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De Sao Nicolau à Mindelo

Après une escale au mouillage près du tout petit village de pêcheurs de Carriçal, nous joignons Tarrafal, seul port de Sao Nicolau et plus grosse ville de l’île. Un gros village, en fait. Le port n’est qu’un quai pour un seul bateau de commerce ou le ferry, et un petit quai pour les pêcheurs, protégé par un petit môle. Tous les bateaux, barques des pêcheurs comme les voiliers, sont au mouillage le long de la grande plage. Et tous les voiliers copains sont là !

un petit caboteur apporte différentes marchandises qui seront livrées dans les villages par les pick-up

Comme à Palmeira, le poisson frais est traité directement sur le quai

les thons, bonites, coryphènes… sont pêchés à la ligne.

mais en plus ici, il y a une conserverie réputée, qui traite essentiellement du thon.

Avec ses 1300 m d’altitude, l’île a son coté aride et son coté humide, lequel permet de nombreuses cultures, surtout vivrières : haricots et pois, courges, manioc, maïs, une peu de canne à sucre, de tabac ou de café, et papayes, bananes et avocats… une sorte de permaculture pratiquée depuis toujours, tout à la main, avec des ânes pour le transport.

on croit que tout est en friche ! La couverture végétale maintient l’humidité du sol.
Le maïs une fois récolté sert de tuteur aux haricots.

Nous restons assez longtemps à Tarrafal pour prendre nos repères, reconnaître les gens et être reconnus, comme acheteurs de poissons ou autre service,

juste avant Noël, la queue pour se procurer des œufs chez le chinois, pour les pâtisseries

chaque fois qu’on va en ville, les gamins s’imposent gardiens d’annexes, pour quelques pièces. Mais on préfère leur laisser de la nourriture achetée pour l’occasion
il y très souvent une queue devant la banque

Quelques randonnées nous font aussi découvrir l’intérieur

un itinéraire particulièrement scabreux, mais… entièrement pavé !

Peu après le départ sur l’une d’elles, un coup de fil des copains nous apprend que sous l’effet des rafales (à Tarafal …) Nocciolino s’est fait la belle et partait vers le Brésil !!! Heureusement Aline et Marc, aidés de Thierry, l’ont vu à temps et ils ont bien réagit, et quand on s’est rapatrié une heure plus tard, tout était revenu en ordre. Après avoir sécurisé le mouillage, en rajoutant 30 ou 40 m de câblot aux 50 m de chaîne, on a « fêté » ça au resto ! Mais la nuit tombée, de nouvelles et fortes rafales (40 nœuds) nous ont fait de nouveau décrocher ! (la raison supposée : une trop fine couche de sable…? et là, même la longueur du mouillage n’y fait rien). Cette fois on a re-mouillé dans un autre coin, d’ailleurs plus près du port.

Nous quittons Tarrafal le matin du 24 décembre, pour longer les îlots de Razo et Branco, et joindre l’île inhabitée de Santa Luzia. Razo est connue pour ses colonies d’oiseaux, mais c’est l’hiver et les fous bruns ainsi que les paille-en-queue (grand phaéton) sont peu nombreux. Santa Luzia n’est fréquentée que par les pêcheurs de passage, qui viennent y bivouaquer, et par les voiliers. Mais toute notre bande et partie à Mindelo fêter Noël, et quand nous arrivons en fin d’aprème il n’y en a qu’un, qui repartira le lendemain matin, laissant l’immense plage à notre disposition.

Très très tranquille, ce mouillage. Et pour le soir de Noël nous avons mangé une carangue pêchée quelques heures plus tôt !

Puis cap sur la ville : Mindelo, sur l’île de Sao Vicente. La grosse ville (70 000 hab), avec la seule marina du Cap Vert, et souvent une étape sur la route des Antilles ; il y règne donc une atmosphère de voyage, de derniers préparatifs, de réparations de dernière minute, de discussions sur la météo, tout ça assez festif. Nous retrouvons les amis du début du mois, mais au fur à mesure des arrivées s’y joignent de nouveaux équipages.

La marina est au centre ville, qui est en général assez animé. Il y a un grand marché au poisson, autour duquel se presse une foule compacte le matin, au moment du retour des barques de pêcheurs.

mais on peut aussi acheter le poisson dans la rue. Le thon découpé : 5 €/kg, la bonite entière 2 €/kg – la monnaie locale c’est l’escudo, qui vaut à peu près 1 centime.

Il y a aussi 2 marchés couverts pour les fruits et légumes, qui, nous a-t-on dit, viennent quasiment tous de Santo Antau, l’île voisine beaucoup plus humide. Et parallèlement aux marchés, ces produits se retrouvent à la vente dans la rue par de tous petits détaillants.

Il y a quelques bars où les musiciens se retrouvent pour des jams auxquelles peuvent se joindre Marc et sa trompette, qui nous a ainsi ouvert les portes pour rencontrer les cap-verdiens.

C’est d’ailleurs là que nous avons passé une partie de la nuit du 31 décembre, jusqu’à la fermeture covid à minuit. Nous avons fini en fête improvisée entre les équipages français sur le ponton-bar de la marina.

 

Le Cap Vert

Et ça y est ! On a passé le Tropique du Cancer, et dans ses alentours les 19 000 milles depuis le départ ! (35 200 km). Ouais…, un peu fiers quand même ! 6 jours et demi, du vent tout le temps, essentiellement de travers, mais une mer croisée peu confortable, sauf durant 48 heures au milieu. On en a profité pour monter le régulateur d’allure, qui actionne la barre avec l’énergie de l’eau, car le pilote électrique consomme pas mal surtout dans une mer formée ; et comme on fait une route presque Sud, pendant la partie de la journée la plus ensoleillée, les panneaux sont à l’ombre de la voile, on n’arrive pas à recharger les batteries, c’est malin !

