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Bonaire, Curaçao, Aruba

Ces trois îles sur la route de la Colombie font partie du royaume de Hollande, ce sont les Antilles néerlandaises, et à ce titre fréquentées principalement par les hollandais qui vont passer une semaine au chaud, mais aussi par les allemands qui sentent un air du pays, également par des américains qui font les Caraïbes, et des voiliers, c’est sur la route de Panama pour les tourdumondistes !

A Bonaire comme à Curaçao il y a des quais pour 2 paquebots de croisiéristes et ça fait du monde dans les petits centre ville contaminés par les magasins de souvenirs. Mais dès qu’on s’en éloigne, dans les faubourgs populaires ou la campagne, on retrouve une population très métissée d’origine africaine (liée à l’esclavage) et sud-américaine.

On ne voulait s’y arrêter que très peu de temps, mais c’était une escale primordiale pour faire réparer le pilote automatique, en panne depuis Los Roques. Bon, au bout de longs jours de recherche de la panne (électronique, électrique ou hydraulique ?), de contacts divers et pas toujours utiles, d’attente, un technicien a trouvé la panne, c’était le clutch !!! Bon-sang-mais-c’est-bien-sûr ! Pourquoi ne l’ai-je pas vu plus tôt ? En plus on avait la pièce de rechange à bord, pas besoin de commander en Europe (long, cher, etc) et voilà c’est réparé (c’est un résumé très succinct!)

une partie du pilote, située dans le coffre arrière : en haut le moteur électrique qui envoie l’huile dans le vérin, en bas. Grand jeu : celui ou celle qui trouve le clutch gagne une croisière dans les Caraïbes sur Nocciolino !

En prime les batteries du bateau ont lâché, il a fallu tout changer (des batteries changées en 2019 qui devaient durer au moins 10 ans…) heureusement on trouve ce qu’il faut ici, pas moins cher qu’en Europe mais avec un taux de change très défavorable dès qu’on paie par carte.

Ça commence à bien faire avec toutes ces pannes et problèmes techniques ! Et ça coûte trop cher !!!

On a quand même visité un peu l’île, qui n’est pas très attrayante, pas de belles montagnes ni de belle forêts, pas de beaux mouillages. Deviendrait-on difficiles ?

Le paysage ressemble en général à cela, et souvent avec plein de constructions. Quelques restes de forêts, l’île aurait été bien boisée avant l’arrivée des européens, qui se sont servis du bois pour la construction navale. Climat très sec, les faibles hauteurs ne suffisent pas à arrêter les nuages. Quasiment pas d’agriculture, tout vient de République dominicaine , Colombie ,USA et Canada.

Quelques lagunes retiennent une petite colonie de flamants rouges (d’Amérique), que viennent observer des flamands roses (peau blanche + coups de soleil!)

Le flamant des Caraïbes, un cousin de notre flamant rose

D’autres flamands nagent avec les tortues

sous l’œil goguenard des petits perroquets

Le cactus et roi, et la végétation est le plus souvent très épineuse, interdisant la balade hors sentier.

La capitale, Willemstad, est assez sympa, si l’on fait abstraction des touristes et de leurs magasins dédiés. Beaucoup de peintures murales, de simples petites maisons colorées dans les faubourgs

et de grosses maisons bourgeoises hollandaises, souvent détenues par des compagnies ou des hébergements pour les touristes venus en avion

Autour du centre ville assez restreint, d’immense banlieues et zones commerciales, dans lesquelles on trouve de tout, mais il faut chercher !

Deux trois choses assez marquantes, pas propres à ces îles mais qui font détester le genre humain : au mouillage, le manque de respect des bateaux à moteur et des moto-mer envers les autres usagers (passer à fond tout près des autres bateaux), et à terre la pratique quasi systématique du jeter d’ordures par la vitre des voitures… les bords de route ou les plages sont des décharges ! Pour un pays « civilisé »… Et sur la route, les hurlements des moteurs de motos ou voitures tunées, poussés à fond, pour frimer… quand changera-t’on de monde ?

juste à coté du panneau « keep your beach clean ». Et dans les palétuviers à coté c’est plein aussi !

