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La Gomera et La Palma (le retour)

Bon, on change. Histoire de naviguer un peu et de quitter ce port que nous n’avons que trop vu ! En une bonne journée nous joignons la Gomera, 40 milles contre vent et courant, mais ça se passe bien. Nocciolino a bien avancé au près, et nous avons fini au moteur quand nous avons été déventés par l’île. Mouillage à Vueltas (Valle gran Rey) que nous avions déjà pratiqué juste avant le confinement (maintenant il y a avant le Confinement, et après!).

C’est un mouillage relativement protégé, à proximité d’un tout petit port sympa, on peut débarquer en annexe assez facilement. Des raies circulent sous nos yeux, visibles depuis le quai ! De là en prenant le bus, on peut monter sur les hauteurs et redescendre à pied. Mais les sentiers sont vraiment raides !

D’en haut on une vue impressionnante vers le fonds des barrancos (ravins) aux parois très escarpées. Celui de Valle gran Rey avec ses dénivelés de plus de 600 m et son fond luxuriant contrastant avec ses pentes désertiques est remarquable.

Le palmier des Canaries est très présent sur cette île, où il a été cultivé un peu partout. On en tire un sirop ou miel de palme, nous en s’en sert pour sucrer et parfumer les yaourts.

Après une semaine on reprend la barre pour une escale à San Sebastian, une vraie marina avec vraies douches et machine à laver (un des inconvénients du mouillage est l’autonomie en eau).

Puis route sur la Palma ! On peut changer d’île alors on en profite ! 63 milles dans la journée, ça marche bien au vent de travers, on est content.

Là aussi arrivés à la pointe sud de l’île, plus de vent sur le coté exposé Ouest et on finit au moteur sur 15 milles, pour mouiller juste avant la nuit à coté de Tazacorte.

Ici l’île est plus grande donc nous louons une voiture pour finir de la découvrir. Des milliers de virages, des kilomètres de rivages, un relief modelé par les éruptions volcaniques (la dernière en 1971), chaotique, mais domestiqué : des cultures dès que c’est moins pentu, beaucoup de bananeraies, un peu d’élevage, des infrastructures en bon état (merci l’Europe).

La côte est très rocheuse et découpée, il faut imaginer la lave retombant directement dans la mer,

parfois les habitants ont des audaces pour y aménager des lieux insolites, petits paradis… mais il ne faut pas craindre les chutes de pierres ou la tempête !

Poris de Candelaria, ses maisons semi-troglodytiques sous un vaste abri rocheux, et la mer qui se faufile jusqu’au fond.

Souvent il faut compter sur le brouillard, alors que partout il fait beau. Mais dès que les reliefs sont importants, c’est le cas ici avec un sommet à 2426 m, les alizés concentrent l’humidité et on est soit au dessus

au Roque de los muchachos, le sommet de La Palma

soit dessous

à la Cumbrecita, le col qui donne dans la Caldeira de Taburiente… qu’on ne voit pas !

soit … dedans

Mais bien sûr il y a aussi des moments de grand beau, le truc c’est qu’on peut pas le prévoir !

Une bonne partie de l’île est couverte de pin des Canaries. Très bel arbre mais ses peuplements sont souvent parcourus par des incendies. Pourtant ce pin résiste remarquablement bien au feu, et sauf événement tout récent, les forêts sont bien vertes.

un incendie de l’année

Une particularité du port de Tazacorte : il y a quelques 20 ans ont débuté d’énormes travaux pour transformer un minuscule port de pêche en grand port moderne. Une marina est née, qui est maintenant pleine, par contre les grands quais destinés à recevoir ferries et paquebots sont toujours restés inoccupés, aucune compagnie n’ayant répondu aux offres du promoteur ! Tout ce béton et ce goudron, toute cette énergie pour ça !

on voit à peine Nocciolino au mouillage juste à l’extérieur du port, protégé de la houle par le môle. Au moins il sert à ça !
les files d’attente pour le ferry…

Mais mais mais que voit on sur les prévisions météo ? Une grosse dépression sur les Açores va nous envoyer du vent de Sud tournant Ouest ! Pour une fois les côtes Ouest, d’habitude protégées des alizés de Nord-Est vont être exposées et les quelques mouillages tranquilles vont être intenables. Donc… on repart à La Gomera, à la marina de San Sebastian. On bouge !

l’inflorescence du bananier, avec les fruits naissants

Ère post-confinement

Après bien des hésitations, nous reprenons un billet d’avion pour les Canaries, parce qu’ils sont bradés, parce qu’on veut revoir le bateau, parce qu’aux Canaries on peut naviguer, malgré la fermeture des frontières hors Europe ; mais ça va rouvrir ? On n’en sait rien.

