Archives de catégorie : 2022 3 Guatemala , Mexique

Guatemala Mexique, quelques aventures maritimes

350 milles (env. 650 km) entre la sortie du Rio dulce et Isla mujeres, à coté de Cancun, Mexique, en longeant la côte. Mais sur cette portion, on remonte le vent qui est majoritairement Est ou pire, Nord-est, et notre cap c’est Nord-est… contre le vent ! Après s’être pris deux grains un peu violents, et compte tenu que notre bateau n’aime pas taper les vagues quand on remonte le vent, et que nous même n’aimons pas non plus et nous fatiguons vite, on a décidé de s’arrêter tous les soirs pour passer la nuit dans un des nombreux mouillages tout le long de la côte. Ce n’est pas possible sur toutes les côtes, alors profitons en ! Résultat, on a mis 10 jours pour cette nav, mais on a pu se reposer tous les soirs et découvrir de beaux coins

Plusieurs arrêts au Belize, mais sans faire de formalités administratives, pays cher, compliqué et n’aimant accueillir que les touristes friqués. Mais pays qui recèle, comme d’autres dans les Caraïbes, de beaux spots de plongée sur les récifs de corail tout le long de la côte ou sur des îlots entourés d’une barrière de corail. On peut y rentrer en bateau, en surveillant bien la carte et le sondeur… Mais sur la carte c’est impressionnant, en vrai le paysage c’est… de l’eau partout, la barrière de corail est toujours invisible, mais très peu profonde, entraînant moult naufrages !

le Banco Chinchorro au Mexique : le plus grand atoll corallien de l’hémisphère nord, 45 km de long pour 14 de large. Le petit liseré vert autour du bleu, c’est la barrière de corail, en bleu les eaux de moins de 5 m de profondeur, en jaune la terre émergée : au centre une île de 5 km de long, au nord 2 îlots.

Nous avons atteint le nord du banc où un mouillage est recommandé au bout d’une longue journée de 13 heures. Il fallait partir au point du jour pour sortir du lagon de San Pedro (Belize) par une passe étroite, et remonter le vent tantôt à la voile tantôt aidés par le moteur quand le vent était trop de face, malgré cela nous sommes arrivés après la tombée de la nuit, entrés dans la passe de nuit (à ne jamais faire !!!) et mouillé derrière la barrière de corail, qui empêche la houle du large (et d’Est) de passer.




en fait la carto est très précise avec des courbes de niveau de profondeur tous les 0,5 m., mais à prendre avec beaucoup de prudence quand on avance avec moins d’un mètre sous le bateau ! Notre mouillage c’est le symbole ancre sur fond orange

Normalement il y avait des bouées de mouillage, pas trouvées, et le matin on a vu qu’elles n’existaient plus.

les eaux turquoise dans l’atoll

Nous avons pratiqué des mouillages derrière des îlots très bas et couverts de mangrove, ce n’est pas un paysage extraordinaire mais c’est bien abrité. Dans deux d’entre eux , des pêcheurs sont venus également passer la nuit, à 8 ou 10 dans de très petites embarcations sans cabine, juste abrités sous une bâche…

L’avant dernier jour de notre périple, nous quittons notre abri derrière une mangrove dans l’immense baie de l’Ascension, partiellement fermée par une barrière de corail. Hier nous avons eu le plaisir de voir passer une spatule rose, un grand échassier local. Nous partons de nuit, prévoyant une navigation un peu longue malgré une prévision météo plutôt favorable, vent du Sud-est de 20 nœuds. Mais 60 milles quand même pour aller mouiller devant San Miguel, capitale de l’île de Cozumel. Dès la sortie de la lagune, on voit que l’état de la mer est très détérioré : super agitée, même si les vagues ne font pas plus de 2 mètres, c’est court et dans tous les sens ! Le bon vent de travers nous fait quand même avancer vite, anormalement vite : nous bénéficions d’un courant favorable, de l’ordre de 2 nœuds, si bien que nous filons à 7 nœuds dans cette lessiveuse géante ! Nos prévisions sont de 5 nœuds, ce qui fait un bonne différence ! Et de fait à 12h30 nous commençons à passer sous le vent de l’île de Cozumel, la mer se calme, le vent faiblit mais le courant nous pousse toujours. Et surprise en arrivant : aux quais devant la petite ville, 3… non 5 paquebots ! Plus deux autres plus loin : SEPT au total, dont 3 géants !

alors que pendant tout le trajet nous n’avons quasiment pas vu de voilier, ni de cargo, et quasiment pas de petits pêcheurs. Et presque pas d’oiseaux marins… Le désert !

