Archives de catégorie : 2021 2 Guyane et transat

Guyane dernière

Malgré le confinement, nous louons une voiture pour nous rendre à la pointe Nord-ouest de la Guyane, à l’embouchure du Maroni. Les villages des amérindiens Kali’na de Awala et Yalimapo sont connus pour leur plage où viennent se reproduire les tortues marines, et leurs habitants se sont ouvert au tourisme avec l’accueil et la vente d’artisanat. Malgré les routes inondées

nous avons le temps d’arpenter la plage le soir, et de trouver une tortue luth en train de recouvrir sa ponte. Émerveillement de pouvoir approcher de si près un animal sauvage !

Une tortue luth adulte peut atteindre 2 m et 400 kg, c’est la plus grande des tortues marines, et vient pondre sa centaine d’œufs à marée haute dans le sable sec, qu’elle creuse avec se nageoires.

Mais, si dans l’eau elle se déplace avec grâce, à terre c’est le calvaire, et elle est totalement vulnérable. La séquence vidéo se situe après qu’elle ait creusé un trou, pondu et rebouché le trou. Quelle idée d’avoir obligé cet animal à pondre dans un environnement qui ne lui convient pas du tout, à s’exposer ainsi à la rapacité de l’homme, qui lui prend ses œufs (elle n’est plus guère chassée directement, mais les chiens du village font aussi pas mal de dégâts sur les pontes) ? Les difficultés à se déplacer sur le sable mou font peine à voir et c’est avec soulagement que nous la voyons enfin rejoindre l’eau et disparaître. Plus tard dans la nuit, nous trouvons une tortue verte, plus petite que la luth mais quand même plus d’un mètre et 100 kg, venue pondre en haut de la plage, qui à cet endroit est réduite à presque rien par les mouvements naturels des bancs de limons amazoniens déposés par l’océan.

calebasse sculptée par les amérindiens

De retour à St Laurent, nous faisons un arrêt à la Charbonnière, sorte de gare piroguière très animée (malgré le confinement), départ des pirogues de fret pour le haut-Maroni et plaque tournante de divers trafics avec le Suriname, juste en face (Albina).

 

Et ce sont les derniers préparatifs pour la traversée vers Carriacou, 620 milles après un dernier mouillage dans une crique (rivière) proche de l’embouchure du Maroni.

mouillage sur le Maroni

La Guyane

Le 9 avril nous levons l’ancre pour joindre Kourou, à 10 milles des îles du Salut. Il y a une petite « marina » sur le fleuve à 1,5 mille de l’embouchure, mais pas de place pour les voiliers de passage. Nous jetons l’ancre pas trop loin du ponton.

Le courant est assez fort à cet endroit et le petit moteur de l’annexe peine pour le remonter. Nous restons juste quelques jours dans cette petite ville sans grand intérêt pour nous, qui vit surtout grâce au centre spatial, d’où partent les vols Ariane, cocoricoooo. Et si sur les îles nous avons pris quelques bonnes pluies, ici nous prenons des déluges ! Impressionnantes les quantités d’eau qu’il peut tomber, alors qu’au Cap vert on en manque tant !

Nous découvrons ici le « sport » national, enfin local : la détention en cage d’un petit passereau chanteur : la picolette

picolette ou pikolet ou Sporophile curio (Oryzoborus angolensis) ici dans une cage luxueuse… mais fermée

pour éventuellement participer à des concours de chant (de l’oiseau, pas du propriétaire).

Un concours nous n’en avons vu que dans la série télé « Guyane », mais partout ici on voit des cages garnies bien exposées à la vue, et à la moindre occasion les propriétaires sortent leur picolette pour qu’elle prenne l’air, et aussi pour se montrer avec, la cage posée sur le toit de la voiture à l’arrêt, quand ils ne les font pas suivre au boulot ! On en verra partout en Guyane, y compris chez les amérindiens, cela fait partie du paysage autant urbain que rural.

On ne peut pas faire notre entrée administrative à Kourou, comme prévu. Bon, le 12, nous reprenons la mer pour St Laurent du Maroni, une nuit de navigation pas très tranquille, entre l’orage et l’attention à porter aux pêcheurs. On doit naviguer un peu loin de la côte, une bonne dizaine de milles, à cause des hauts fonds et de possibles bancs de limons. L’approche de l’embouchure du fleuve Maroni doit être prudente et nous devons attendre quelques heures que la marée remonte assez pour entrer dans le chenal balisé.