En ajoutant des complications administratives très désagréables : il faut un permis pour les mouillages mais pour l’acheter c’est galère, les zones de mouillage sont strictement délimitées et on ne peut pas en changer, et les services de l’immigration, situés à perpette, qui n’acceptent pas de nous faire la sortie si on y est pas physiquement tous les deux… on a du y retourner ensemble ! Bref beaucoup de mauvais points pour ce pays !

Bon. Ça c’était pour Curaçao, Bonaire on n’y est quasiment pas restés et Aruba, on va juste faire un mouillage sur la route de la Colombie.

Mais on a quand même trouvé de chouettes coins, rencontré de chouettes personnes (à la marina Pierre sur Karma, qui nous a « rapproché » d’Oléron, et ses cousines Anne et Véro).

le caracara, gros rapace très courant et très visible

Las Aves (Vénézuela)

Deux groupes d’îlots coralliens en pleine mer, appartenant toujours au Vénézuéla, les Aves au vent et les Aves sous le vent. Après une petite journée de navigation en testant le régulateur d’allure, qui va remplacer le pilote HS, nous jetons l’ancre dans un mouillage que nous a indiqué Patrick. En plein contre la mangrove, qui abrite une importante colonie de fous à pieds rouges. Ces oiseaux, moins gros que nos fous de Bassan, pêchent en mer et se reproduisent en colonie dense sur les arbres. Des milliers d’oiseaux sous nos yeux, et comme on est en pleine période de reproduction, nous voyons facilement les grosses boules de duvet blanc des poussins

des bavardages incessants, surtout le soir quand une grosse partie des fous reviennent de la pêche en mer. Une odeur… prenante, mais tout ça ne nous fait pas fuir, on va au contraire rentrer en annexe dans un lagon cerné de mangrove pour les observer, dans la limite du dérangement, mais les oiseaux sont très calmes et nous laissent approcher

3 adultes dont 2 en plumage blanc, et un poussin. Cette espèce a en effet 2 type de plumages, le blanc étant minoritaire ici
un adulte plumage brun. Et pieds rouges bien sûr !

une estimation prudente, basée sur le linéaire de lisière de mangrove et sur la densité d’oiseaux constatée de près, nous fait estimer la population sur cette île à 14 000 individus. S’il y a des fous sur tous les arbres de la mangrove et non seulement sur le pourtour, ce chiffre sera largement dépassé !

le bihoreau violacé, un autre habitant de la mangrove

Nous discutons avec des pêcheurs sur leur lancha. Ils sont 8 là-dessus, pendant 1 mois, dans des conditions bien précaires ! Ils pêchent du poisson, de la langouste, des lambis.

les pêcheurs à l’atelier lambi, récupération de la bête, la coque reste sur place.

Nous leur apportons des biscuits (galletas) et du coca, on repart avec un plat de lambis.

t’as de beaux yeux, tu sais ?

Nous ne savons pas trop comment ils conservent leur pêche, mais on a trouvé plein de sacs de sel abandonnés sur la plage. A bord ils doivent n’avoir que très peu d’eau douce (et il n’y en a pas sur ces îles) et de vivres, ils doivent manger riz/poisson tous les soirs.

Nous passons une troisième nuit sur l’île de l’ouest des îles au vent (barlovento), encore un incroyable camaïeu de bleus, on n’en peut plus

l’île de l’ouest prise du haut du mat

et des fous bruns qui nichent sur tout le tour, difficile de les éviter !

Les Barlovento sont désertes, mais fréquentées de façon temporaire par les pêcheurs venus de la côte. Sur certains îlots on trouve des installations très sommaires qui semblent destinées à la préparation ou la transformation de leur pêche (découpe, séchage, salaison?)