Et le lendemain, toujours aidés par un bon courant, cette fois avec un vent modéré et une mer modérément calme, nous filons (avec des pointes à 9 nœuds grâce au courant!) vers Isla mujeres pour terminer cette croisière pas de tout repos, 440 milles en zig zag dans les Caraïbes occidentales.

Prochain épisode : le Yucatan !

Le Guatemala par l’intérieur

Le retour de Babeth le 5 septembre marque la fin (provisoire!) des travaux et le début des visites à l’intérieur du pays.

Les sites archéologiques mayas

Nous en avons visité quatre, dont le réputé Tikal, dans le nord du pays, et Copan, au Honduras, juste de l’autre coté de la frontière. Tikal : un site immense, où se côtoient des temples entièrement mis à jour et d’autres non dégagés, enfouis dans la végétation, repérables à leur forme pyramidale. Le tout étroitement intégré dans la forêt tropicale, sous laquelle serpentent des sentiers aménagés. Les plus grands temples émergent de la canopée,

permettant d’évaluer l’immensité, soulignant l’impression de mystère qui se dégage de ces constructions. Les plus grands font plus de 60 m de hauteur, mais il y en a de toutes taille, ainsi que des palais, des aires de jeux, des stèles sculptées, des autels.

Ces vestiges de la civilisation maya (de 2000 avant JC. à l’arrivée des espagnols en 1524) sont très nombreux et loin d’être tous mis à jour, de même que de nombreuses questions se posent encore.

Tikal
Tikal
Yaxha

On sait quand même qu’à cette époque, dans les années 600 à 800 de notre ère, les connaissances astrologiques étaient assez élaborées. Toutes leurs croyances mystiques étaient reliées au cosmos – relations des humains avec la Terre, les astres. Certains « temples » ne seraient que des observatoires astrologiques. Un système de représentation et d’écriture par pétroglyphes, signes gravés sur la pierre, est encore visible sur certains temples et sur des stèles parfois bien conservées

Quirigua
Quirigua
Quirigua
Quirigua

A Copan au Honduras, de nombreuses habitations de nobles ainsi que les temples sont très ornementés de sculptures époustouflantes, retraçant la vie des dieux, des rois, et les croyances

l’escalier des hiéroglyphes : toutes les contremarches de cet escalier sont sculptées, ainsi que les rampes, et relatent l’histoire de la maison royale de Copan

les stèles en particulier sont surchargées de symboles, qu’on retrouve à différents endroits, et qui demandent une connaissance approfondie de cette civilisation pour en faciliter la lecture. Sans guide (livre bien documenté ou guide officiel du site), on n’y voit qu’une prouesse de sculpteur.

L’ara rouge était l’oiseau sacré chez les mayas à Copan, au Honduras, comme le quetzal au Guatémala.

Les aras, soigneusement protégés et nourris sur le site

représentation de l’ara sur un palais

Les monuments et maisons des nobles étaient colorées, en particulier avec le rouge de la cochenille.

Les rites mayas, toujours vivants, sont encore pratiqués dans certains sites archéologiques, dans les cimetières catholiques et dans des endroits sacrés en milieu naturel (sommets de montagnes, bords de lac…).

Un guide imposé que nous avons suivi sur le site de Yachka nous a bien expliqué les croyances, le calendrier, le système d’écriture des nombres, que nous sommes incapables de retranscrire ici (cf. wikipedia!),

coucher de soleil au sommet d’une pyramide

Juste à coté, sur la cime d’un arbre à hauteur de nos yeux, une famille de singes hurleurs s’apprête à passer la nuit.

Les moyens de déplacement

Comme dans tous les pays pauvres, les gens se déplacent beaucoup à pied, mais aussi à moto (quasi que des 125 cc), qui peuvent porter jusqu’à 4 personnes, tandis que les riches se payent des voitures, enfin, souvent des pick-up qui servent à tout. Nous n’avons quasi jamais vu de gens sur des mulets ou chevaux comme moyen de déplacement, hormis les ganaderos quand ils s’occupent du bétail.

Les transports en commun sont très utilisés : à commencer par le tuktuk,

tuktuk « normal »

très populaire, pas cher (pour nous), présent partout en ville. Dans certaines villes la déco des tuktuk est très sophistiquée, il y a même des magasins spécialisés !

tuktuk amélioré
tuktuk artistique
à l’intérieur

Dans les campagnes le pick-up sert de transport en commun, sans siège dans la benne !