A St Laurent, à 16 milles de l’embouchure, nous rejoignons une marina qui a installé des corps morts dans le fleuve, et où nous pourrons laisser le bateau en confiance pendant un périple à terre.

Le temps de s’organiser, de prendre les contacts, de réserver, de se faire vacciner (ici c’est facile et gratuit, 1ère dose de Pfizer), le 24 mai on prend l’avion pour Maripasoula, à près de 250 km de là vers l’intérieur (le trajet par le fleuve est compromis par le niveau très haut du Maroni et l’inondation de certains hébergement étape).

Air Guyane et ses petits avions de 17 places

Voici sur cette carte les différentes destination de ce périple

Maripasoula est un village à la limite du Parc amazonien de Guyane (parc national), et carrefour des populations noirs marrons (issus de la fuite des esclaves du Suriname) et en amont, amérindiens Wayanas. Mais il y a aussi des créoles (métis d’ esclaves affranchis guyanais et des rares colons français ayant survécus aux premières tentatives de colonisation ), des brésiliens, des haïtiens,des chinois, des Hmong, des métros (souvent en poste dans l’armée, la gendarmerie, les administrations)…

une pirogue de fret les grosses pirogues sont dotées de hors bords de plus de 100 cv

Juste en face, au Surinam, sont installés une succession sur pilotis de supermarchés, d’entrepôts divers où on peut tout acheter, dont le matériel pour l’orpaillage clandestin, de boites de nuit/bordels , tenus par des chinois.

Notre hébergeur, chez qui nous installons nos hamacs, est une vedette boni (les premiers noirs marrons à avoir fui le Suriname). Issu du dancehall (variante du reggae), il s’attache maintenant à faire connaître sa culture en mêlant un son moderne et les rythmes et danses traditionnels (Aléké et Awassa), très bien illustrées sur cette vidéo :

Nous parvenons grâce à Rickman à joindre Michel Aloïké un piroguier et guide amérindien, qui est de plus le chef coutumier du village de Taluen où nous voulons aller, 37 km en amont sur le fleuve.

Après avoir remonté le fleuve en pirogue, on nous fait installer dans un carbet

en attendant la fin de l’averse

puis nous visitons le village et ses alentours. Les villages amérindiens de l’intérieur sont peu ouverts au tourisme. Il faut d’ailleurs en principe une autorisation préfectorale pour s’y rendre Nous y sommes tolérés, à condition d’être sous l’invitation du chef coutumier, mais l’impression de ne pas être à notre place est assez forte : en fait il n’y a pas d’espace public, les familles ont leur maison et dépendances, assez espacées, sans espace délimité, et sauf autour du tukushipan, le carbet d’accueil et de cérémonie, flanqué de son terrain de volley,

on a toujours l’impression d’être chez quelqu’un, d’autant que souvent le carbet cuisine est ouvert à tous les vents.

Le chef nous a consacré un peu de temps pour nous guider et nous expliquer différents points de l’histoire du village, de la vie de ses habitants, de ses souhaits pour sa communauté. Il nous présente son ami qui réalise un « ciel de case »

à l’aide de pigments naturels, comme celui qui orne et protège le tukushipan

« Le ciel de case porte sur une multitude de mythes fondateurs Wayana. Il existe environ 25 représentations symboliques illustrées dessus, chacune d’entre elles représentant un mythe ou un conte, dont la transmission orale peut aller jusqu’à une heure : esprits de la Nature, animaux dangereux de la forêt et aquatiques que les Wayana ont réussi à maîtriser, grandes batailles… Le ciel de case a une fonction protectrice d’un côté, au sommet du Tukushipan, le carbet communautaire. De l’autre côté, il témoigne des différentes étapes de l’histoire du peuple. » (citation naturerights.com)

Taluen dispose d’un groupe scolaire conséquent (primaire seulement), d’un bureau de poste, d’un centre de soins. Différents service sociaux viennent tenir permanence de temps en temps. Par contre il n’y a aucun commerce (épicerie), il y a un chinois à 2 km de là sur la rive surinamienne, il faut prendre la pirogue.

le débarquadère du village de Taluen

Bien que cette courte incursion en territoire Wayana ait été très intéressante, nous en garderons une impression de malaise. Par ailleurs nous avons pu lire de nombreux articles sur le mal-être amérindien dans notre société moderne centrée sur la réussite, l’argent, l’ascenseur social… le taux de suicide chez les jeunes est spécialement élevé. L’ouverture au tourisme, à une dose raisonnable et bien menée, est une gageure, alors même que les amérindiens souffrent de leur perte progressive d’identité. Comment conserver leur liens profonds avec la nature quand ils sont tous liés au téléphone portable, au pétrole pour les moteurs des pirogues, débroussailleuses et quads, aux services sociaux aussi présents ici qu’en Lozère ?