Après 3 nuits nous déménageons sur les Aves sotavento, sous le vent, à 14 milles plus à l’ouest. Nous jetons l’ancre sous le vent d’un des îlots le plus au nord, protégés par des reefs, des hauts fonds de corail. Cette îlot est presque entièrement occupé par une grosse colonie de sternes fuligineuses, un très élégant oiseau répandu sur toutes les mers tropicales. De loin, on voit des milliers d’oiseaux en vol au dessus et aux alentours de l’île. Annexe à l’eau, nous allons voir cela de près. A peine le temps de faire quelques pas que nous voyons se pointer la barque des garde-côtes, qui occupent un poste permanent sur l’île la plus au sud. On revient à bord, un peu inquiets, on a entendu différents bruits sur leur comportement avec les bateaux de passage. On a même fait des provisions de gâteaux, bouteille de vin… Mais en fait, le chef, monté à bord, en tenue décontractée (pas d’uniforme mais armé) s’est contenté de nous signifier qu’on n’avait pas le droit de prendre des photos des gardes ni des pêcheurs (?!), a vérifié notre appareil sur lequel nous n’avions que les premières photos de sternes, et nous enjoint de repartir le lendemain, ne pouvant faire ici qu’une courte escale. Vu notre faible niveau d’espagnol, on a pas cherché plus (on aurait aimé rester quelques jours sur différents mouillages), et les garde-côtes repartis sans même nous demander nos papiers (!) on retourne voir les oiseaux.

Les adultes sont blancs et noirs, les poussins noirs ponctués de blanc. Ils se tiennent plus ou moins cachés dans les buissons épars ou sur les espaces sableux intermédiaires. Les adultes sont à la pêche en mer ou à la colonie, s’envolant régulièrement en ronde bruyante autour de l’île.

Très belle ambiance jusqu’au coucher du soleil ! Enfin… d’aucuns relèveront l’odeur tenace de poulailler industriel et le brouhaha permanent, même la nuit ! Pas grave, on n’y reste pas.

Étape suivante, les îles des Antilles néerlandaises, à une journée de navigation de là. Mais on quitte avec regrets ces espaces quasi déserts et si agréables du nord du Vénézuela, idéales pour nos voiliers, au climat presque tempéré, 25 la nuit 30 le jour mais toujours les alizés qui tempèrent la chaleur, beau temps presque permanent avec un grain de temps en temps, qui passe très vite. Même si on a pas pu en profiter pleinement, pour cela il faut aller sous l’eau, pêcher des poissons (on est toujours aussi mauvais, malgré la prise d’un beau barracuda) ou des langoustes.

Los Roques (Vénézuela)

C’est un grand archipel corallien, d’environ 40 km sur 20, avec un statut de parc national en pointillé. Certaines îles sont interdites, d’autres accueillent des structures touristiques très sommaires, mais les choses sont en train d’évoluer, semble-t-il, et il est fort probable que la protection contre les aménagements touristiques ne se transforme en alibi touristique. Il n’y a qu’un village sur l’archipel sur l’île de Gran Roque , un village de pêcheurs dont la moitié des maison a été transformé en « posadas » (hébergement touristique genre maison d’hôtes) de petite dimensions et charmantes, les rues du petit village sont en sable et il n’y a pas de véhicule, hormis pour les poubelles et la distribution de l’eau de l’usine de désalinisation. Quelques toutes petites épiceries et commerces pour touristes . Les commerçants et les posadas sont alimentés en nourriture et autre par un bateau tous les 15 jours, chacun ayant son petit réseau sur la côte.

De fréquentes liaisons aériennes avec Caracas amènent les touristes Vénézuéliens friqués qui viennent buller au soleil sur les plages de sable blanc des petites îles alentours. Le personnel des posadas les posent sur la plage avec sièges, matelas et parasols, boissons, casse-croûtes dans des mégas glacières, et reviennent les chercher en fin de journée quand ils sont cuits à point !