Le microbus est utilisé entre les villes, il part quand il est (presque) plein, s’arrête sur un signe pour prendre de nouveaux passagers. C’est un fourgon 9 places chez nous, mais ici il y a 15 places assises, et on en rentre encore plus s’il faut ! Plus le chauffeur et un aide qui reste debout à la porte latérale pour héler le client tant qu’on a pas quitté la ville.

Photo intérieur bus : même principe de remplissage dans un bus un peu plus grand.

Plus grand, le chicken bus,

ces bus scolaires étasuniens à la « retraite », retapés et surtout souvent super décorés pour une longue seconde carrière. Ils ont un moteur puissant et des chauffeurs très pressés qui font hurler le moteur et malmènent la boite de vitesse autant que les passagers ! Mais qu’ils sont beaux !

Il y a aussi quelques grandes compagnies de bus qui relient les grandes villes seulement, avec parfois des bus modernes très confortables, mais qui vieillissent vite et peuvent devenir très inconfortables !

Et sur l’eau ? La lancha, pardi !

San Pedro
le parking du supermarché à Fronteras

Costumes, marchés, langue

Sauf dans les grandes villes, la population guatémaltèque est majoritairement maya, et une grande majorité des femmes maya et des petites filles portent quotidiennement le costume traditionnel. Et c’est un enchantement permanent que de les côtoyer en tous lieux. Par contre chez les hommes c’est beaucoup plus rare.

à San Juan
à Santiago Atitlan
à Santiago Atitlan
à San Juan

Les éléments permanents sont la jupe (corte), large et plissée ou droite maintenue par une ceinture large qui sert aussi à ranger le smartphone (!), la tunique (huipile), et parfois une coiffe.

à Nebaj

Broderie sur tissage, fait à la maison ou par des artisans, à la main ou à la machine à coudre, peut-être parfois sur des tissages industriels (mais dans les magasins c’est toujours « hecho a mano »!).

Les couleurs, les motifs des broderies, sont caractéristiques d’une région, d’une ville (il parait que les premiers colons espagnols aient imposé cette différenciation pour distinguer les populations) . Mais toujours c’est une explosion de couleurs mêlées, en général bien assorties. Et nous avons remarqué que dans la grande majorité, ces vêtements sont propres, parfois un peu défraîchis.

Chaque ville, village a de nombreux magasins où l’on peut acheter ces vêtements, sans compter les marchés, où là, c’est la débauche de tissus et fils pour les broderies ! Incroyable le stock sur les étagères !!!

au marché à Chichi
au marché à Chichi

Un des grands marchés du Guatemala, à Chichicastenango, est réputé et conseillé dans les guides touristiques, mais la foule compacte est surtout composée des habitants du « canton », en proportion il y a peu de touristes blancs. Une partie des gens vendent, soit dans des emplacements permanents du marché couvert (de tôles ondulées), aux allées étroites et très fréquentées, soit dans des étals montés pour la journée dans les rues environnantes, il y a encore les commerçants locaux qui sortent leur marchandise sur le trottoir, et les ambulants qui vendent de tout, un peu

à Santiago Atitlan

l’autre partie flâne, négocie, achète. Un certain nombre de stands vendent de la nourriture, que ce soit des vrais petits restos (comedors) dans les espaces couverts, avec tables et frigos pour les boissons, ou les occasionnels chez qui on peut acheter des choses plus ou moins cuisinées à manger debout dans la bousculade !

à Chichi

les tortillas de maïs faites et cuites sur place. Le maïs est la nourriture de base des mayas, « hommes de maïs »

Dans certaines villes il y a une halle pour le marché aux fruits et légumes, sinon c’est dans les rues, plus ou moins couvertes

à Chichi
Uspantan

Dans les marchés, dans la rue, dans les transports, on n’entend pas que de l’espagnol, la langue officielle ! Il y a 23 langues autochtones, et dans les campagne profondes, une bonne proportion des mayas ne parlent pas ou peu l’espagnol. Un guide à Santiago Atitlan, un secteur pourtant touristique mais depuis peu, nous a affirmé que 75 % de la population de sa ville ne parlait pas espagnol, en le justifiant par une faible fréquentation de l’école, qui coûte cher et qui empêche les enfants d’aider au labeur familial ! Ces langues étant très différentes les unes des autres, cela n’a pas aidé à la résistance des indiens à la colonisation, aux répressions, aux discriminations… Il nous a fait une démonstration de prononciation comprenant des bruits de gorge, inimitable !

