jeudi 7 janvier, au mouillage dans la petite et charmante crique de Kalotaritissa, sur l’ile d’Amorgos
Je me suis rendu dans cette crique presque fermée en prévision d’un coup de vent de sud-ouest à ouest les 2 jours suivants. Le vent a effectivement bien forcit cette nuit, mais surtout, à 8 h ce matin, le ciel est bien noir et on entend gronder le tonnerre : l’orage arrive sur moi. J’ai eu le temps de stopper l’éolienne, de débrancher l’électronique et l’ordi, et de rallonger la chaine au maximum (60 m) avant que les hostilités ne se déclenchent. Pluie et vent violents, vagues hautes et serrées malgré la proximité du rivage protecteur, moins de 200 m. Les rafales font parfois pivoter le bateau, qui se met en travers et se met à giter comme si on était en navigation. Mais l’ancre tient très bien, le bateau ne fait que gigoter sur place. Au bout d’une demi-heure un peu angoisssante, le gros de l’orage s’éloigne, la pluie cesse et je mets le nez dehors, pour voir… l’annexe qui s’éloigne tranquillement du bateau, son amarre à sa suite !!! et pourtant, un tour mort et 2 demi clés n’ont jamais largué ! L’aurais-je mal amarrée hier soir ? En tous cas j’aurais du vérifier le vérifier avant le coup de vent. Toujours est-il que l’annexe vient de se détacher, quand je la vois elle aurait encore été rejoignable facilement à la brasse, à 20 m de moi seulement, mais je ne suis pas assez courageux, pas assez bon nageur, et puis après l’avoir rejointe ? Le vent est encore fort et se dirige vers la cote aux rochers découpés et coupants ! Je la regarde donc, la rage au ventre, m’engueulant copieusement. L’annexe est une pièce importante du bateau, sans elle plus de mouillage – ou alors sans aller à terre !
Mais finalement elle ne va pas s’empaller sur les rochers, le vent la fait suivre le relief et se diriger vers la baie suivante. J’étudie la carte, oui c’est faisable, d’autant que l’orage s’éloigne, il ne pleut plus, même si le vent est encore fort. Vite je démarre le moteur, et en avant pour relever le mouillage, ce qui n’a pas été simple, ça tirait encore fort, avec l’étrave qui part une fois à droite, une fois à gauche, et ça aurait été mieux à deux ! Mais manœuvre réussie, un peu de sur place au moteur le temps de bien ranger tout ça et de tout refermer, et c’est parti pour la poursuite en mer Egée ! En fait ça a été la partie la plus facile, la mer n’est pas grosse malgré le passage de l’orage, et le vent dans le dos pas besoin de faire forcer le moteur (j’ai pas mis les voiles, quand même !), d’autant que la coquine n’est pas si loin, je l’ai rejointe à un peu plus d’1 km de là. Au large d’une crique où se tient l’épave d’un caboteur qui a servi au tournage du Grand bleu, mais près d’un ilot qui semblait l’attirer (effet de contre courant ?). La récupération a été très facile, en prenant bien soin de débrayer le moteur pour que l’amarre de l’annexe ne se mette pas dans l’hélice – c’est le métier qui rentre !
Et retour dans la crique bien abritée, re-mouillage pareil avec toute la chaine, et … café bien mérité !
Dans la journée le vent a forci (7 Beaufort prévu, et tenu), le mouillage tient bien.
le bateau tire autant qu’il peut, mais l’ancre tient !
Le jour, tout va bien, on peut contrôler comment se comporte le bateau, s’il ne recule pas, mais la nuit on ne voit plus rien, c’est quand même angoissant. Le vent doit bien faiblir demain, toujours d’ouest, ce qui me permettra d’aller mouiller dans la petite ile voisine, qui a l’air sympa.
Amorgos, le lendemain.
Les petites Cyclades sont magnifiques. Les iles sont souvent de gros rochers à la végétation rase (genévrier, pistachier, thym, bruyère… ne dépasssant pas 1 m dans le meilleur des cas) et clairsemée ; on peut se déplacer facilement dessus.
C’est souvent calcaire mais aussi schisteux avec plein de variétés de roches, avec des modelés très divers. Je me régale à arpenter ces espaces sauvages, même si la faune est très réduite : fauvette mélano très présente, quelques linottes et rouge-queues, parfois le discret merle bleu, un crécerelle ou une buse de temps en temps, et au bord de l’eau le martin pêcheur – comme oiseau marin seulement le goéland leucophée, en effectifs limités. Exceptionellement la chevêche d’Athéna (la petite chouette qu’on retrouve en effigie sur la pièce de 1 Euro greque).
L’élevage est encore bien pratiqué sur les îles, chèvres et moutons, mais aussi quelques vaches (!). Les chèvres sont souvent en liberté, parfois relative quand elles sont entravées (une cordelette de 40 cm relie une patte avant à une patte arrière, pratique interdite je crois, et en tous cas dérangeante). Les parcs sont séparés par de hauts murs de pierres sèches complétés par des grilles de fer… souvent difficiles à passer pour l’arpenteur de terrain !
Gramvousa est un ilot tout proche d’Amorgos, desert mais qui a été habité et cultivé, en témoigne ces nombreux murs, cette aire à battre (qui prouve que des céréales ont été cultivées dans ces terrains archi secs!)
et d’anciennes constructions pour des bergers et leurs troupeaux. Construites en pierre sèche, toit en tronc de genévrier sur lesquels étaient posés des pierres plates.
De moderne sur cet ilot, on ne trouve qu’une petite chapelle (ah oui hein, il en faut une!)
et … des cartouches vides, car la chasse au lapin, qui semble abondant et sans prédateur, doit bien marcher !
Amorgos est une grosse île, très montagneuse, à découvrir (a servi au tournage du film « le grand bleu »)
Mais pour l’instant, après amarrage au quai, recherche de quelqu’un qui me prêtera sa machine à laver, la laundry locale étant fermée, d’un cyber-café pour la com – ben non il est fermé – d’un bus pour aller à la hora (le village principal et originel, placé bien en hauteur pour se protéger des pirates), ravitaillement bouffe, toutes les épiceries, dites supermarket, sont ouvertes ici, essayer de refaire le plein d’eau. En général, l’eau est rare sur ces iles, qui sont alors ravitaillées par un cargo qui porte de l’eau douce depuis le continent. Il est arrivé hier soir peu après moi.
Amorgos vue de Gramvousa