On retrouve donc Nocciolino le 1er septembre, sous une bonne couche de poussière du désert, mêlée à du sable de l’île, une amarre cassée (heureusement toutes les amarres étaient doublées), mais aucun autre souci. Trois jours pour nettoyer, frotter les inox rouillés et regréer à fond, puis nous louons une voiture pour enfin visiter cette île, qu’en 2 mois de confinement nous n’avons qu’à peine abordé !

Nous retrouvons avec plaisir les paysages volcaniques torturés par les éruptions, les forêts de pins des Canaries

et la forêt de lauriers en altitude, réduite à peu de choses ; l’île culmine à 1501 m, pas assez haut pour cette forêt feuillue qui capte l’eau des nuages. Nous sommes en saison sèche, et tout parait extrêmement sec, mais pourtant le plateau sommital est occupé par des pâturages à vaches

qui doivent être verts à la bonne période, et dans le brouillard, on a vu des images ! Y disent que ça un air d’Irlande, on a du mal à y croire ! on voit plutôt  cela :

En tous cas en certains endroits on trouve des genévriers particuliers, le Juniperus turbinata, dit el Sabina de El Hierro, capable de pousser sur des terrains très dégradés, certains spécimen extrêmement vieux

le genévrier turbinata, l’exemplaire qu’on retrouve sur les images symbolisant l’île, celui-ci aurait 300 ans

Ça naît comme un arbuste normal, puis ça fait un tronc pour pousser en hauteur, et finalement ça se couche, puis ça vit comme ça encore des siècles ! Extraordinaire !

pauvre bête !

En altitude, les occupants pré-hispaniques avaient compris qu’ils pouvaient capter « la pluie horizontale », en fait l’eau des brumes qui se dépose sur la végétation, et qui goutte et peut finir par remplir de citernes via un impluvium

ici un arbre qui capte, un impluvium, une citerne
un gros arbre qui capte les brouillards, et un réseau de rigoles et de petites citernes pour stocker l’eau

On a pas d’infos sur les quantités captées.

Autre curiosité : un lézard géant, qu’on a cru disparu, qui a été retrouvé sur un îlot rocheux et qui fait l’objet d’un programme de réintroduction sur El Hierro.

Gallotia simonyi, normalement il a une ligne de taches jaunes sur les flancs, mais celui-ci se confond bien avec son milieu

On ne l’a vu qu’en vivarium ; il peut atteindre 60 cm, notre lézard ocellé est un peu plus grand mais gallotia est bien plus trapu.

El Hierro est l’île la moins peuplée de Canaries (10 000 hab pour une superficie comme le causse Méjean) et la moins touristique. En plus avec le Covid… Du coup on a fait des choses qu’on ne pouvait pas faire ailleurs : se baigner dans les piscines naturelles, souvent pleines de monde ; la cote très découpée (coulées de lave) réserve des cuvettes dans lesquelles on peut nager tranquillement alors que l’océan gronde à quelques mètres.

Charco azul, celle-ci est entièrement naturelle mais souvent quelques aménagements rendent la piscine accessible et sécurisée, comme ci-dessous
Pozo de la Calcosas

Pas de ville sur cette petite île, Sabinosa est le plus joli village que nous avons vu.

Back in Lozère

Ben comme vous pouvez le voir sur les photos,

La confluence des gorges du Tarn et de la Jonte
Ophrys bécasse, causse de Sauveterre

nous avons rejoint la base, sans difficulté majeure, presque sans contrôle, en prenant bien soin de n’attraper aucun virus… Surréaliste quand même, cet avion Madrid Paris avec seulement 20 passagers !

à l’escale du ferry à La Gomera, accueil des passagers descendant avec passage sur tapis arrosé de désinfectant !

Arrivés à la maison, nous nous sommes autoconfinés pendant 2 semaines sans aller voir les amis, par prudence, mais en profitant de la nature, quasi déserte. Le printemps ici est magnifique, voire même exceptionnel, mais il faut dire que cela faisait 5 ans qu’on était pas restés en cette saison ici.