Armes

La possession voire le port d’armes sont ici très courants dans les régions à majorité ladinos : on voit très souvent des gardes privés armés de sorte de fusils à pompe, déjà à la marina,

Marcelino, le garde de la marina

mais aussi pour protéger les entrées de banques, les camions de livraison, voire aux stations d’essence. De temps en temps on voit des types avec un pistolet bien visible à la ceinture, le summum a été au Rio Dulce, lors d’un défilé festif de ganaderos, l’équivalent du cow-boy, dont nombreux étaient armés, un pistolet à chargeur rallongé d’un coté de la ceinture, et une batterie de chargeurs de rechange de l’autre coté !

le garde du corps escorte la famille du chef à leur emplacement réservé au rodéo sur taureaux !

Une des très rares femmes armées, mais d’un pistolet rose !

L’usage de ces armes est suffisamment courant pour trouver ce genre d’avertissement à l’accès à la plage

« uso de armas blancas y de fuego… »

Fête des cerf volants

Le 1er novembre, fête des morts, donne lieu dans certains endroits à un festival de cerfs-volants très populaire. Nous nous sommes rendus à celui du village de Sumpango, près d’Antigua, qui a lieu non dans le cimetière comme souvent, mais dans un grand terrain au sommet d’une colline.

Là, des milliers de gens viennent des alentours encourager les équipes qui fabriquent de grandes fresques en papiers peints ou collés, qui sont préparées à l’avance mais montées sur une structure de bambous et dressées ce jour-là

« à l’origine censés représenter le lien avec les âmes des défunts qui parlent à travers le souffle du vent, les cerfs-volants sont aujourd’hui vénérés comme une source de réconfort aux souffrances de la vie » . Les thèmes abordés sont souvent le respect des anciens, de la nature, des valeurs fondamentales de la culture.

Et c’est la queue pour se prendre en photo devant les œuvres

Les plus grands (jusqu’à 11 m de diamètre) ne volent pas, mais ils essayent d’en faire voler de plus modestes (autour de 2 m de diamètre), il n’y avait pas assez de vent ce jour là pour que ça marche bien. Par contre les enfants s’essayent avec des modèles plus légers.

Au milieu du terrain s’est également déroulé un rite maya, sur une tombe « exportée » du cimetière (normalement cette fête se passe dans les cimetières)

préparation du bûcher par les shamanes, beaucoup de bougies, des cigares, des cônes d’encens..

Et tout autour du terrain, des dizaines de comedores, petits restaurants populaires qui proposent grillages et tortillas !

Architecture, villes, peintures murales

Comme souvent, l’intérêt des villes est lié à leur passé colonial, qui a laissé quelques beaux restes avec les églises et couvents (dont beaucoup ont été détruits par des tremblements de terre), ainsi que les bâtiments administratifs, souvent répartis autour de la place centrale

Antigua, autour de la place centrale
Antigua
Antigua

Les maisons étaient basses en général mais ont tendance à prendre des étages, en particulier pour des hôtels. Le béton et la tôle ondulée sont partout, même si on voit encore quelques toits en tuile canal.

Le rez de chaussée est parfois peint de couleurs vives, et les peintures murales sont très fréquentes

Il y a souvent une place centrale avec plus ou moins d’espaces verte arborés, des bancs, des marchands ambulants, où il est sympa de rester à regarder les gens !

en général le marché est tout contre, avec toujours assez d’animation.

La plus belle ville que nous ayons vue est Antigua, l’ancienne capitale du pays, qui a été presque entièrement détruite par un tremblement de terre en 1773. A la suite de quoi les autorités décidèrent de déplacer la capitale, et d’abandonner le site. Malgré cela au siècle suivant la ville se reconstruit, restaure l’architecture coloniale, la ville devient même monument national en 1944. Patatras en 1976, nouveau séisme dramatique qui fit des milliers de victimes, et des dégâts considérables. En 1979, le classement Unesco permet encore une fois à la ville de renaître ! Mais certains sites ruinés restent en l’état, comme une partie des couvents

Antigua est très touristique, donc pleine d’hôtels, restos et magasins pour touristes, mais plutôt de bel artisanat (vêtements traditionnels et objets divers) ou d’artisanat d’art (bijoux, créations sur base de tissus traditionnels…)

