Archives de catégorie : 2017 Ecosse

De tout, en vrac

Shiant Islands

8 aout. Le bateau est arrêté devant ces grandes falaises de basalte, qui de loin, semblaient très habitées. Mais, si au sommet des falaises les pentes herbues sont encore pleines de macareux,

des macareux comme s'il en pleuvait
des macareux comme s’il en pleuvait

en fait les colonies de guillemots sont vides. La saison de reproduction est terminée. Ah, non, il reste un groupe d’une vingtaine d’oiseaux sur une vire, tous seuls dans la grande muraille, en grande partie blanchie de déjections. Tout à coup, ça crie : un goéland marin essaie de se poser sur la vire, mais les guillemots crient et s’agitent, le géant repart. Mais revient deux minutes plus tard : posé sur le rebord, il progresse en battant de ses ailes écartées (1,70 m d’envergure quand même!) et réussit à se fayer un chemin au milieu des guillemots, et à s’emparer d’un poussin ! Puis s’envole prestement, sa proie au bec, et se pose à un ou deux mètres du groupe, pour la tuer et l’avaler tout rond. La scène n’a duré que quelques secondes, sous nos yeux ébahis. Les guillemots ne bougent guère, toujours en groupe compact, et s’ils regardent en direction du goéland tout proche, cela ne gêne pas celui-ci, il commence tranquillement sa digestion.

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Les Shiants sont un petit archipel volcanique près de la cote Est des Hébrides extérieures. Des orgues basaltiques géantes qui jaillissent de la mer, et de grosses colonies d’oiseaux de mer.

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Fous de Bassan

24 aout. Westray, une des îles des Orkneys, au nord de l’Écosse – Pointe de Noop Head. Encore un gros site pour les oiseaux de mer, avec en plus une colonie de fous de Bassan récemment installée. Les iles des Orkneys sont le plus souvent très peu élevées, mais par endroits se terminent par une brusque cassure sur la mer, avec une falaise de 50 à 100 m. Et là, près du phare, les fous sont encore présents, avec un certain nombre de poussins encore en duvet. Et pour une fois on peut les observer du haut des falaises – ne t’approches pas, crie Babeth , en retrait prudent de 52 m car elle a le vertige. Mais c’est si extraordinaire, ces fous à 20 m sous mes yeux !

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Heritage center.

L’habitat est très dispersé, mais il y a toujours une petite concentration autour de : quai du ferry, épicerie, post office, églises, et très souvent on trouve l’Heritage center. Un bâtiment qui fait office du tourisme mais abrite aussi une expo permanente sur les curiosités de l’île, les intérêts archéologiques, historiques, géologiques, faunistiques et floristiques.

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A Leverburgh (South Harris dans les Hébrides) il y a une expo de tableaux en patchwork-broderie-tapisserie réalisés par les familles locales, représentant de façon naïve et saisissante l’histoire des îles.

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le tweed est très présent dans ces tableaux
le tweed est très présent dans ces tableaux

Et parfois aussi les archives photographiques de la communauté, patiemment récoltées auprès des habitants et présentées dans des classeurs, en libre accès, très utiles pour les australiens ou américains à la recherche de leurs origines.. C’est classé par thème : les maisons, les moyens de transport, la pêche, les photos de classe de l’école etc. Il y a aussi des témoignages écrits.

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L’accès à ces centres est souvent gratuit. En tous cas quand on débarque quelque part, une visite à l’Heritage center s’impose.


Westray connections

25/26 aout, île de Westray, Orkneys.
Festival local de musique sur cette petite île de 550 habitants, on est tombé dessus par hasard. En plus de 2 vedettes écossaises, Aly Bain (des Boys of the Lough ) au violon et Phil Cunningham à l’accordéon, plein de petits groupes locaux, des îles voisines ou de plus loin. Musique, ambiance, on s’est régalé.

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Ce qui nous frappé, entre deux morceaux les musiciens racontent quelque chose de façon systématiquement humoristique, et le public éclate de rire. Ça rigole tout le temps ! Malheureusement nous, si on commence à comprendre le sujet (des anecdotes sur le compositeur, sur un autre concert, sur la chanson etc, quand ce n’est pas des blagues hors sujet) on ne comprend rien à la chute, donc on rit pas beaucoup, sauf à voir rire les autres…

Et puis il y a eu le Pipe band de Kirkwall (la capitale des Orkneys) 15 cornemuses (pipe) plus les percussions, en grande tenue et en défilé dehors, grandiose !