Mais tout ça réparti sur des kilomètres de plage reste assez léger, et dès que l’on s’éloigne de Gran Roque, les mouillages paradisiaques sont pour nous seuls !

Notre arrivée sur l’île a bien sûr donné lieu à passage par différentes administrations, la première est venue à bord refaire le même contrôle qu’à la Blanquilla, bien qu’on leur ait montré le compte rendu… qu’ils ont recopié !

le chef teste la radio VHF, photographié par son collègue

Pour finir le chef nous a montré une traduction google sur son smartphone, disant qu’il fallait lui donner un cadeau, comme une bouteille d’alcool… grblmblpffff ! Exécution, on préfère ne pas avoir trop d’ennuis…

La 2ème nous a « vendu » un test PCR, le notre étant un peu vieux. En fait un coup de tampon et une signature sur la feuille du dernier test a suffit pour le proroger ! 80 USdollars par personne quand même ! Enfin on a eu le résultat tout de suite (!) et… l’argent va à des locaux et non aux labos des multinationales (on trouve les arguments qu’on peut pour se consoler de se faire arnaquer!!!)

On passe encore 2 administrations dont celle du parc national, qui nous coûte le plus cher pour un permis de séjour de 15 jours. Au total 600 US dollars, mais pour le paradis, c’est donné !

Nous rencontrons Patrick et Luz, qui vivent ici sur leur catamaran, et qui nous ont été recommandés par des copains. Nous avions correspondu un peu avant de partir pour le Vénézuela, et leur avons même apporté une pièce pour le bateau, ici il n’y a rien, il faut tout faire venir des USA. Luz, qui est vénézuélienne, nous a efficacement aidé pour les démarches et Patrick nous fait un bon topo des mouillages à pratiquer dans ces dédales d’îles, avec des hauts fonds partout.

Enfin nous partons de Gran Roque, qui est très joli et sympathique

mais nous sommes impatients de découvrir les petites îles « désertes » et paradisiaques !

au mouillage derrière le reef

notre 1er mouillage face à l’océan, qui se brise sur la barrière de corail (la ligne blanche) et derrière des hauts fonds (le bleu turquoise). Les fonds (et les plages) sont souvent constitués de sable très clair, et la lumière du soleil révèle différentes nuances de bleu selon la profondeur de l’eau et la hauteur du soleil. Intensité maximale quand le soleil est proche du zénith !

Rien que de flotter sur ces couleurs est déjà enchanteur !

Une fois à l’ancre, nous prenons l’annexe pour nous promener près des pélicans, toujours prêts à se donner en spectacle

en plongée active !
ou au repos…

ou pour aller visiter à terre. Les palétuviers de quelques mètres de hauteur couvrent une partie des îles, impénétrables

et quand ce ne sont pas des palétuviers, ce sont des pelouses avec souvent des graminées pleines de graines très pénibles

quand on ne fait pas trop attention, ce n’est que de l’herbe…
mais chaque épis est dangereux !

il faudrait des chaussures spéciales genre chaussures de ski (pratiques sous les tropiques!)

restent les plages et leurs alentours immédiats : sable, un peu de roches issues des fonds de corail

cabanes de pêcheurs à Carenero

Sur certaines îles il y a quelques maisons de pêcheurs, qui sont parfois équipés pour servir des repas. Sur Carenero nous avons trouvé La Casa de Pain, chez Ephraïm, qui nous a servi un bon poisson (pargo) et une langouste, accompagnés de riz.

