phares pour la nav de nuit, en particulier pour les longs mois de la longue nuit d’hiver.
Les cartes semblent très justes, pas très étonnant, et depuis l’invention des carte électroniques et du GPS, tout devient facile. On prépare bien sa navigation avant de partir, tracée sur l’écran de l’ordi de bord, et le GPS positionne le bateau très précisément sur la position réelle. Il faut être vigilant dans les passages délicats, et tout va bien. Et c’est tant mieux car avec autant d’iles, la lecture de paysage est très difficile quand on ne connait pas le secteur, et se repérer rien qu’à l’œil est une gageure.
Quelques exemples pris sur les traces des derniers jours (notre trace apparaît en trait continu plus épais) :
Un gros avantage quand même, par rapport à la Bretagne, très peu de courants ici, ça facilite énormément les choses par rapport à d’autres régions.
Et là, ce n’est pas une balise mais le pygargue qui, depuis le sommet d’un îlot, veille sur son domaine.
Une traversée très paisible, par manque de vent… ! 15 à 20 nœuds prévus, 7 à 10 seulement, donc on a fait beaucoup de moteur. Avantage : mer calme ! Curiosité locale : on a traversé les champs d’exploitation pétrolière de la mer du Nord, en pleine nuit.
Arrivée la nuit suivante, un premier mouillage dans une toute petite crique fermée par un passage très étroit… on a pas touché le rocher, mais une fois dedans on a pas réussi à faire tenir l’ancre. Donc, sortie, et quelques milles plus Nord, un autre mouillage plus facile à prendre, au pied d’une grande falaise inquiétante, et repos. Voici donc la première image de la Norvège, au matin.
Et aussi, ceci :
On est en Norvège et en avril, il y a encore de la neige partout ! – du moins sur les monts un peu en retrait de la mer.
Puis on a rejoint la petite ville d’Ulsteinvik, où l’on a pu sortir le bateau pour un prix raisonnable. Donc petit chantier de nettoyage, bien crevant quand même, une couche de Méta, grace à une paire de jours ensoleillés, secs et par température correcte (8-10 °, on a pas pu négocier plus).
Voilà, bateau tout propre, qui va bien glisser sur l’eau !
Nous pouvons commencer la visite.
D’abord la petite ile de Runde, et ses colonies d’oiseaux. Bon, on est un peu tôt en saison, la nidification n’a pas encore vraiment commencé. Les pygargues à queue blanche, énormes aigles pêcheurs, sont bien visibles.
Puis la ville d’Alesund, et là on va carrément s’installer au centre ville au ponton le long d’un large canal entre 2 iles.
Ville jolie, reconstruite après un terrible incendie en 1904, style art moderne.
Et la Norvège c’est comment ? Ben pour ce qu’on en a vu, c’est montagneux, raide, des iles partout (200 000 au total!), donc on peut naviguer le long de la cote à l’abri de l’Atlantique ; l’urbanisation se fait presque exclusivement au bord de l’eau, on ne voit rien sur les montagnes. Les maisons sont souvent colorées, la dominante est un rouge foncé comme sur la photo
Les gens sont aimables mais bien moins chaleureux que les écossais qui ne peuvent pas se croiser sans échanger quelque propos aimable voire blagueur.
Pour ce qu’on en a vu. Mais la Norvège est immense !
On monte vers le Nord : Bodo fin mai soit 300 milles sans compter les zigzag entre les îles.