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Et en salle sur scène, 12 cornemuses ça fait du bruit ! Bon, mettez deux bombardes bretonnes en face, les écossais ne font pas le poids !
A noter : à l’arrière du van de ravitaillement du pipe band

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A Stornoway, le poids de la religion

C’est la capitale des Hébrides extérieures. Au moment où nous y sommes (mi-aout) il y a un petit festival de musique : sous un chapiteau dressé sur les pelouses du château se déchainent des jeunes chevelus, style Led zep ou Deep purple, you know, du rock plutôt hard. Mais curieusement, le jeune public bouge très peu, lui (pas moi). Une gamine qui flashe sur les baskets de Babeth, nous explique que la religion a un poids énorme, ici. L’autre soir, au pub où des musiciens se produisaient, un autre jeune nous dit haïr cette île pour cette même raison, et vouloir s’exiler le plus tôt possible. De fait, le sabbath, jour dominical de repos, est sacré, tout est fermé tout est mort. Même le fait d’accueillir des hôtes est mal vu, même les enfants ne devraient pas aller jouer, témoin ce panneau à l’entrée d’une aire de jeu.

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please respect the sabbath

 

Habitat

Dans l’article sur St Kilda, on a évoqué les blackhouse, ces maisons utilisées dans les Hébrides extérieures. Sur Lewis on a visité une reconstitution bien faite et très documentée, avec le feu de tourbe au milieu de la pièce, sans cheminée… la fumée sort par le toit (sans ouverture) fait de tourbe et de paille, sol de terre battue, mobilier rudimentaire, fenêtres et porte basses et étroites.

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Les maisons paysannes en Lozère n’étaient souvent pas mieux dotées, mais il y avait quand même une couverture étanche et une cheminée, même si au niveau chauffage c’était peu efficace.

Aux Orkneys ils ont une pierre très facile à tailler et qui se délite facilement en plaques. Les murs sont nickel et les toits sont traditionnellement faits de 2 ou 3 rangées de très grandes « lauzes », posées sur une charpente, sur ce modèle (d’où venait le bois pour ces charpentes, il n’y a pas un arbre sur ces îles!)

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Mais la plupart de ces maisons sont en ruines, rarement retapées. Les maisons modernes ressemblent très souvent à ça

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C’est propre clair et net, pas beau mais fonctionnel. On parle ici de la campagne, avec des gens de condition modeste. Mais globalement on voit peu de grosses maisons matuvu qu’on peut voir aussi chez nous à la campagne. J’ai l’impression que les gens mettent peut-être moins d’argent dans la représentation de leur rang social par l’habitat que chez nous. Par contre les abords sont presque systématiquement bien soignés, et très fleuris.


Bateau monstre

22 aout. A Kirkwall nous retombons dans le méga circuit industriotouristique avec ces monstres des mers.

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L’été il peut y en avoir plusieurs par jour ! Et la petite ville (7000 hab) fourmille de touristes internationaux (français, italiens, espagnols, nordiques, asiatiques) qui achètent des souvenirs dans les boutiques exprès pour eux… Heureusement le soir ils sont partis. Au concert nous retrouvons Alison et Philip, d’Edimburgh, que nous avons rencontré sur Rousay en vélo, ainsi que Claire, une randonneuse française.

A la marina, nous échangeons des infos avec Frederic sur Balthazar, un magnifique Salt de Garcia (18m) qui revient de Norvège et qui nous conforte dans notre projet pour 2018.

Puis nous sortons du circuit commercial en allant sur l’île de Westray. Ici, tout le monde nous salue en nous croisant sur nos vélos, d’un petit signe de la main, et souvent d’un sourire.

Le tweed, le must des Hébrides

On ne peut y échapper, le tweed est partout. La laine des moutons (omniprésents dans le paysage écossais, et plus encore, aux Hébrides extérieures), est teinte et tissée, pour confectionner des vêtements de grande qualité, dont les mérites ne sont même plus vantés. L’ancrage au terroir est évident dans le choix et le mariage des couleurs, qui rappellent toujours le milieu naturel.

A Tarbert sur South-Harris se trouve la maison mère de Harris tweed. Babeth nous y a précipité

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pour y acheter des coupons (40 £ le mètre en 1,50 m).