Pendant cette accalmie, une troupe d’une vingtaine de Stenos rostrés, de la famille des dauphins, vient jouer avec nous ! Spectacle assuré à l’étrave !

Puis le vent s’est remis à souffler, la mer à gronder, et la navigation à redevenir assez inconfortable ; Au petit matin du dernier jour, on a évité de justesse un petit cargo dont on croisait la route ; nous avait-il vu ? Si l’on n’avait pas fait une manœuvre ça aurait été chaud !

A l’approche de Sal on avait du 25-30 nœuds derrière, un petit bout de génois nous poussait à 6 nœuds. Puis on est petit à petit passés sous le vent de l’île, jusqu’au mouillage complètement protégé dans la baie de Modeira, ancre mouillée à 2h 45 du matin, vendredi 27 octobre ; le petit coup de prune habituel à l’arrivée de chaque traversée (et une pensée reconnaissante pour Bertrand!) et au lit !

772 milles au compteur, tout s’est bien passé, pas de casse pas de blessure (quand la mer est forte, le plus gros risque si l’on ne va pas sur le pont, s’est de se faire mal en se déplaçant à l’intérieur), aucun poisson pêché, alors que tous les autres n’ont pas arrêté : daurades coryphènes, bonites… là on est vraiment pas bons !!!

Dans la matinée, on se déplace pour mouiller dans le petit port de Palmeira, le seul de l’île.

Il faut faire les formalités administratives d’entrée, et le contrôle sanitaire, qui s’est résumé à la prise de température et au contrôle du test covid effectué aux Canaries. On a eu de la chance, en 2 heures c’était plié ! Ceux qui arrivent sans test peuvent attendre 4 jours le résultat, et s’il y a le WE au milieu…

Enfin, voilà, on est en Afrique (à la latitude de Dakar à peu près), contraste saisissant avec les Canaries, où l’on et toujours en Europe, à tous points de vue. Ici les gens sont quasi tous noirs, avec beaucoup de métissage, il y a aussi des immigrés d’Afrique de l’Ouest. Les vêtements, les coiffures, la nonchalance (« no stress » semble être devenue la devise du Cap Vert) font penser à l’Afrique.

Le pays est visiblement pauvre, et c’est sans doute plus marqué sur Sal, une île plate sans eau (il y a une usine de désalinisation), donc sans cultures. Routes non goudronnées, tout le monde n’a pas de moyen de locomotion, déplacements à pied ou avec des taxi-brousse, petits fourgons qui ne partent que quand 14 passagers se sont tassés dedans. Mais les gens sont très gentils et souriants, prêts à rendre service. De plus beaucoup parlent français ; heureusement car nous et le portugais ou le créole local…!

La pêche avec de petites barques est d’autant plus importante que l’agriculture est indigente. Tous les matins les pêcheurs débarquent leurs prises sur le quai et trient, préparent et vendent directement aux particuliers, aux restaurateurs, et une partie part dans le reste de l’île.

Covid oblige, il n’y a quasiment pas de touristes, à part ceux qui viennent en voilier. Nous sommes une douzaine de bateaux au mouillage à l’abri du môle, dont beaucoup d’équipages français. Ambiance super sympa, on se retrouve souvent dans les bars ou petits restos bon marché (3,50 € le plat du jour !) à échanger expériences et infos pour la suite du voyage. Et on fait marcher le commerce local, qui tire un peu la langue.

L’île est toute petite, 20 x 10 km environ, plate sauf quelques anciens petits volcans ; ambiance savane,

C’est désertique mais… les petits points noirs sont des vaches !

avec faune adaptée : pour les oiseaux : sirli du désert, courvite isabelle, moinelette à front blanc, ammomane élégante, pour le plaisir de nos yeux, enfin des espèces originales ! Au port, pas de goélands quand les petits pêcheurs rentrent et préparent le poisson sur le quai, mais des aigrettes des récifs ou garzette. Un couple de balbuzards pêcheurs circule par là, se perchant même à la cime d’un mât !

Le sel a fait en son temps la richesse de l’île. Il reste 2 salines dont une très originale dans un cratère, dont le fond est sous le niveau de la mer.

L’exploitation continue mais ça n’a pas l’air très intensif, peut être parce que c’est l’hiver ?

Hiver… façon de parler ! Température quasi constante autour de 23 – 25 °C, l’alizé souffle en permanence pour empêcher le soleil de chauffer trop fort dans la journée.

Voilà pour la première île. Ce soir nous partons vers l’Ouest pour Sao Nicolau, avant un coup de mauvaise mer qui descend du Nord. Le plein d’eau avec Jai, et on est parés.

 

Départ pour le Cap Vert !

Départ imminent pour le Cap Vert. Et oui, après avoir tourné en rond un bon moment sur les iles de l’ouest de l’archipel, après un retour avorté de Babeth en France, vu la mise en place dans ce pays du couvre feu puis du reconfinement, et vu que les frontières du cap vert sont ouvertes, on y va.

Evidemment c’est au dernier moment qu’on veut mettre le blog à jour, donc c’est fait mais mal fait…

Traversée de 760 milles, météo nous annonçant des vents plutot faibles sur une partie du trajet, l’alizé n’est pas encore bien établi; ça devrait nous prendre 6 à 8 jours. Les derniers préparatifs, dont la récupération du test Covid, et on largue les amarres.

à plus tard !