Nous repartons après 24 h passées sur place et de Maripasoula nous reprenons l’avion pour Saül, au cœur du département. Ce village de 80 habitants, complètement isolé (ni piste ni route ni fleuve), est sorti de terre lors de la première ruée vers l’or, puis a connu le déclin dans le années 60, et actuellement les habitants s’opposent vigoureusement à toute reprise de cette activité. C’est maintenant une destination naturaliste reconnue pour la qualité de ses forêts, faisant partie du Parc amazonien, et dotée de différentes structures d’accueil.

les jardins luxuriants des carbets du bord, chez Dominique et Jean-Paul

C’est autour de Saül que nous avons fait le plus de balades en forêt, objet de l’article précédent. Mais c’est aussi dans les jardins autour des maisons que l’on voit le plus de faune, en particulier les colibris. Les habitants sont parfois de sacrés numéros, certains métros installés là depuis 30 ans, malgré l’isolement et le coût de la vie (ravitaillement onéreux en avion, et très peu de cultures locales). Les fêtes sont arrosées et baignent dans les décibels, en particulier chez le voisin Lulu, sacré numéro lui aussi ! Ça, et la circulation des quelques quads, font dire à certains que Saül est bruyant, maintenant !

Nous, on a trouvé du calme (surtout après Maripasoula, où la musique est bien plus forte!), enrichissant par les personnes rencontrées et agréable pour l’immersion facile dans la nature.

des sentiers bien aménagés et entretenus

Pour tout dire on a quand même souffert de la chaleur et de l’humidité lors des randonnées, en bottes, et parfois sous la cape de pluie !

tout près de Saül, le fromager élu arbre national de l’année 2015

Allez encore un coup de coucou pour Cayenne, la capitale

l’aéroport de Saül

où nous ne restons que la journée, le temps de revoir cette ville qui ne manque pas de charme, et de faire quelques achats souvenirs.

Cayenne

Nous avons contacté notre ami naturaliste Philippe Gaucher, qui va nous guider dans certains endroits de la montagne de Kaw au Sud-est et nous aide à trouver des hébergements, ce qui dans cette période (covid, peu de tourisme) n’est pas facile.

Philippe nous a fait découvrir une grotte à coq de roche, un oiseau emblématique de la forêt, qui y niche en compagnie de chauve souris et autres araignées cavernicoles

Un coq de roche (Rupicola rupicola) nous avons fini par en apercevoir un. Les mâles de ces oiseaux du sous-bois sont très colorés, contrairement aux autres espèces de ces milieux, et paradent dans certains endroits recevant les rayons du soleil.

coq de roche mâle

Une petite visite au marais de Kaw

une rencontre avec l’une des grenouilles colorées du sous bois

un dendrobate

et nous sommes de retour au bateau à St Laurent, à temps pour stopper la moisissure qui s’installe ça et là, par défaut d’aération suffisante.

Puis c’est l’annonce du reconfinement covid à partir du 14 mai ! Pour nous c’est l’abandon de projets de visites autour de St Laurent, en particulier sur la côte pour assister à la ponte des tortues. Nous pouvons nous déplacer en bateau (à priori) et l’avons testé en remontant le Maroni sans que les gendarmes, très actifs sur le plan d’eau pour repousser toutes les pirogues qui passent sans arrêt du Suriname en France, ne nous disent rien. A terre nous sommes bloqués sauf achats.