Je ne me suis pas acheté de costume, même pas la casquette. Mais on peut regarder sur :
https://www.harristweedisleofharris.co.uk

La route des Orkneys

Nous partons de Stornoway, Hébrides extérieures pour joindre directement les Orkneys, 125 milles. Une fenêtre météo favorable sur 2 jours. Comptons 25 à 30 heures avec un vent favorable. Au début, presque pas de vent, on fait du moteur. Puis le vent s’établit comme prévu, on avance correctement. Vers 19h on passe le célèbre Cape Wrath, l’angle nord-ouest de l’Écosse. Là on a le choix entre aller chercher un mouillage pour passer la nuit tranquille sur la cote nord, mais on y arrivera très tard, ou continuer comme prévu, si l’état de la mer ne nous rebute pas. C’est dit, on continue ! On mange et on se prépare pour la nuit. En fait l’état de la mer s’est dégradé petit à petit, et la nuit a été fort pénible.A 1 heure, pendant le quart de Babeth, le pilote a perdu les pédales, et on a du barrer, provisoirement heureusement. Puis j’ai été malade le reste de la nuit, obligé de rester dehors. Il faisait bien frais. Le lever du jour a été accueilli avec plaisir, à l’approche des cotes des Orkneys et des formidables falaises de Hoy. Les iles du nord, notre but, sont proches les unes des autres avec des passages étroit entre les iles, et bien sur des courants, des overfalls, des tourbillons. Bien lire les instructions et les cartes de courants.

passage à la mauvaise heure : on tombe dans le bouillon.
passage à la mauvaise heure : on tombe dans le bouillon.

Coup de bol, dans le passage entre le mainland (l’ile principale) et Rousay, illustré par la photo ci-dessus, le courant s’inverse à 10 heures, on va pouvoir passer le sound tranquillement, sinon on aurait du faire un tour de 15 milles pour aller au mouillage prévu. Dans le sound la mer se calme enfin, et passé l’étroiture, c’est un lac ! On fait une arrivée apaisée, en galérant un peu pour s’amarrer à la bouée mise à disposition des plaisanciers (visitors mooring) car elle est dans le courant, léger mais… à 9h30 on éteint les instruments, on clôt le chapitre sur le livre de bord, on déjeune (faut bien se re-remplir l’estomac!), … et on va se coucher, merveilleuse sieste jusqu’à 14 heures !

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Les Monach et St Kilda

Nous décidons de partir dans l’Atlantique !

Après avoir renoué avec les Hébrides extérieures, pénétré des lochs aux entrées compliquées mais à la protection totale, nous sommes attirés par les iles exposées encore plus à l’ouest. St Kilda est un archipel à 50 milles des côtes, en plein océan ! Mal famé car le climat y est rude et la mer déchainée ! Mais c’est un site fantastique à plus d’un titre, présenté comme un défi pour les plaisanciers. Une fenêtre météo s’ouvre, un vent tranquille dans le bon sens pour y aller, puis du temps calme pendant 3 jours : on y va ! Nous partons d’un mouillage dans le sud des Hébrides, près de Barra. Il y a très peu d’abris le long de la côte ouest, ce sont d’immenses plages de sable blanc exposées aux tempêtes de l’Atlantique. Nous joignons les Monach islands, un petit archipel pas loin des côtes, après 35 milles de bonne navigation sous le soleil, bien que le vent soit tombé sur la fin. Les Monach offrent un abri relatif, correct par temps calme. Le temps que l’on tourne un peu pour jeter l’ancre puis mettre l’annexe à l’eau, on a alerté des dizaines de phoques, qui observent nos manœuvres

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Ce sont des îles toutes plates (sommet à 17 m), désertes actuellement mais qui ont été habitées par une communauté d’éleveurs pêcheurs. Il reste les ruines d’un village, l’école a été retapée et sert aux pêcheurs qui viennent y faire de courts séjours, et aussi pour s’occuper d’un troupeau de moutons à laine brune. Dans une autre maison retapée, une petite expo bien faite relate la vie de ces îliens jusqu’en 1948 où elle a été abandonnée, ainsi que les particularités de la faune et de la flore. Une particularité de taille : on a ici l’une des plus grosses colonies de phoques gris d’Europe, avec 9000 naissances chaque année. Mais la saison de reproduction n’a pas encore commencé.