Très sympas, et en plus sa famille nous a montré comment préparer les lambis, ces énormes coquillages dont tout le monde se délecte sous ces latitudes

la bête à nu

les coques de lambis sont entassés en grand nombre sur les plages ou servent de décoration, de délimitation de sentiers, de sapin de noël etc.

le sapin de Noël à Gran Roque

le 4ème jour : panne de moteur ! Un moteur neuf, faut-il le rappeler ! On revient à Gran Roque, demander de l’aide à Patrick, qui est mécano de formation. Grâce à lui, on trouve la panne : un relais grillé, qui coupait tout le circuit électrique. On ne l’a pas remplacé, on l’a shunté, son utilité n’étant pas démontrée ! Autre panne : celle du pilote automatique, une des pièces maîtresses du bateau, celle qui nous permet de naviguer sur les longues distances sans tenir la barre. Là, pas de réparation possible ici, il faudra le faire dans les ABC (Aruba, Bonaire et Curaçao, les îles hollandaises à l’ouest d’ici).

Le lendemain c’est jour de ravitaillement, grand événement pour tous !

on fait le plein de frais, et on repart, après avoir passé un peu de temps sur internet dans les posadas qui nous laissaient gentiment nous brancher en wifi, pour prendre la météo, et essayer de préparer notre entrée dans les ABC… sans y parvenir. On improvisera, cette fois-ci…

Mais il nous reste encore une semaine à passer dans les lagons et à profiter les eaux bleues. Bien que le temps du week-end on voit arriver du monde sur les plages, la plupart du temps nous sommes seuls sur des immensités désertes. Sur Dos Mosquises a été installé un centre de sauvegarde de tortues, financé par une fondation. Nous y débarquons et les deux gardiens, très sympas, nous font visiter leur domaine

3 espèces sont présentes, qui viennent se reproduire sur les plages. Malheureusement nos trop maigres connaissances en espagnol ne nous permettent pas de tout comprendre. Le centre accueille aussi des équipes qui étudient la régression des coraux. Effectivement, nous n’avons pas vu de beaux fonds tapissés de coraux multicolores et peuplés de myriades de poissons comme à Grenade, mais nous n’avons que peu exploré sous l’eau. Par contre on voit beaucoup de restes de coraux morts sur les plages, mais sans connaissance de ces milieux, on ne peut en tirer de conclusion. Et aussi, il nous manque de quoi faire des photos sous l’eau, il y a quand même de belles choses

ces espèces de bigorneaux sont plutôt à l’air libre

Coté oiseaux, mis à part les pélicans toujours présents

fou brun, pélican brun et sterne royale

on peut observer plusieurs espèces de fous, les pieds rouges, le masqué et le brun. Il y a toujours quelques frégates pour essayer de piquer leur provende aux autres oiseaux, offrant des poursuites spectaculaires. Quelques sternes dont la royale, une grosse colonie de mouettes atricilles à Gran Roque, quelques espèces de hérons, dont le petit héron vert qui doit être commun dans la mangrove,

quelques espèces de limicoles comme le tourne-pierre à collier, présent partout et même venant mendier des miettes au resto !

huîtrier pie et tourne-pierre

Le balbuzard est présent partout et on a vu quelques faucons, à priori des pèlerins.

Sur les plages, nos pas font fuir des dizaines de lézards très sombres

et on trouve parfois de gros Bernard-l’hermite terrestres

Nos derniers jours à Los Roques ont été passés en présence de petites colonies de fous bruns, en pleine période de reproduction

un fou brun sans doute en train de couver ou sur un très jeune oisillon, sur un tapis de cette plante ressemblant à des salicornes
2 adultes et un poussin déjà grand, encore en duvet mais ses plumes alaires noires commencent à sortir

Le dernier jour, une barque s’approche de nous : un pêcheur nous propose une grosse langouste. Trop grosse pour notre casserole, du coup il nous en donne une plus petite. Cadeau ! Et il s’en va.