Arco de Santa Catalina, le monument le plus photographié du Guatemala ? Le volcan Agua, au fond

Et toujours au loin l’un trois des volcans qui entourent la ville, dont le Fuego, toujours actif, qui pète toutes les 10 mn !

le Fuego lâche un prout ! (pris depuis l’hotel)

Le quetzal

C’est l’oiseau emblème du Guatemala, un oiseau magnifique de la famille des trogons (Pharomachrus mocinno), de la taille d’une pie, aux couleurs vives et doté d’une très longue queue en traîne.

photo issue d’une expo sur la place centrale consacrée au quetzal et à la forêt humide

Il vit dans la forêt tropicale humide de montagne en Amérique centrale, mais cette espèce est classée « quasi menacée » du fait du morcellement de son habitat.

Photo prise du Biotopo del quetzal : plantation de café et autres cultures sous bâches noires

Nous en avons vu dans son milieu naturel (mais la photo n’est pas très bonne) au biotop du quetzal, et après on en voit en illustration partout, en tant qu’emblème national, à commencer par les pièces et billets, car c’est aussi le nom de la monnaie nationale ! C’était une espèce sacrée pour les mayas et les aztèques, qui ont utilisé les longues plumes de leur queue pour leurs parures.

donc on le voit et on en entend parler tout le temps !

Non loin du biotop du quetzal se trouve Semuc Champey : à cet endroit la rivière disparaît sous terre et les ruisseaux tombant des berges escarpées et couvertes de forêt tropicale, forment une succession de bassins calcaires aux eaux turquoises.

Magique en début de journée mais il y a fort à parier que ce milieu fragile ne résistera pas longtemps à la horde de touristes qui viennent s’y baigner dès le milieu de la matinée !

Religions

La religion catholique est, sans doute pour peu de temps encore, majoritaire au Guatemala. Mais pour pouvoir s’implanter, les missionnaires ont du s’adapter aux croyances ancestrales. Résultat, un savoureux mélange de rites animistes et chamaniques.

Nous nous sommes baladés dans l’intérieur du pays au moment de la Toussaint, et les festivités durent plus d’une semaine ;

A Antigua nous avons assisté à une procession classique qui a duré plusieurs heures et c’est terminé par des pétards, feu d’artifice et un toro de fuego

Nous avons remarqué qu’il n’y avait aucun mayas parmi les porteurs qui se sont succédé

A Santiago Atitlan nous avons eu l’honneur de rendre visite à Maximon (pour les ladinos) ou Rilaj Maam (pour les Mayas) probable amalgame entre dieux mayas et le Judas de l’évangile. Il change de maison chaque année et est gardé par des chamanes qui en échange de quelques quétzales implorent sa protection pour vous !

Maximon change de tenue chaque jour.

Dans la pièce à coté se trouve la femme de Maximom

Avec ses jolies baskets et sa clope

A San Juan Atitlan nous déambulons dans les rues à la nuit tombée. Attirés par une musique enjouée, nous franchissons un large portail. En fait il s’agit du cimetière ! Des femmes déposent multitude de fleurs et bougies sur les tombes tandis que quelques hommes écoutent un orchestre de Marimba installé au milieu des tombes. L’un deux tient dans ses bras un tableau représentant un couple (ses parents ?). Bien que morts, ils ont aussi le droit de profiter de la musique !

Vidéo de l’orchestre au cimetière ici

Chichicastenango :

Sur le parvis de l’église Santo Tomas, que l’on atteint par une vingtaine de marches (les grands escaliers de nombreuses églises anciennes font référence à ceux menant au sommet des pyramides mayas), des chefs de prière appelés chuchkajaues (« mères-pères ») agitent des encensoirs fabriqués dans des boites de conserve percées en psalmodiant des incantations.

Tandis que de l’autre coté de la place, dans la petite église Capilla del Calvario, les fidèles déposent des bougies sur les dalles de pierre noircie.

Au cimetière, très coloré comme tous ceux que nous avons vus au Guatemala, plusieurs endroits sont réservés aux rites mayas, souvent couvert à cause de la pluie fréquente.

A cet endroit, il y avait 3 grands feux dans lesquels les gens versaient des cannettes de coca ou de bière.

Dans les montagnes et parmi les communautés les plus pauvres, différentes églises évangéliques ont fait une percée foudroyante. Leurs nombreux petits temples rutilants contrastent avec l’habitat rudimentaire au milieu duquel ils sont implantés.