Il nous reste de ces îles un souvenir particulier, lié à leur originalité, à leur histoire, au temps doux, à la présence insistante des phoques, le relief ondoyant du machair (formation végétale sur sable dunaire enrichi du calcaire des coquillages des plages) …

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les ruines du village sur le machair de Monach

Le lendemain on part pour St Kilda, 35 milles encore sous le soleil. On ne voit l’archipel qu’au dernier moment car les nuages jouent avec.

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Une fois à terre c’est l’étonnement : des centaines de huttes de pierre chapeautées d’herbe construites par les habitants des siècles derniers, dans un espace librement pâturé par une espèce de mouton endémique et très ancienne, d’ailleurs proche de notre mouflon.

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Plus des murs, des ruines de « blackhouse », maison rudimentaire sans cheminée ou le feu de tourbe se consumait directement sur le sol, aux murs très épais sur lesquels reposait un toit de chaume, très sombre et malgré tout utilisée jusqu’à la fin du 19 ème siècle, des parcs à moutons…

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Ces huttes ou cleits sont en fait des lieux de stockage de tout ce que les îliens récoltaient et conservaient pour la mauvaise saison : tourbe pour le chauffage, grain, viande de mouton et d’oiseau, poisson, huile, plumes…

Un de leur principaux moyens de subsistance était la « récolte » des oiseaux marins et de leurs œufs. En effet les îles de l’archipel sont l’un des principaux sites de reproduction de ces espèces : 135700 maquareux, 67000 fulmars, 60500 fous de Bassan, 23400 guillemots pour les espèces les mieux représentées. Pendant la saison de repro il y a environ un million d’oiseaux sur les îles. Et nos St Kildiens allaient les « récolter » au péril de leurs vies, car ces oiseaux sont installés sur des falaises vertigineuses de ces îlots volcaniques

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Les tableaux de chasse sont hallucinants : dans les années 1830, 4000 fous et 12 à 20 000 fulmars par an. Dans les années 1900 : 5 à 6000 œufs de guillemot ! Il fallait aller les chercher, au bout de cordes fabriquées maison, et les ramener en barque également rudimentaire, et la mer peut être mauvaise par là-bas !
NB le fou est un oiseau d’environ 3 kg, le fulmar de 800 g.

Les oiseaux (adultes ou jeunes) fournissaient la viande, mais aussi de l’huile issue de la graisse pour l’éclairage, le duvet et les plumes étaient exportés pour la literie. Leur peau était également utilisée pour la fabrication de chaussures.

La communauté est ancienne, les Vikings en ont fait partie, et il y a des traces plus précoces encore. Elle est surtout bien connue et décrite depuis le XVIII ème siècle.

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Les îles appartenaient à un Mac Leod de Harris, auquel les habitants devaient un fermage. Puis on leur a envoyé des pasteurs, et un instituteur. À cette époque il y avait une centaine d’habitants en un seul village. L’île a été évacuée dans les années 1930, le propriétaire de l’archipel le cède au National Trust for Scotland en 1956 et l’armée anglaise en a fait un base stratégique. C’est un site de l’Unesco.

Nous avons longuement erré dans ce site fantasmagorique, visitant les ruines des habitations et le petit musée très documenté. Puis nous avons fait le tour de la principale île en bateau, cela permet de s’approcher des falaises plutôt inaccessibles par le haut. Ah, que ne sommes nous des oiseaux !

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Et l’on découvre effectivement les colonies d’oiseaux marins, dans un paysage grandiose, qui doit être encore plus terrible par mauvais temps.

Le lendemain dernier jour de météo favorable, nous faisons le tour de Boreray et de ses deux stacs, dont l’un est presque couverts de fous de Bassan.

Boreray, Stac Lee (166 m) et Stac An Armin (191m) : toutes les parties blanches sont des fous de Bassan
de D à G : Boreray, Stac An Armin (191m) et Stac Lee (166 m)  : toutes les parties blanches sont des fous de Bassan

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Une journée de traversée (vent faible de face, moteur) pour rejoindre un abri car le lendemain ça doit souffler méchamment.

Nous revenons au monde normal… nous revenons de St Kilda !

La vie en voilier

 

On a pas beaucoup raconté ça, mais ça nous occupe beaucoup !