Arrivés au terme de notre permis pour le parc national, nous le quittons avec un mélange de regrets et d’envie de bouger.

une dernière, prise du haut du mât

La Blanqilla (Vénézuela)

Une île isolée au nord du Vénézuela, poste avancé des garde-côtes et étape des pêcheurs, qui n’y habitent pas mais y restent le temps d’une campagne de pêche et dorment dans des abris sommaires ou sur leur bateau. Nous y arrivons vers 17 h au bout de 35 heures de navigation en nous tenant bien au nord, et nous n’avons pas le temps de jeter l’ancre que la barque des garde-côtes démarre et s’apprête à nous accoster ! 3 hommes montent à bord dont un armé de fusil et gilet pare-balles. Le jeune officier se présente et nous dit qu’il va faire une inspection du navire. Nous échangeons un peu en anglais et un peu en espagnol, bon, on y arrive à peu près. Inspection à la fois documentaire (papiers du bateau, passeports, documents de sortie du pays précédent), physique (fouille légère à l’intérieur, on a l’impression que c’est plus par curiosité qu’autre chose ), et passage en revue de tous les équipements de sécurité obligatoires ou non. Ils nous annoncent qu’il nous manque un équipement radio, 1ère nouvelle, et que notre licence radio expire la veille, nous avons celle de 2022 mais pas imprimée. Je dois aller au poste à terre pour la récupérer en connexion wifi, finalement je ne reviens qu’à 19h30, avec leur papier d’inspection signé tamponné. Ouf, un peu stressant, bien que sur le mode cordial et « plus ou moins » bienveillant, on ne sait pas trop sur quel pied danser, dans un pays où le graissage de patte est monnaie courante, ce que nous n’avons jamais encore expérimenté. Nous en sommes pour 1 tablette de chocolat, des biscuits et quatre bières, ce qui n’est pas grand chose. Le chef, un gamin d’une vingtaine d’année, revient quand même le lendemain pour une autre tablette ! Sur cette île il n’y a aucun magasin, et de toutes façons ces militaires ne sont que très peu payés. Les pêcheurs, eux, nous échangent un barracuda contre un paquet de gâteaux.

Le lendemain nous changeons de coin, et prenons un mouillage désert au bord d’une plage surmontée de 3 cocotiers, genre paradisiaque

ce qui l’est moins, c’est la lande à cactus qui la surplombe ! Impossible de se déplacer sur cette île sans armure. Car l’espèce la plus représentée a armé l’extrémité de ses longs piquants d’invisibles ardillons, qui empêchent le dit piquant de ressortir une fois planté dans la peau ! Avec en prime un poison qui rend la piqûre extrêmement douloureuse Aïe aïe aïe !

ou alors pour se déplacer, il faut trouver une piste d’âne, car l’île est peuplée d’ânes sauvages

et l’âne est réputé pour manger des cactus, non ? Ah non, c’est des chardons, mais il n’y en a pas ici. Ils sont difficiles à voir, mais on les entend braire de temps en temps. Puis on va visiter la playa el americano, ainsi nommée car un américain avait construit une petite villa au bord, maintenant en ruine

le mouillage de l’americano, toute petite crique dans laquelle rentre la houle, rendant le mouillage inconfortable.

On reste 3 nuits ici, avant de repartir vers Los Roques, le vent et le courant nous y poussent – on pourrait ne pas mettre les voiles, on y arriverait quand même !

les frégates font toilette

Trinidad et Tobago

Deux îles situées au sud de Grenade, tout contre le continent sud américain, un petit état pétrolier, très copain avec les USA. On y va pour refaire peau neuve à la coque, à Grenade on pouvait pas, et des copains qui y étaient nous ont chaleureusement recommandé les chantiers ici à Chaguaramas.

Donc sablage des œuvres vives (sous la flottaison) par une entreprise spécialisée

et protection par une peinture époxy

puis on est passé à la réparation de la coque, le sablage ayant mis à jour quelques trous, dus à la rouille. Ici on a fait un travail assez complet, exigeant un démontage partiel des meubles, enlèvement de l’isolant et du doublage

sous la cuisine, une partie ouverte

découpage de la tôle et soudure de pièces

vu de l’extérieur – le réservoir d’eau… on ne peut pas le sortir sans démolir la cuisine !
la tôle neuve en place
autres trous
soudure des nouvelles tôles, par l’extérieur et l’intérieur.