Ces sectes issues des États-Unis et financées par les sièges nord-américains, disposent de moyens considérables pour prêcher dans les écoles et stations de radio et TV qu’elles financent.

A Nebaj, au cœur d’une région pauvre qui a particulièrement souffert pendant la guerre civile, nous avons eu la surprise de trouver en face de l’église, un centre commercial flambant neuf.

La place
et son centre commercial

Qui peut bien financer de telles infrastructures ? La réponse est peut-être dans les wc publics !

L’envers du décor

Au début du 16ème siècle, les Espagnols réduisirent les peuples indigènes en esclavage en les obligeant à cultiver leurs propres terres au profit des colons.

La société coloniale était très hiérarchisée. Les Espagnols nés en Europe détenaient le pouvoir, les criollos (Espagnols nés au Guatemala ) méprisaient les ladinos (métis espagnols – mayas) qui à leur tour exploitaient les Indios maya.

En 1821, les criollos se révoltèrent et l’indépendance du Guatemala fut proclamée. L’indépendance profita aux criollos mais aggrava le sort des Mayas qui, bien que légalement libres, demeuraient asservis aux grands propriétaires terriens.

S’ensuivit une succession de dictateurs qui favorisèrent les intérêts nord-américains. Le Guatemala était (est ?) une république bananière avec, entre autres, l’implantation de la United Fruit Corporation, immense empire fruitier nord-américain qui occupa une place dominante dans la politique nationale.

En 1944, un mouvement insurrectionnel renversa le gouvernement et établit la démocratie. Le nouveau gouvernement mena une politique de réduction des inégalités sociales et lança une réforme agraire visant à morceler les grandes propriétés et redistribuer les terres en friche de la United Fruit au profit des paysans afin de favoriser les culture vivrières. En 1954, un coup d’état organisé par la CIA renversa le gouvernement, les réformes sociales ne verront jamais le jour et les terres expropriés seront rendus aux gros propriétaires.

Gouvernements conservateurs et pouvoirs militaires vont ensuite se succéder avec l’appui des États-Unis. La main mise de l’économie au profit d’une infime minorité et la violence extrême des répressions policières et militaires envers une population qui, au départ, ne fait que réclamer pacifiquement un minimum de droits, provoquent la formation, au début des années 1960, d’une guérilla de gauche. La dictature militaire, bien équipée et conseillée par les États-Unis, lança ses armées sur la population rurale, principalement maya. Le conflit pris fin en 1996. Ce que certains ont appelé le génocide Maya aura fait 200 000 morts, des dizaines de milliers de disparus et plus d’un million de déplacés (sur une population de 17 millions). La Commission pour l’éclaircissement historique mise en place après les accords de paix avec la guérilla, attribue 93 % de ces violences aux troupes gouvernementales, 3 % aux guérilleros et 4 % à des acteurs non identifiés.

Les plaies de la guerre civile sont encore à vif dans les territoires mayas. En témoignent les modestes mémoriaux présents dans chaque ville.

Santiago Atitlan
Chichicastenango
San Cristobal Vrapaz
Nebaj

Et maintenant ?

Les multinationales et grands propriétaires poursuivent l’accaparement des terres, encouragés par le gouvernement. Dans les plaines fertiles on retrouve le modèle agro-industriel basé sur la monoculture d’exportation (bananiers, hévéas, palmiers à huile mais aussi fraises sous serres (dégueux!) ananas… Modèle hautement toxique pour les hommes (emplois saisonniers mal payés) et l’environnement (mais Bayer est partie-prenante de la Chambre d’agriculture locale !…). United Fruit Company s’appelle maintenant Chiquita, histoire de se donner une nouvelle image de marque mais les pratiques changent peu !

Bananerais autour du site maya de Quirigua

Les cultures vivrières des petits paysans sont reléguées aux flancs abrupts des montagnes, entraînant déforestation et glissements de terrain.

Les ladinos (métis) qui vivent principalement dans les villes, tirent leur épingle du jeu car ils possèdent la majorité de la richesse du pays (terres, commerces, emplois) tandis que les indigènes, qui représentent environ 50% de la population sont les laissés pour compte d’un des pays les plus pauvres de l’Amérique latine : 60 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et plus de 22 % de l’extrême pauvreté. Ce sont essentiellement les communautés paysannes et autochtones qui sont touchées. La malnutrition infantile touche 48 % des moins de 5 ans.