Un régal de paysages, de fleurs du causse, de multitudes d’oiseaux (par rapport aux Canaries) en pleine période des reproduction (donc chants à donf !). Puis on a repris la vie sociale, en coïncidence avec le déconfinement général.

Et on surveille l’évolution de la pandémie dans la partie du monde qui nous intéresse, à savoir le Cap vert pour la prochaine destination. Mais c’est pas pour demain, on attend !

Sabot de Vénus, Gorges du Tarn

Confits 3

Samedi 18 avril

Pas grand chose de neuf, si ce n’est le départ de nos voisins Virginie et Nico sur Foufougongon, après longues hésitations et négociations avec l’autorité portuaire

et enfin ils larguent les amarres,

cap sur la Martinique, qui n’est pas fermée, et puis c’est la France !

Nous on est bien tristes, mais pas pour autant incités à les suivre : nous voulons d’abord passer du temps au cap vert (pour le Sénégal on attend de voir).

Pour le reste c’est la routine :

les pêcheurs, tous les jours
le ferry, 3 fois par semaine
Désinfection de l’espace, heureusement ils n’ont pas encore eu l’idée de traiter notre bateau !

Tiens on a trouvé des traces de rouille dans les fonds ! Allez hop, traitement avant que ça s’étende ;

ici dans l’une des caves à vins, fautive : une bouteille de blanc trouvée ouverte !

ici sous le lit, dans l’un de compartiments : très commode d’accès …

La plage de l’Estaca, interdite cause confinement, dans l’avant port : du mobilier de plage en pur béton !

Puis en discutant avec les uns et les autres, en craignant que les Canaries et le Cap vert ne se rouvrent pas au tourisme après de nombreux mois, en fait sans aucune information fiable, et pour cause tous les gouvernements naviguent à vue, on décide d’attraper un avion et de rentrer en Lozère. Renseignements pris auprès du consulat c’est possible par les airs, même si ça va être assez galère, on ne se sent pas de patienter ici sans pouvoir bouger. Donc action, prévue dans encore 2 semaines et demie. En attendant on continue les petits travaux de peinture, et il faut dégréer le bateau.

un des habitants du port

Confits 2

Mardi 31 mars

Ah, demain on va faire des poissons d’avril ! Youhou le confinement est terminé ! Heuuu, avec l’armée qui a débarqué dimanche, on va peut-être pas faire les malins. Ici, on a pas le droit de sortir se promener, sauf pour le ravitaillement, et seul. Maintenant à chaque ferry qui arrive, les autorités aspergent les véhicules sortants avec une solution d’on ne sait quoi, qui va bien sûr finir à la mer. Et les rares arrivants sont contrôlés et testés température par la Cruz roja. Il faut dire qu’avec seulement 3 cas et ça ne bouge pas depuis une semaine, ils doivent se dire qu’ils vont réussir à rester indemnes… Vrai, faux ?

On peut pas dire qu’on s’embête.
Babeth coud des masques en tissus avec la machine que nous a prêtée Virginie de Foufougongon, nos voisins de l’autre coté de la marina.

On va se ravitailler soit au petit hameau à 2,5 km d’ici, en longeant la route, à une toute petite épicerie ; ou à la capitale, Valverde, en bus ou à pied : 4 km et 650 m de dénivelé par le GR.

La police maritime nous a dit qu’on pouvait… et d’ailleurs il  y a beaucoup  moins de risque de contamination qu’au supermarché ! Alors tant mieux, jusqu’à ce qu’on nous dise le contraire ! Ça permet de voir autre chose que le port, d’entendre chanter la huppe, et de se séparer un peu, pour la santé morale du couple ! Ça ne va pas mal, mais c’est bien d’avoir des moments seuls. Pas facile.

A part les tâches ménagères, un peu de bricolage sur le bateau, pas trop, faut pas se blesser ! L’annexe qui prend un peu l’eau, le capot de notre chambre dont le joint commence à lâcher.

Quelques essais de fabrication de pain, bien hésitants et encore peu couronnés de succès !