Aller de criques en ports, sur une mer pas toujours accueillante, une météo pas toujours compréhensive – on voudrait du vent dans la journée, mais pas trop, style 10 à 15 nœuds, et dans la bonne direction s’il vous plait, et pas la nuit pour dormir tranquille…

Avant de partir si on est dans un port, ravitaillement en bouffe et en eau pour plusieurs jours, car ici les villages sont rares, et les épiceries parfois microscopiques. Si on est dans un port, on a l’électricité et on fait le ménage dans le bateau, à l’aspirateur comme à la maison. Et on va à la laundry pour la lessive. Il y a bien sûr des douches plus commodes que sur le bateau.

On a parfois aussi des connections internet, très utiles pour la météo. Et aussi mails et mise à jour du blog. On peut aussi écouter la radio française (pas de journaux français dans ces petites localités). Il faut en profiter, après c’est le désert.

On définit la ou les étapes suivantes, en fonction de la météo, et en étudiant les guides pour voyageurs en voilier, qui décrivent les côtes, les mouillages, les difficultés de navigation, les courants de marée. Ça et les cartes marines, qui sont sur l’ordi.

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Avec tout ça et le GPS qui nous place précisément sur la carte, la navigation devient facile !

Une fois partis, on hisse les voiles, et on laisse faire le vent. Une fois les voiles bien réglées, le pilote automatique tient la barre au bon cap, on se contente de surveiller ; on est pas tout seuls en mer,

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celui la faut pas l'embeter
celui la faut pas l’embeter
les ferries de l'Ecosse
les ferries de l’Ecosse

mais les dangers liés à la côte (hauts fonds, récifs…) sont déjà repérés lors de la préparation à la navigation, et la route prévue en tient compte. En tâche de fond, on surveille donc si le bateau est sur sa route, ou si l’on change pour aller s’approcher de quelque chose (dauphins, oiseaux, curiosité sur la côte), on ré-évalue la situation. Si le vent change, en direction : il faut régler les voiles, en force : il faut modifier la voilure (augmenter ou diminuer la surface).

A part ça, quand tout est stable et clair, on bulle ! Le bateau avance à une vitesse de l’ordre de 5 à 10 km/h, donc ça laisse le temps.

La grande activité : quand on est près des côtes on se régale des paysages, mais dès qu’on est loin ou hors de vue : regarder la mer ! Et se laisser bercer par les mouvements du bateau et le bruit de l’étrave qui fend l’eau.

Bricoler, si ça ne bouge pas trop. Il y a toujours à faire. Réparer ceci, changer cela, régler ce truc, reserrer les boulons. Ou laver, ranger… Il y a beaucoup de choses qu’on devrait faire quand on est au port, mais alors on préfère aller se ballader. Donc…

Faire à manger, puis apéro et repas ! Et entre les repas, grignoter, café…

Trier et traiter les photos de jours précédents, pour le blog en particulier.

Et écrire des textes pour le blog ou les mails qu’on enverra au prochain point de connexion.

Chercher dans la doc les infos sur les mouillages, les endroits à voir, les abris en cas de coup de vent (pour les jours suivants, parce que pour la traversée en cours, c’est déjà vu)

Bouquiner

Faire de l’anglais (Babeth avec la méthode à Mimile)

Pêcher (à la traine, c’est pas très actif, ni très fructueux)

Ecouter de la musique en faisant des jeux à l’ordi (tout en gardant un oeil sur la carte marine en dessous)

ou … faire une sieste, allongé dans le cockpit. Suivie d’une deuxième.

 

Arrivés au mouillage, on tourne un peu pour trouver la bonne situation, la bonne profondeur (attention à la hauteur d’eau qui varie avec la marée) et on jette l’ancre en lachant 20 à 30 m de chaine.

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un à la barre, l’autre à l’ancre

On tire au moteur pour voir si ça tient, des fois on doit reprendre si l’ancre n’a pas accroché. Au bout de quelques essais infructueux il nous arrive de changer de coin. Parce que si ça tient mal, et que le vent se lève la nuit…. Angoisse !

Après, si l’on veut aller à terre : le cinéma de l’annexe ! Dans les petits trajets sur mer facile, on la tire derrière nous. Sinon on la remonte sur le pont, et bien arrimée. Elle pèse un âne mort, j’ai gréé un palan sur le mât pour la soulever. Si les trajets à faire sont un peu longs ou s’il y a du vent, on y rajoute son moteur, fixé sur le balcon arrière. Et rajouter la nourice, le réservoir d’essence. Et les rames. Une fois le moteur est tombé en rade au milieu d’un trajet ravitaillement, avec un fort vent, heureusement que les rames étaient là !

