Shiant Islands
8 aout. Le bateau est arrêté devant ces grandes falaises de basalte, qui de loin, semblaient très habitées. Mais, si au sommet des falaises les pentes herbues sont encore pleines de macareux,
en fait les colonies de guillemots sont vides. La saison de reproduction est terminée. Ah, non, il reste un groupe d’une vingtaine d’oiseaux sur une vire, tous seuls dans la grande muraille, en grande partie blanchie de déjections. Tout à coup, ça crie : un goéland marin essaie de se poser sur la vire, mais les guillemots crient et s’agitent, le géant repart. Mais revient deux minutes plus tard : posé sur le rebord, il progresse en battant de ses ailes écartées (1,70 m d’envergure quand même!) et réussit à se fayer un chemin au milieu des guillemots, et à s’emparer d’un poussin ! Puis s’envole prestement, sa proie au bec, et se pose à un ou deux mètres du groupe, pour la tuer et l’avaler tout rond. La scène n’a duré que quelques secondes, sous nos yeux ébahis. Les guillemots ne bougent guère, toujours en groupe compact, et s’ils regardent en direction du goéland tout proche, cela ne gêne pas celui-ci, il commence tranquillement sa digestion.
Les Shiants sont un petit archipel volcanique près de la cote Est des Hébrides extérieures. Des orgues basaltiques géantes qui jaillissent de la mer, et de grosses colonies d’oiseaux de mer.
Fous de Bassan
24 aout. Westray, une des îles des Orkneys, au nord de l’Écosse – Pointe de Noop Head. Encore un gros site pour les oiseaux de mer, avec en plus une colonie de fous de Bassan récemment installée. Les iles des Orkneys sont le plus souvent très peu élevées, mais par endroits se terminent par une brusque cassure sur la mer, avec une falaise de 50 à 100 m. Et là, près du phare, les fous sont encore présents, avec un certain nombre de poussins encore en duvet. Et pour une fois on peut les observer du haut des falaises – ne t’approches pas, crie Babeth , en retrait prudent de 52 m car elle a le vertige. Mais c’est si extraordinaire, ces fous à 20 m sous mes yeux !
Heritage center.
L’habitat est très dispersé, mais il y a toujours une petite concentration autour de : quai du ferry, épicerie, post office, églises, et très souvent on trouve l’Heritage center. Un bâtiment qui fait office du tourisme mais abrite aussi une expo permanente sur les curiosités de l’île, les intérêts archéologiques, historiques, géologiques, faunistiques et floristiques.
A Leverburgh (South Harris dans les Hébrides) il y a une expo de tableaux en patchwork-broderie-tapisserie réalisés par les familles locales, représentant de façon naïve et saisissante l’histoire des îles.
Et parfois aussi les archives photographiques de la communauté, patiemment récoltées auprès des habitants et présentées dans des classeurs, en libre accès, très utiles pour les australiens ou américains à la recherche de leurs origines.. C’est classé par thème : les maisons, les moyens de transport, la pêche, les photos de classe de l’école etc. Il y a aussi des témoignages écrits.
L’accès à ces centres est souvent gratuit. En tous cas quand on débarque quelque part, une visite à l’Heritage center s’impose.
Westray connections
25/26 aout, île de Westray, Orkneys.
Festival local de musique sur cette petite île de 550 habitants, on est tombé dessus par hasard. En plus de 2 vedettes écossaises, Aly Bain (des Boys of the Lough ) au violon et Phil Cunningham à l’accordéon, plein de petits groupes locaux, des îles voisines ou de plus loin. Musique, ambiance, on s’est régalé.
Ce qui nous frappé, entre deux morceaux les musiciens racontent quelque chose de façon systématiquement humoristique, et le public éclate de rire. Ça rigole tout le temps ! Malheureusement nous, si on commence à comprendre le sujet (des anecdotes sur le compositeur, sur un autre concert, sur la chanson etc, quand ce n’est pas des blagues hors sujet) on ne comprend rien à la chute, donc on rit pas beaucoup, sauf à voir rire les autres…
Et puis il y a eu le Pipe band de Kirkwall (la capitale des Orkneys) 15 cornemuses (pipe) plus les percussions, en grande tenue et en défilé dehors, grandiose !
Et en salle sur scène, 12 cornemuses ça fait du bruit ! Bon, mettez deux bombardes bretonnes en face, les écossais ne font pas le poids !
A noter : à l’arrière du van de ravitaillement du pipe band
A Stornoway, le poids de la religion
C’est la capitale des Hébrides extérieures. Au moment où nous y sommes (mi-aout) il y a un petit festival de musique : sous un chapiteau dressé sur les pelouses du château se déchainent des jeunes chevelus, style Led zep ou Deep purple, you know, du rock plutôt hard. Mais curieusement, le jeune public bouge très peu, lui (pas moi). Une gamine qui flashe sur les baskets de Babeth, nous explique que la religion a un poids énorme, ici. L’autre soir, au pub où des musiciens se produisaient, un autre jeune nous dit haïr cette île pour cette même raison, et vouloir s’exiler le plus tôt possible. De fait, le sabbath, jour dominical de repos, est sacré, tout est fermé tout est mort. Même le fait d’accueillir des hôtes est mal vu, même les enfants ne devraient pas aller jouer, témoin ce panneau à l’entrée d’une aire de jeu.