Quelques essais de photos de poissons ou crabes depuis le ponton, qu’on arpente comme si c’était notre jardin.

un « grand porc épic »

 

ce magnifique crabe passe beaucoup de temps à l’air sur les rochers

On observe les petits pêcheurs qui, partis fin de nuit, rentrent et déposent leurs pries sur le quai : ici un thazard bâtard ou noir, espèce proche du thon mesurant 1,50 à 1,80 m.

Mais les contacts avec les locaux sont réduits à rien, d’autant qu’il y a peu de monde autour de nous ; les pêcheurs ne nous regardent pas en passant devant nous en bateau, on ne se salue pas…

On maintient le contact (éloigné) avec nos voisins Virginie et Nico sur leur voilier, et Nath et Pierre dans leur petit camping-car garé sur le terre-plein du port, et confinés comme nous : échanges de petits services, de matériel, d’infos…

Hier soir la Guardia civil est venue admonester un couple de gens âgés, des autrichiens qui sont là aussi avec leur petit fourgon, les accusant de trop bouger à pied ou en vélo, les menaçant d’expulsion ! Très probablement sur la foi de dénonciation de la part des habitants des quelques maisons au dessus du port… Ça se tend…

Et bien sûr on suit le bazar à la radio et sur fassbouc, où l’on trouve de tout ! Comme cette histoire sur France-info d’un chat en coma éthylique parce que sa proprio l’avait passé au gel hydroalcoolique !

Lever de soleil sur El Hierro. Un voilier canadien inhabité, et Foufougongon

Dernière minute : le flic de la Policia maritima vient de nous tomber dessus nous signifiant qu’on devait rester sur le bateau et ne pas se promener sur le ponton, qui n’est ouvert qu’aux gens des bateaux. Et on est les seuls à l’utiliser. On l’a vraiment mauvaise,  est-ce que ça va durer ?

Confits 1

mercredi 25 mars

Une semaine que nous sommes ici, sans grand mouvement. Les mesures de confinement semblent être les mêmes qu’en France : chacun chez soi, sauf courses, urgences, certains travaux. Le ferry traverse une fois par jour, sauf ce week-end. Cela fait un peu d’animation. Le nombre de cas de corona augmente régulièrement sur l’ensemble des Canaries, il est passé de 148 à 557 en un peu plus d’une semaine. Notre île est très peu touchée, 1 puis 3 cas depuis hier. Aujourd’hui tous les arrivants étaient contrôlés par la Croix rouge. On s’occupe doucement. Pose des panneaux solaires,

lecture, nettoyage, internet, cours assimil d’espagnol, fabrication de pain (enfin… essais), téléphone. Sorties vite fait dans les environs immédiats, pour l’instant personne ne nous a rien dit – la police maritime a son bureau juste là – courses au village en prenant le bus. On discute – de vive voix à distance ou par messages – avec le seul autre voilier habité, par un couple de jeunes qui veulent relier la Martinique. Et avec un couple en petit camping-car, garé sur le port car on leur a fermé le camping !

Heureusement ce n’est pas vilain autour de nous.

mais de là à y passer 2 mois…

Le temps est doux et depuis quelques jours on a des averses ! Mais pas l’autorisation d’aller voir sur les sentiers de rando les effets de la pluie sur la végétation, qui n’attends que ça pour reverdir !

Goéland pas confiné

La Gomera

Nous refaisons un saut sur Ténérife, dans le petit port de Garachico,

pour prendre livraison des nouveaux panneaux solaires. Là, nous apprenons l’annulation de la visite d’Annick et Philippe, pour cause de coronavirus. Ici aux Canaries, quelque cas sont signalés, mais nous sommes encore loin de l’idée de la pandémie. Pour l’instant, on est désolés les uns et les autres, mais la vie continue. Du coup 3 jours après nous partons vers la Gomera, une traversée de 6 heures pour rallier la marina de San Sebastian

C’est une petite ville tranquille, capitale de l’île, jolie mais sans plus, installée dans un environnement très sec.

La Gomera est une île au relief très marqué comme les autres mais moins haute : elle culmine à 1487 m en un sommet arrondi qui ne mérite même pas la photo !

si : pour montrer la bruyère en fleur !

Cette partie a d’ailleurs été affectée par un énorme incendie en 2012.

La partie haute et exposée Sud-Est reçoit les nuages humides et peut développer une belle forêt de lauriers ; et la floraison a bien démarré, c’est très agréable

le reste est très sec, d’autant que ces dernières années et cette année encore : très peu ou pas de pluie ! Les fonds de vallées sont bien verts, irrigués par l’eau captée en altitude, et fertiles.