Une fois dans l’annexe pour aller à terre, on a pas toujours un accostage facile. Le mieux : un ponton pour petits bateaux, où l’on trouve toujours une place, un plan incliné de mise à l’eau, un quai. Sinon c’est la plage, les rochers, couverts d’algues et glissants… Si plage, il faut remonter l’annexe une certaine distance sur le sable (calcul de la remontée de l’eau en fonction du temps que l’on va passer à terre, et rajouter l’âge du capitaine!), et vu son poids, c’est bien dur pour nos pauvres articulations !

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Il est rare que l’on navigue la nuit, c’est réservé aux traversées sans étape possible, on préfère dormir au calme. Mais si c’est le cas, on s’organise pour se relayer à la navigation, les dernières fois on a partagé la nuit en 2 . Ici c’est bien, les nuits sont très courtes, le premier quart voit le crépuscule, l’autre voit l’aube.

le soleil se couche, on se prépare à la navigation nocturne
le soleil se couche, on se prépare à la navigation nocturne

La navigation de nuit, c’est très spécial. Inquiétant quand le vent et la mer sont un peu forts, cool quand tout est stable et relativement calme.

Le radar est mis en route, pour mieux voir les autres bateaux. Si la visibilité est faible, c’est essentiel, sinon les feux de navigation (ou autres lumières pour les gros navires) se voient bien, mais il faut être aux aguets. Le radar nous permets cependant de savoir exactement leur position et leur déplacement. Mais voir un gros machin évoluer à quelques milles de nous (ça fait quand même quelques km) est toujours angoissant. On préfère être seuls sur l’eau. A part ça, on fait la même chose que de jour, sauf qu’il y en a un qui dort. Sauf que de nuit, la vision de la mer, la perception des bruits, l’impression de vitesse sont changés. Et que pour compenser le manque de sommeil, le crépuscule et l’aube sont de grands moments.

et à la fin, le soleil se relève
et à la fin, le soleil se relève

En attendant la prochaine, on fait des sauts de puce (de mer) de loch en loch dans les Hébrides extérieures (Western isles) en Ecosse. Principales difficultés : les entrées parfois étroites et encombrées de rochers, et les courants de marée à bien apréhender.

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les 2 perches marquent le debut du rocher

 

 

Une ile pour ornithos

Je n’avais pu y aller car la mer était mauvaise et le mouillage devant l’ile de Lunga est trop exposé. Mais après avoir récupéré Babeth à Oban après son petit séjour en France, il a fait 2 jours de temps calme et nous avons tenté le coup. Le petit archipel de Treshnish isles n’était pas bien loin, à 19 milles de Tobermory où nous avons passé une nuit, histoire de revoir cette sympathique petite ville, très touristique, et de faire les pleins de gasoil et d’eau.

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Au passage, nous avons rencontré le fameux chat de Tobermory, qui fait l’objet d’un bouquin de photo vu en librairie à Oban !

 

une vedette fort occupée
une vedette fort occupée

Treshnish est juste à l’ouest d’une des péninsules de l’ile de Mull, de petites iles en pleine mer avec des falaises : lieu de prédilection pour les oiseaux marins, qui viennent s’y reproduire. Le mouillage est calme, impec ! Nous jetons l’ancre sur fond de sable, bien assurée, et nous nous jetons dans l’annexe avec jumelles et lunette ; nous ne sommes pas seuls, le coin est réputé : quelques voiliers sont à l’ancre et deux petits bateaux de tourisme ont déchargé leur cargaison.

Après avoir trouvé un coin correct pour laisser l’annexe (à l’abri des vagues et en calculant ce que fera la marée), on comprend pourquoi il y a des visiteurs : les macareux nichent sur des rebords de falaises très accessibles et sont très confiants, on les approche à 1mètre cinquante !

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Il fait très beau, la pelouse est confortable, les oiseaux font le spectacle (c’est très rare de pouvoir observer des animaux sauvage d’aussi près sans les gêner, et les gens faisaient attention). On ne voit pas de petits, ils sont dans les terriers bien à l’abri et les parents n’ont pas l’air inquiets.

La plupart des visiteurs restent là, pas loin de l’endroit où les bateau-taxi les déposent pour une heure. Un sentier nous conduit plus loin le long des falaises, des macareux sont partout, ayant fait leur terrier dans les pentes rocheuses. Il y a aussi quelques pingouins torda,

et quelques cormorans huppés dans des anfractuosités.