Habitat
Dans l’article sur St Kilda, on a évoqué les blackhouse, ces maisons utilisées dans les Hébrides extérieures. Sur Lewis on a visité une reconstitution bien faite et très documentée, avec le feu de tourbe au milieu de la pièce, sans cheminée… la fumée sort par le toit (sans ouverture) fait de tourbe et de paille, sol de terre battue, mobilier rudimentaire, fenêtres et porte basses et étroites.
Les maisons paysannes en Lozère n’étaient souvent pas mieux dotées, mais il y avait quand même une couverture étanche et une cheminée, même si au niveau chauffage c’était peu efficace.
Aux Orkneys ils ont une pierre très facile à tailler et qui se délite facilement en plaques. Les murs sont nickel et les toits sont traditionnellement faits de 2 ou 3 rangées de très grandes « lauzes », posées sur une charpente, sur ce modèle (d’où venait le bois pour ces charpentes, il n’y a pas un arbre sur ces îles!)
Mais la plupart de ces maisons sont en ruines, rarement retapées. Les maisons modernes ressemblent très souvent à ça
C’est propre clair et net, pas beau mais fonctionnel. On parle ici de la campagne, avec des gens de condition modeste. Mais globalement on voit peu de grosses maisons matuvu qu’on peut voir aussi chez nous à la campagne. J’ai l’impression que les gens mettent peut-être moins d’argent dans la représentation de leur rang social par l’habitat que chez nous. Par contre les abords sont presque systématiquement bien soignés, et très fleuris.
Bateau monstre
22 aout. A Kirkwall nous retombons dans le méga circuit industriotouristique avec ces monstres des mers.
L’été il peut y en avoir plusieurs par jour ! Et la petite ville (7000 hab) fourmille de touristes internationaux (français, italiens, espagnols, nordiques, asiatiques) qui achètent des souvenirs dans les boutiques exprès pour eux… Heureusement le soir ils sont partis. Au concert nous retrouvons Alison et Philip, d’Edimburgh, que nous avons rencontré sur Rousay en vélo, ainsi que Claire, une randonneuse française.
A la marina, nous échangeons des infos avec Frederic sur Balthazar, un magnifique Salt de Garcia (18m) qui revient de Norvège et qui nous conforte dans notre projet pour 2018.
Puis nous sortons du circuit commercial en allant sur l’île de Westray. Ici, tout le monde nous salue en nous croisant sur nos vélos, d’un petit signe de la main, et souvent d’un sourire.
Le tweed, le must des Hébrides
On ne peut y échapper, le tweed est partout. La laine des moutons (omniprésents dans le paysage écossais, et plus encore, aux Hébrides extérieures), est teinte et tissée, pour confectionner des vêtements de grande qualité, dont les mérites ne sont même plus vantés. L’ancrage au terroir est évident dans le choix et le mariage des couleurs, qui rappellent toujours le milieu naturel.
A Tarbert sur South-Harris se trouve la maison mère de Harris tweed. Babeth nous y a précipité
pour y acheter des coupons (40 £ le mètre en 1,50 m).
Je ne me suis pas acheté de costume, même pas la casquette. Mais on peut regarder sur :
https://www.harristweedisleofharris.co.uk
La route des Orkneys
Nous partons de Stornoway, Hébrides extérieures pour joindre directement les Orkneys, 125 milles. Une fenêtre météo favorable sur 2 jours. Comptons 25 à 30 heures avec un vent favorable. Au début, presque pas de vent, on fait du moteur. Puis le vent s’établit comme prévu, on avance correctement. Vers 19h on passe le célèbre Cape Wrath, l’angle nord-ouest de l’Écosse. Là on a le choix entre aller chercher un mouillage pour passer la nuit tranquille sur la cote nord, mais on y arrivera très tard, ou continuer comme prévu, si l’état de la mer ne nous rebute pas. C’est dit, on continue ! On mange et on se prépare pour la nuit. En fait l’état de la mer s’est dégradé petit à petit, et la nuit a été fort pénible.A 1 heure, pendant le quart de Babeth, le pilote a perdu les pédales, et on a du barrer, provisoirement heureusement. Puis j’ai été malade le reste de la nuit, obligé de rester dehors. Il faisait bien frais. Le lever du jour a été accueilli avec plaisir, à l’approche des cotes des Orkneys et des formidables falaises de Hoy. Les iles du nord, notre but, sont proches les unes des autres avec des passages étroit entre les iles, et bien sur des courants, des overfalls, des tourbillons. Bien lire les instructions et les cartes de courants.
Coup de bol, dans le passage entre le mainland (l’ile principale) et Rousay, illustré par la photo ci-dessus, le courant s’inverse à 10 heures, on va pouvoir passer le sound tranquillement, sinon on aurait du faire un tour de 15 milles pour aller au mouillage prévu. Dans le sound la mer se calme enfin, et passé l’étroiture, c’est un lac ! On fait une arrivée apaisée, en galérant un peu pour s’amarrer à la bouée mise à disposition des plaisanciers (visitors mooring) car elle est dans le courant, léger mais… à 9h30 on éteint les instruments, on clôt le chapitre sur le livre de bord, on déjeune (faut bien se re-remplir l’estomac!), … et on va se coucher, merveilleuse sieste jusqu’à 14 heures !