Sinon c’est aride, et le paysage est marqué par de très nombreuses terrasses souvent abandonnées et parfois par la culture du palmier, qui est une espèce locale (Phoenix canariensis, présent sur tout l’archipel), dont on tire la sève pour faire un sirop ou miel. Le fruit, une petite datte, n’est pas consommé sauf par les animaux.

La végétation est de type buissonnante à base d’euphorbes, et pour l’instant les graminées sont sèches.

Après 3 jours de circulation en voiture de location, nous quittons le port pour faire le tour de l’île par la mer et voir la côte rocheuse et en particulier ces spectaculaires orgues basaltiques

Pendant cette tournée nous avons vu 1 tortue, 2 requins marteau et des fous de Bassan.

Nous jetons l’ancre (enfin un mouillage!) au pied des falaises de Vueltas, au sud-ouest de la Gomera

un mouillage qui ressemble fort à ceux de Madère

Ce petit village a vu s’installer depuis plus de 50 ans une communauté allemande hippie, et aujourd’hui c’est un mélange d’anciens hippies, dont certains tiennent des boutiques de fringues et de bijoux, de babacool couverts de dreads plus ou moins installés, de bobos ayant racheté et retapé des maisons, et de touristes attirés par ce curieux mélange.

Puis les mauvaises nouvelles sur le coronavirus s’accumulent, et nous décidons que si nous devons être bloqués sur une île, autant l’être sur El Hierro, que nous ne connaissons pas encore. Le jour où les mesures de confinement se confirment, nous levons l’ancre, un jour de bon vent pas trop fort, pour une bonne petite traversée de 7 h, accompagnés vers l’arrivée par une grosse bande de petits dauphins ; ce dimanche 14 mars, nous appontons dans la marina toute neuve et quasi déserte de la Estaca sur El Hierro. Personne pour nous accueillir, le confinement a commencé !

l’arrivée sur El Hierro

Los Indianos

C’est le nom donné au carnaval de Santa Cruz de la Palma. Si une photo peut caractériser l’événement :

tout le monde en blanc et en chapeau, avec des tenues plus ou moins recherchées, tout le monde se lance du talc, des dizaines de milliers de personnes défilent dans les quelques rues du centre, essentiellement des locaux, se retrouvent, boivent des hectolitres de bière et de mojitos, chantent et dansent sur fond de musique cubaine ou canarienne, se talquent généreusement, dans une bonne humeur communicative, et ce toute la journée jusque tard la nuit !

Indianos c’est le nom donné aux colons qui partaient en Amérique du sud et centrale, et dans les Caraïbes (dans les pays hispanophones) et qui revenaient riches ; le carnaval étant une fête qui permet (une fois dans l’année!) de railler et singer les riches et les puissants, on se déguise en colon (costume de lin blanc ou crème, avec la valise du voyage, les poches pleines de billets de banque, les robes et les chapeaux souvent très raffinés…) et on le fête.

Plusieurs jours avant le carnaval les magasins regorgent de tenues et d’accessoires dans ce but, et beaucoup de canariens préparent avec soin leur déguisement, pour le plaisir des yeux de tous ;

Babeth piégée par les Indianos

Un spectacle de rues auquel tout le monde participe, même les touristes ; parmi eux, les très rares qui ne sont pas en blanc se font copieusement talquer ! Les autres aussi, et allez !

les boites de talc sont vendues par milliers dans tous les magasins

Au bout d’un moment, on évolue dans un nuage de talc plus ou moins dense, faut pas être allergique ! Et autour des bars, la foule est parfois très compacte et difficile à traverser, certains passent, beaucoup dansent, tout le monde bois et talque, et il faut une troisième main pour le smartphone !

Le carnaval commence par le débarquement au port de la Negra Tomasa

La Negra Tomasa vient de débarquer et fait son cinéma

un gros homme déguisé en domestique noire, que les Indianos ramenaient dans leurs bagages. Elle est promenée ensuite dans toute la ville, acclamée comme une diva.

Et les enfants ? Et bien ils ont leur journée à eux, la veille, los Indianitos.