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pingouin torda
cormoran huppé dans son nid
cormoran huppé dans son nid

Au bout de 500 m on se trouve en face d’un rocher détaché, Dun cruit, qui accueille une grosse colonie de guillemots de Troïl, plus quelques dizaines de mouettes tridactyles. Il faut être patient pour finir par apercevoir (à la lunette) les poussins, à l’abri du ventre des parents qui nous tournent le dos.

guillemot de Troïl
guillemot de Troïl

De temps en temps un adulte atterrit avec un poisson dans le bec (et peut-être d’autres dans le jabot). Il arrive un peu n’importe où dans la colonie et se déplace ensuite longuement pour retrouver sa famille. On ne voit pas le nourrissage du poussin, l’adulte nous tournant le dos. Le boucan dans la colonie est assourdissant, et le spectacle permanent.

En fin d’après midi on était seuls sur l’île, à profiter du soleil qui baissait et des macareux. Mais il a fallu repartir au bateau, le vent devant tourner la nuit, on devait se réfugier sur un autre mouillage. En partant on entendait « chanter » les phoques posés sur leurs rochers. Ça ressemble assez aux chants des loups.

Souvent ces petites îles abritent des colonies d’oiseaux marins (les pélagiques : ceux qui ne vont à terre que pour se reproduire, et encore, à terre c’est des rochers escarpés, face à la mer et ses humeurs, peu accessible pour les humains), et sur Small islands (Canna, Rum, Eigg et Muck, que nous avons visitées) on retrouve les macareux, les mouettes tridactyles et autres pingouins

mouette tridactyle : presque tous les nids sont garnis de poussins
mouette tridactyle : presque tous les nids sont garnis de poussins

Sans oublier les phoques, bien sûr, qui se posent sur les rochers pour nous regarder passer…

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phoques gris, en arrière plan les montagnes de l’île de Skye

 

Magnifique Écosse

Et le périple continue, ponctué de magnifiques mouillages dans des loch enchanteurs,

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Gometra sur Mull
Tinker's hole, près d'Iona
Tinker’s hole, près d’Iona

de balades à terre dans des pâtures (car si les moutons ne tondent pas c’est quand même plus difficile : la fougère est omniprésente et pleine de tiques), en ce moment chaque brebis a son agneau, on ne s’en lasse pas

premier plan : une brebis. Au fond : des linaigrettes.
premier plan : une brebis. Au fond : des linaigrettes.

Le terrain est souvent très humide, voire tourbeux, signalé alors par les linaigrettes (plante des tourbières à petits pompons blancs). Mais pour apprécier pleinement les paysages, qu’en bateau on ne voit qu’au raz de l’eau, il faut grimper sur les collines proches, le résultat est souvent spectaculaire.

Ou des visites plus « touristiques » comme les anciennes carrières d’ardoise sur l’île d’Easdale, ou Oban, une grande ville de 8000 habitants, d’où Babeth repart pour un séjour à Paris auprès de ses parents.

On peut aussi relater notre passage du fameux Corryvreckan, ce dangereux détroit entre les îles de Jura et de Scarba. Si l’année dernière on était passé sans souci, cette fois-ci on a loupé la marée de pas grand-chose sans doute, mais le courant s’est inversé au moment où on entrait dans le détroit, et au moteur à fond on a mis 1 heure pour parcourir le pauvre petit mille marin, en se demandant avec angoisse si on allait y arriver. Le demi-tour signifiait affronter des tourbillons et des « overfalls » , vagues creusées par le courant et déferlantes que l’on apercevait derrière nous.

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En marron : la trace de notre passage 2017, comparée à celle de 2016, en vert, au bon moment : à l’étale c’est à dire juste au moment où le courant s’inverse, la trace est droite. Celle du haut, cette année, titubante ! J’vous jure, m’dame, c’est pas le whisky, c’est les remous qui dévient la route et nous font avancer en crabe, sans que l’on s’en rende vraiment compte, si l’on ne suit pas la trace donnée par le GPS sur l’écran. Et ben on était pas bien fiers ! La suite dans le détroit du Sound of Luing, on avait le courant pour nous, mais régulier sans remous, comme du bowling !