Corruption généralisée, très fortes inégalités, importance du secteur économique informel ( 76 % de l’emploi total en 2019) qui ne génère pas de ressources pour l’État, violences liées au gangs (les fameux maras!) et au trafic de drogue, à tout cela s’ajoutent les risques naturels (tremblements de terre, éruptions volcaniques, cyclones, glissements de terrain ) : le Guatemala n’est malheureusement pas un cas isolé !!!

Guatemalan Achi women, victims of sexual violence during the internal armed conflict (1960-1996), react at the end of the trial against five former Guatemalan Civil Patrol (PAC) members, outside the Justice Palace in Guatemala on January 24, 2022. Five former Guatemalan paramilitaries were sentenced Monday by a court to 30 years in prison for sexual violence committed against indigenous women in the municipality of Rabinal in the 1980s during the civil war (1960-1996). (Photo by Johan ORDONEZ / AFP)

La condition des femmes au Guatemala n’est guère reluisante : la violence envers les femmes est très répandue et le taux de féminicide est en hausse régulière. Pendant la guerre civile, l’armée s’en est pris particulièrement aux femmes, utilisant leur corps comme arme de guerre pour détruire le tissu communautaire ; ces viols et crimes atroces sont restés impunis. Il a fallu attendre 2022 pour que cinq ex-paramilitaires soient condamnés pour viols de femmes autochtones pendant la guerre civile.

Ces femmes qui ont été attaquées dans leur identité de femmes et d’autochtones se raccrochent à la défense de cette identité, notamment à travers le port des vêtements traditionnels ( très peu portés par les hommes ) et le respect des coutumes et pratiques mayas.

Ce sont les femmes que nous avons vu s’organiser en coopératives pour vendre leur production artisanale ou leurs plantes médicinales… Elles sont largement présentes dans les diverses luttes de communautés autochtones contre des projets miniers ou hydro-électriques .

3 décembre : nous allons quitter le Guatemala, au bout de six mois. Bonne immersion dans ce beau pays d’Amérique centrale ! Malgré la chaleur (sauf lors de nos incursions en montagne), le moustique (d’après Babeth il y en aurait plusieurs), et le bateau qui moisi en vert ou en noir, il faut nettoyer régulièrement !, on a bien profité. Nous avons fait de belles rencontres à la marina, son gérant français Gwendal et sa petite famille guatémaltèque, les voiliers Nissos et Voilovent avec qui nous avons fait des virées avec leur voiture, et des gens locaux ou pas ; notre incapacité à parler espagnol nous handicape malheureusement trop pour avoir de vraies relations avec les locaux, on le regrettera toujours, car ils ont le contact facile, sont très gentils, toujours prêts à aider !

Direction la pointe nord-est du Yucatan au Mexique à partir de lundi.

Et quelques photos en rab du Guatemala ! :Photos

Guatemalalala

Attends, pour en arriver là, on a d’abord quitté la côte du Panama pour relier l’île de San Andres proche du Nicaragua mais appartenant à la Colombie. En fait c’est là qu’on avait prévu d’effectuer nos formalités de sortie du pays. 250 milles au nord ouest, donc, près de 50 heures de navigation avec pas trop de vent.

San Andres est une petite île très touristique, son aéroport fonctionne à plein régime ! On ne voulais pas s’attarder mais les prévisions météo un peu inquiétantes pour un secteur dit peu commode à traverser nous y ont bloqués une semaine. Juste quelques photos pour cette île, d’un intérêt moyen (pour nous)

A part les touristes tout le monde se déplace en moto
l’une des attractions touristiques de l’île

Enfin nous levons l’ancre, les inquiétudes météorologiques levées. En fait nous avons eu très peu de vent, on a réussi à avancer grâce au spi (grande voile légère de petit temps) et parfois au moteur, avec des records de lenteur ! Au bout de 5 jours et 520 milles, on s’arrête au passage d’une des îles au nord du Honduras, juste histoire de se poser un peu. Mais sans descendre à terre, on n’a pas de papiers pour ce pays (et on a plutôt pas envie d’avoir plus de problèmes administratifs). Là aussi très touristique, avec présence de 2 paquebots…

Puis encore une trentaine d’heures en mer pour enfin mouiller devant Livingston, port d’entrée du Guatemala. Ce n’est d’ailleurs pas un port mais un village sur la côte. Pas accessible à tout le monde, puisque les eaux sont peu profondes à l’estuaire du Rio Dulce, de l’ordre de 1,50 m, nous avec nos 1,35 m de tirant d’eau on passe !