Mais de toutes façons la saison avance et nous prenons nos dispositions pour remonter vers Grenade et les Grenadines, pour sortir le bateau de l’eau sur un chantier à Carriacou, pour donner un coup sur la coque (Carriacou appartient à l’État de Grenade, tout en faisant partie de l’archipel des Grenadines. L’autre état des Grenadines, au Nord, se nomme « St Vincent et les Grenadines »)

Balades en forêt amazonienne

Le département est couvert à 80 % de forêt tropicale humide, non perturbée pour l’essentiel. Pas « primaire » car les amérindiens l’ont toujours pratiquée et utilisée, mais à très faible degré. Actuellement il n’y a quasiment aucune route à l’intérieur du département, la population se concentre sur le littoral et un peu le long des fleuves, avec la pirogue comme seul moyen de déplacement. Et effectivement ce qui est frappant quand on se déplace en avion à basse altitude (sur les lignes intérieures), c’est la continuité du manteau forestier : immense, à perte de vue, et quand on sait qu’il s’étend au delà de nos frontières, on se sent petit.

le couvert forestier évoque le brocoli

Quasiment pas de trouée, sauf le long des fleuves où l’on découvre des défrichements à but agricole (les abattis) ou des chantiers d’orpaillage (autorisés ou clandestins)

chantier d’orpaillage

Cette continuité a un autre effet : quand on est en forêt, on ne voit rien d’autre, les points de vue sont très rares, ils doivent combiner un relief particulier et une trouée due à un chablis (= chute d’un ou plusieurs arbres, créant une clairière)

On peut aussi voir la forêt par le fleuve, mais sauf implantation humaine, on a en face de nous un mur végétal, pas vraiment accueillant !

Pour entrer dans la forêt, on emprunte des sentiers tracés et entretenus, et hormis sur la seule largeur de ce sentier, on peut se sentir en forêt « vierge », ce qui n’est jamais le cas en Europe occidentale. Et l’abondance végétale combinée à notre connaissance de la situation fait qu’on se sent petite fourmi !

Cette abondance végétale est d’ailleurs très bien répartie sur la hauteur, la canopée avec des grands arbres de différentes hauteurs captant une bonne partie de la lumière, puis les arbres secondaires et les jeunes arbres qui cherchent à faire leur place captent leur part, plus bas les arbustes, arbrisseaux et les jeunes pousses se disputent le reste, au final il n’y a que 2 % de la lumière qui arrive au sol ! Et le sous bois est de ce fait très peu dense, rien à voir avec par exemple avec un sous bois dense et impénétrable de buis sous pinède !

On sait pas les présentations que la forêt de Guyane recèle une biodiversité extraordinaire : pour les arbres forestiers plus de 1000 espèces, contre environ 35 en métropole (en ne comptant que les autochtones). On peut trouver potentiellement jusqu’à 200 espèces différentes sur un hectare, contre une dizaine chez nous en forêt riche. Mais c’est une donnée difficile à appréhender. On ne voit que le pied des arbres, avec des enracinements particuliers, des écorces reconnaissables, parfois leurs fruits à terre, ou leurs feuilles, mais il manque les fleurs, l’époque de floraison pour pouvoir les reconnaître.

Les fruits et graines trouvées à terre :

On se contente donc d’admirer, de s’immerger, de ressentir. Certains arbres sont énormes (1 à 1,50 m de diamètre), montent très haut (50 à 60 m), tout droit. Les photos d’arbres sont difficiles à réaliser. Une petite vidéo est plus parlante !

Il y a aussi les lianes, qui s’enroulent, montent, descendent, enchevêtrent, étranglent !

Et les épiphytes, plantes qui poussent sur les autres, mais surtout dans la canopée (dont un certain nombre d’orchidées). On ne les voit que très peu, sauf sur des arbre isolés.
Tout ça vit et meurt à un rythme assez rapide : dès que les arbres atteignent une certaine dimension, ce qui sous ce climat chaud et humide vient assez vite, les termites

une termitière

et les champignons les colonisent, les affaiblissent, et à l’occasion d’une bonne pluie qui surcharge considérablement leur feuillage, un coup de vent les déséquilibre et fait tomber les grosses branches, ou l’arbre entier, entraînant parfois les voisins liés par des lianes traîtresses ! C’est le phénomène de chablis, qui crée ainsi une clairière dans laquelle la lumière permet aux plantules et jeunes pousses de se précipiter vers les cimes, avec l’abri latéral des autres arbres. La forêt se régénère ainsi, à un rythme moyen de 1 % de la surface par an.

en fait les sols sont peu profonds, et souvent gorgés d’eau, ce qui ne favorise pas un enracinement très costaud
gros tronc de chablis, la végétation reprend le dessus
clairière due à un chablis

Ces chutes de tout ou partie d’arbres sont d’ailleurs un des principaux dangers en forêt. Lors de nos sorties nous en avons entendu plusieurs fois, de ces gros craquements inquiétants ! Et quand un chablis impacte un sentier, il faut parfois faire un bon détour, au risque de se perdre (2ème risque important en forêt!).