Pour la météo jusqu’à présent on a eu de la chance, beaucoup de soleil, mais depuis 10 jours ça s’est bien dégradé, avec des passages de dépressions au large, apportant surtout du vent un peu trop fort, contraignant à rester dans un abri bien choisi. Ça fait des mers un peu fortes aussi, compromettant la visite de certaines petites iles sans abri sûr : j’ai ainsi loupé Treshnish isles, sur lesquelles on peut approcher les macareux. Bon on se console avec les bernaches du Canada

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Les jours sont d’une longueur étonnante : lever du soleil 4h30, coucher 22h17 ! Il ne reste pas beaucoup de temps pour la nuit, qui n’est pas noire. J’ai pu tester cette nuit où les vagues rentraient quand même dans la baie qui semblait abritée. Impossible de dormir, le bateau bougeait trop ! Déménagement à 2 h pour replonger l’ancre de l’autre coté de l’ile, 2 milles plus loin, où c’était parfaitement calme. Ben je me suis recouché il faisait déjà jour…

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Feis ile 2017

26 mai : nous touchons l’Écosse par l’île d’Islay, 11 jours après avoir quitté Paimpol. Ça a bien marché, on a pas voulu trop trainer, un peu fatigués mais on a profité des vents portants.

Feis ile, le festival whisky and music sur l’ile d’Islay. Cette petite île de 15 km sur 30 compte une dizaine de distilleries parmi les plus célèbres d’Ecosse : Lagavullin, Bowmore, Laphroaig… Arrivant d’Irlande du nord, après une journée à naviguer dans le brouillard, on a mouillé à Bowmore pour aller voir sur terre. Le tout petit port n’a pas de place pour le bateau, on y va en annexe.
Le principe du festival : les distilleries font l’une après l’autre une journée portes ouvertes, avec musique et diverses manifestations, plus d’autres évènements répartis sur l’île. Nous sommes allés en vélo à un hotel de luxe qui ouvrait ses jardins au public, bon on a aussi circulé dans les couloirs du château, qui abritait entre autres une « dégustation guidée »

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Première surprise : les whiskies sont renommés et chers, mais l’ambiance est plutôt détendue, voire populaire, et internationale.

Mais pas de musique ce jour là.

Le lendemain nous nous rendons à la distillerie de Lagavullin, après avoir déplacé le bateau à Port Ellen. Là, bonne surprise. L’établissement distribue du whisky, de trois qualités différentes, une scène avec différents groupes de musique, des stands (dont la RSPB, l’équivalent anglais de la LPO). Plus tard, un peu par hasard, nous entrons dans un hangar où commençait un véritable show en l’honneur du Lagavullin. Un bar, des salariés de la distillerie, qui haranguent la quarantaine d’amateurs présents, surtout des jeunes :

– vous aimez le whisky ?

– ouaiiiis !

– Vous l’aimez vraiment ?

– yeaaaah !

Et ils racontent des histoires sur le whisky, sur leur distillerie, avec humour (les gens rient, nous on comprend malheureusement pas tout), chaude ambiance, mal rendue par la video

Et ils nous présentent et servent des coktails à base de whisky (du 16 ans d’âge, svp) : au coca-cola (…. mais oui malheureusement !), au vin de gingembre, au vermouth chocolaté + banana + smoked rapeseed oil, au fino sherry, menthe et limonade !

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Tout ça était excellent, sauf le premier, et nous en sommes sortis pour le concert de blues qui débutait.

A Bruichladdich le lendemain (on y est allés en stop, avec un couple de jeunes californiens venus exprès pour le festival), la bouteille millésimée du festival était à 100 £, mais il y avait une queue incroyable pour en acquérir. Là nous avons aussi assisté à l’inévitable prestation des pipers (joueurs de cornemuse), remarquez que les minots sont là pour la relève,

aux danses folkloriques des enfants de l’école de danse, mangé au buffet des volontaires de la RNLI (sauveteurs en mer) = que des bonnes choses ! + les concerts.

Pas mal de jeunes en kilt à ces journées.

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Pourquoi ? La réponse sur le tshirt de l’un d’eux : kilts because balls like these don’t fit in trousers !

Bon après ces agapes, un peu de calme au loch Tarbert sur Jura

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où il y avait affluence : 6 autres voiliers ! Et 4 randonneurs au refuge sur la plage ! Mais il suffit de grimper un peu pour apprécier les immensités désertes de ces paysages.

Par contre au prieuré en ruine de l’île d’Oronsay : personne

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sauf les moutons et les oies cendrées

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