Larry, notre très sympathique soudeur, a bien travaillé mais il fallait l’assister de différentes façons, en particulier en préparant les surfaces et en empêchant le feu de prendre pendant la soudure (l’isolant et des parties bois ne sont jamais loin). Donc plié en quatre la plupart du temps ! Et dans une chaleur… tropicale.

l’histoire dira que j’ai réussi à ressortir !
fin de chantier pour Larry

Puis peinture sur les parties nettoyées et ressoudées, et peinture finale avec antifouling sur l’extérieur (peinture spéciale pour empêcher l’agrégation sur la coque d’algues, de crustacés…).

Bon, et différents autres travaux, on va pas s’étendre, mais au final, on aura passé plus d’un mois à terre, avec des retards dus à la période des fêtes, à la pluie, à attendre des devis etc. Heureusement, malgré la chaleur et quelques moustiques, ce chantier est sympa, c’est même le meilleur qu’on ait connu !

Il y a des copains, des anciens et des nouveaux, qui travaillent aussi sur leur bateau (on est pas les seuls à avoir des trous dans la coque, hein Gaït?), avec qui on échange des infos, des méthodes de travail et des coups à boire !

Certains se tuent à la tâche, d’ailleurs (!)

malgré la consommation légale de cannabis (chacun a le droit de cultiver 4 pieds)

un magnifique pied de cannabis, entretenu avec grand soin et consommé sur place (on sentait les effluves depuis le bateau, dès le matin!)

Beaucoup de verdure, des arbres pleins d’oiseaux et d’iguanes, qui se donnent en spectacle autour du bateau

le chat et l’urubu (petit vautour très commun)
le quiscale merle, très commun et très familier

les jeunes sont vert vif

L’iguane est un animal extraordinaire, qui d’après une étude scientifique qui a du être harassante, passe 3 % de son temps à la reproduction, 1 % à la recherche de nourriture et 96 % à … ne rien faire ! Il vit essentiellement dans les arbres, est végétarien, il mange les feuilles de l’arbre dans lequel il habite, et descend parfois à terre pour brouter certaines plantes.

Présence aussi très bruyante d’amazones, gros perroquets vert vif qui se déplacent haut dans le ciel toujours par deux, et se posent à la cime des arbres.

Lundi 24 janvier, nous retournons à l’eau, à la bouée à 200 m du chantier. Nous louons une voiture pour faire quelques tours dans l’île, de façon très incomplète. Les montagnes sont couvertes de forêts, mais les plaines sont très urbanisées. Port of Spain, la capitale, ne présente aucun intérêt à part quelques maisons un peu anciennes et de grands parcs. Autre inconvénient ici : l’eau est vraiment pas terrible, en partie à cause des effluents des grands fleuves, mais aussi à cause de la concentration de chantier navals dans le secteur. Trinidad est un gros producteur de pétrole offshore, et tout tourne autour de cette industrie, tant pis pour l’environnement. Les gens ici sont les rois du pétrole, les moteurs tournent tout le temps, pourquoi les arrêter ? Et les motorisations sont surdimensionnées à l’extrême

3 x 350 chevaux pour cette petite embarcation de loisir

En fait nous avons hâte maintenant de repartir, car depuis notre retour dans les Caraïbes début novembre, nous avons surtout fait du chantier, et nous sommes assez fatigués. Donc nous partons demain pour les îles au nord du Vénézuela, principalement Los Roques, un archipel corallien très isolé et tranquille, loin de la pagaille et des dangers de la côte vénézuélienne ( pirates ), qu’il faut éviter.

Donc derniers préparatifs, hier on a fait notre test covid, rangement du bateau, lessive à la marina, plein d’eau et de victuailles, formalités administratives (immigration), vérifications techniques pour la navigation.