Aucune route ne dessert ce village, toutes les liaisons se font en lancha et c’est le cas sur toute la longueur du rio jusqu’à Frontera à 36 km de l’embouchure. Là on croise la grande route qui mène à Guatemala, la capitale, et qui enjambe le rio par un grand pont de 26 m de haut. Pourquoi si haut ? Aucun gros navire ne vient jusqu’ici, en tous cas les voiliers passent dessous sans problème, pour aller sur le lac Izabal qui est de l’autre coté.

Donc avec Nocciolino nous remontons le Rio Dulce, par des gorges genre gorges de la Truyère, pour les lozériens, mais avec de la forêt tropicale sur les pentes !

Il y a des habitations le long du fleuve, peu nombreuses tant que les pentes sont raides. Après la partie gorges on rejoint une large plaine et on traverse un lac bordé de mangrove (palétuviers), avec, relativement bien cachées, des habitations aux toits de palmes sur pilotis. Dans l’un des endroits qui deviendra mon mouillage préféré, une crique très fermée et très protégée, et très jolie

Cayo Quemado, avec quelque maisons mayas, sans le toit traditionnel celles ci !
la maison d’un « étranger », avec son bateau.

il y a aussi des voyageurs en voilier qui ont réussi à acheter un terrain (façon de parler, c’est inondé!) et se sont fixés là, alternant séjour ici et en Europe ou aux USA. Parmi eux, Fred, qui vend ses services en électricité/électronique de bord, et qui trouve la panne de notre AIS et répare le sondeur – super !

Quelques photo de l’ambiance de ces lieux, qu’on parcoure en annexe

des orchidées fixées sur les arbres
des sortes de trèfles d’eau, assez répandus, qui avec les nénuphars, forment un plan végétal flottant
le jacana, très commun, est doté de très longs doigts lui permettant de se déplacer sur les feuilles flottantes
les mayas se déplacent à la pagaie sur de petites pirogues ou sur de plus grands lanchas à moteur
le morpho, grand papillon assez commun, une vraie merveille quand il se déplace le long des canaux entre ombre et lumière

A Frontera ce n’est pas la même ambiance : c’est une grosse bourgade centre commerciale du secteur, bâtie le long de la route de la capitale, avec en parallèle une façade lacustre pleine de pontons pour les lanchas des habitants des lacs. L’étroite rue accueille plein de commerces mais aussi un gros trafic routier pleins de gros camions, qui bien que roulant au pas, aiment bien faire Broum Broum !

coté Rio Dulce, le petit marché aux poissons
toujours coté rio, les pontons et le trafic de lanchas, dont une partie sont des taxis

C’est toujours très animé et très bruyant ! En plus des magasins (dont un nombre impressionnant est lié à la téléphonie!), il y a plein de vendeurs ambulants, qui arpentent la rue dans un sens puis dans l’autre. La circulation est constante, gênée par l’étroitesse de la rue et les piétons, qui n’ont d’ailleurs pas de trottoirs !

Le secteur de Frontera est aussi un lieu très connu des voyageurs en voilier, car très protégé des cyclones qui frappent les Caraïbes. Il y a donc ici plein de petites marinas et de chantiers où laisser son bateau ou faire de réparations, avec beaucoup d’artisans, et surtout des tarifs très attractifs !

Le 20 juin, Babeth repart pour la France, bus jusqu’à Guatemala ciudad, puis vol pour Mexico et Paris. Je reste sur le bateau, avec un programme de petits travaux et d’entretien. De plus les violentes pluies d’orage mettent en évidence des fuites à différents endroits, c’est l’occasion de retravailler sur l’étanchéité ! Et faut pas croire que ça m’amuse…

pour trouver les fuites, il faut démonter les parois, l’isolant…

Mais ma principale préoccupation est quand même de chercher les bons spots sur le lac ! Là, je fais une sortie en annexe assez tôt matin avant la chaleur, et une en fin d’aprème sauf si orage. Mais les orages sont plutôt nocturnes, ce qui ne facilite pas le sommeil.

passage entre les palétuviers, aux racines mi aériennes mi aquatiques
une tortue d’eau douce, pas encore identifiée
la talève violacée, souvent sur les nénuphars
les petits canaux partant du lac mènent souvent à des parcelles ouvertes pâturées par des zébus ou des chevaux

Et de temps en temps, il faut revenir à la ville pour le ravitaillement ou pour acheter du matériel.

les femmes mayas en tenue traditionnelle

Une première série de photos ici