Et à part les arbres, que voit-on ? Et bien malgré cette soit-disant biodiversité extraordinaire, on ne voit presque aucun animal. On entend les oiseaux, tout là haut, bien cachés par les milliards de feuilles, on entend des grenouilles, sans les voir, en tout cas si elles ne sautent pas devant nos pieds !

tiens tu la vois, là ?

Au niveau du sol, tout est camouflé, et sauf pour certains papillons, les couleurs vives sont réservées aux cimes !
Nous avons quand même eu la chance de tomber sur un groupe d’atèles, singes de taille moyenne vus aux jumelles, sur un groupe de hurleurs de Guyane, juste au dessus de nos têtes, un des singes les plus démonstratifs par leurs hurlement sinistres, et sur des saïmiris, petits singes aux mains jaune d’or.

Hurleur de Guyane

Les animaux les plus nombreux de la forêt sont les fourmis et les termites, sans compter les guêpes, mouches moustiques et divers trucs qui peuvent te piquer, mordre, sucer, parasiter, faire sortir des boutons, plaques rouges, infections, maladies… Mais on a survécu !

Ces étonnantes fourmis-manioc découpent des feuilles et les transportent parfois de très loin, en créant de véritables routes, pour alimenter leurs champignonnières, dont elles se nourrissent.
Pas vu de serpent* ni de mygale ni de jaguar, mais nos incursions dans la forêt ont été très courtes, on aurait encore tant à découvrir !

*Si ! ce magnifique Philodryas viridissima surpris à traverser la piste alors qu’il devrait être dans les branchages, bien camouflé dans les feuilles vertes ! (merci à l’ami Philippe Gaucher pour l’identification !)

La Transat !

Nous dirons peu de choses de Santiago, la dernière île du Cap vert visitée. Nous avons pu y retrouver Guillaume, un copain lozérien établi à Praia, la capitale, et venu nous voir à notre mouillage à Tarafal.

Nous avons aussi rencontré ici Jone et Sandro qui nous ont aidés pour faire le plein d’eau et nous ont amenés à Praia faire les formalités de sortie. Du coup on a traversé l’île pour nous rendre compte qu’elle était, comme les autres, digne d’intérêt par ses paysages assez montagneux, ses villages, ses côtes… mais nous avons vraiment envie de changer, maintenant !
Donc après force avitaillement en vivres et en eau, nous levons l’ancre le 23 mars direction la Guyane. La météo annonce des alizés de l’ordre de 20 nœuds, et c’est ce que nous aurons tout le long, sans trop de variations, pas de grains importants avec coup de vent en pleine nuit, pas de mauvaise rencontre (très peu de bateaux sur cet océan…) pas de bonne non plus (baleines dauphins) par contre presque tout le long des sargasses en plaques ou en longues traînées

une algue brune dont certaines espèces sont exclusivement flottantes

On a quand même trouvé ça un peu long car la mer, une fois de plus (!) était pénible, genre il faut se cramponner tout le temps !
En approchant des côtes, bonne surprise, le courant des Guyanes qui vient de l’Amazonie nous pousse vers notre destination et les dernières 15 heures nous voguons à une vitesse de 6,5, puis 7, puis 8 nœuds alors que notre moyenne aura été de 5,5 pendant toute la traversée ! Ce qui nous a permis d’aborder les îles du Salut vers 15 h plutôt qu’à la nuit comme calculé.

les îles du Salut

Au final 1889 milles parcourus en 14 jours et quelques heures, pour découvrir 3 îles couvertes de cocotiers, nous jetons d’ailleurs l’ancre dans la baie des cocotiers sur l’île royale, qui rappelons le, a servi de bagne à la France entre 1852 et 1946. Ses vestiges, plus ou moins entretenus, se visitent, tous les jours plusieurs bateaux viennent de Kourou. Dans certaines parties (notamment sur l’île St Joseph) la forêt est en train de recouvrir les vestiges

et la visite de ces lieux de souffrance fait forte l’impression.

l’île du diable, sur laquelle étaient isolés les prisonniers politiques, comme Dreyfus

Mais ces îles ne sont séparées de la côte que de quelques kilomètres donc on y trouve une partie de la faune et de la flore de Guyane, à notre grand plaisir !

un agouti, gros rongeur très répandu ici
jeune singe capucin