NB : Havana club distribue aussi du talc !
notez la couleur du pavé, normalement noirâtre

Évidemment, ils se régalent à être déguisés, et surtout à lancer du talc ! Les parents, quant à eux, sont aussi déguisés et surtout fiers de montrer leurs bambins !

Il y a plein d’autres événements, dont la journée de la perruque, très festive également, où s’il y avait beaucoup de perruques flachies, il y avait de très belles compositions originales

Et des batucadas, et des défilés sur d’autres thèmes, et parfois, d’exceptionnels moments d’échanges musicaux hors programme

Le petit instrument à cinq cordes, c’est un timple, typique des Canaries

Au final, un vrai carnaval populaire, authentique, sans faste excessif, joyeux et d’après ce qu’on nous a dit, sans débordement.

l’équipage de Nocciolino, incognito, dans la « tenue de base »

La Palma

Voilà nous sommes revenus au bateau le 22 janvier 2020, avons terminé le chantier le 30 et avons étés remis à l’eau le 31 ; Pas de commentaire sur les travaux, sauf que c’est physiquement un peu raide… enfin c’est nous qui devenons raides ! Pour la prochaine fois on embauchera !

quelle belle étrave !

Dès la mise à l’eau on quitte Radazul, pour revenir à Santa Cruz (toujours sur Ténérife), pour préparer le travail suivant : poser des panneaux solaires supplémentaires pour augmenter l’autonomie en navigation. Également pour continuer de profiter de cette île.

la presqu’île d’Anaga, au Nord
sur le Teide, le volcan principal qui culmine à 3718 m

Puis nous partons vers la petite île de La Palma, depuis le petit port de Garachico ; belle navigation de 10 heures avec un bon vent de travers, la coque est propre le bateau marche bien. Malheureusement, même s’il fait beau, le temps est brumeux et il est impossible de voir les sommets de îles, 3718 m pour le Teide et 2426 m pour le sommet de La Palma. Nous ne voyons le relief qu’à quelques milles de l’arrivée à Santa Cruz de La Palma, dommage !

au port de Santa Cruz de La Palma

La petite capitale est très jolie, avec ses maisons colorées et ses balcons de bois.

On dit que La Palma est la plus belle des Canaries, et c’est vrai que c’est un concentré des différents paysages de l’archipel ; on retrouve avec plaisir les volcans, le plus récent est de 1971, et dans un paysage lunaire on y découvre le lézard local

Gallotia galloti, un gros lézard pouvant atteindre 40 cm queue comprise

Au sud de ce volcan des salines fonctionnent toujours

on retrouve aussi de très belles forêts de pin des Canaries, avec beaucoup de gros vieux arbres

et la laurisylve, la forêt de lauriers que l’on a découverte à Madère, avec de très beaux restes.

Gennaria diphylla une petite orchidée très discrète

des paysages grandioses avec la Caldeira de Taburiente, le cratère du volcan principal, qui culmine à 2426 m, le fond étant à 900 m environ. On peut y aller à pied en suivant une gorge encaissée, dans laquelle coule un filet d’eau. Ne pas se faire surprendre par un orage !

la caldeira de Taburiente, avec ses observatoires astronomiques

un cône de scories en cours de colonisation par le pin des Canaries

Dans la montagne, on retrouve avec plaisir le crave à bec rouge, qui n’est présent que sur La Palma, mais aussi sur des bouteilles de bière !

Le printemps redémarre bien en février, beaucoup de fleurs s’y mettent, ça sent bon, c’est joli, il fait doux. (NB : les châtaigniers, implantés ici pour leur fruit, sont encore défeuillés)

Au bord de la mer règne la banane (platana), principale source de revenus de l’île, avec le tourisme. Impressionnantes surfaces de production, pas bio, pas très beau, très consommateur d’eau et de plastique.

Le tourisme, lui, est plus diffus que sur les grandes îles. Comme sur les 2 autres petites îles, il y a un aéroport, mais pas pour les grandes lignes ; le trafic (de bananes, de touristes…) se fait par ferries, qui débarque beaucoup de gens à pied avec sac à dos, amateurs de randonnées.

Et puis ces jours-ci, c’est le carnaval, mais ce sera pour le prochain article !

en attendant, un jus de canne frais au marché couvert

PS nos pérégrinations sur Gan Canaria et une partie de Ténérife sont passées sous silence, mais il y a des photos dans l’album ; pour faire court, c’était très bien aussi !