La vie en voilier

 

On a pas beaucoup raconté ça, mais ça nous occupe beaucoup !

Aller de criques en ports, sur une mer pas toujours accueillante, une météo pas toujours compréhensive – on voudrait du vent dans la journée, mais pas trop, style 10 à 15 nœuds, et dans la bonne direction s’il vous plait, et pas la nuit pour dormir tranquille…

Avant de partir si on est dans un port, ravitaillement en bouffe et en eau pour plusieurs jours, car ici les villages sont rares, et les épiceries parfois microscopiques. Si on est dans un port, on a l’électricité et on fait le ménage dans le bateau, à l’aspirateur comme à la maison. Et on va à la laundry pour la lessive. Il y a bien sûr des douches plus commodes que sur le bateau.

On a parfois aussi des connections internet, très utiles pour la météo. Et aussi mails et mise à jour du blog. On peut aussi écouter la radio française (pas de journaux français dans ces petites localités). Il faut en profiter, après c’est le désert.

On définit la ou les étapes suivantes, en fonction de la météo, et en étudiant les guides pour voyageurs en voilier, qui décrivent les côtes, les mouillages, les difficultés de navigation, les courants de marée. Ça et les cartes marines, qui sont sur l’ordi.

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Avec tout ça et le GPS qui nous place précisément sur la carte, la navigation devient facile !

Une fois partis, on hisse les voiles, et on laisse faire le vent. Une fois les voiles bien réglées, le pilote automatique tient la barre au bon cap, on se contente de surveiller ; on est pas tout seuls en mer,

29 env Tobermory Mull 03

celui la faut pas l'embeter
celui la faut pas l’embeter
les ferries de l'Ecosse
les ferries de l’Ecosse

mais les dangers liés à la côte (hauts fonds, récifs…) sont déjà repérés lors de la préparation à la navigation, et la route prévue en tient compte. En tâche de fond, on surveille donc si le bateau est sur sa route, ou si l’on change pour aller s’approcher de quelque chose (dauphins, oiseaux, curiosité sur la côte), on ré-évalue la situation. Si le vent change, en direction : il faut régler les voiles, en force : il faut modifier la voilure (augmenter ou diminuer la surface).

A part ça, quand tout est stable et clair, on bulle ! Le bateau avance à une vitesse de l’ordre de 5 à 10 km/h, donc ça laisse le temps.

La grande activité : quand on est près des côtes on se régale des paysages, mais dès qu’on est loin ou hors de vue : regarder la mer ! Et se laisser bercer par les mouvements du bateau et le bruit de l’étrave qui fend l’eau.

Bricoler, si ça ne bouge pas trop. Il y a toujours à faire. Réparer ceci, changer cela, régler ce truc, reserrer les boulons. Ou laver, ranger… Il y a beaucoup de choses qu’on devrait faire quand on est au port, mais alors on préfère aller se ballader. Donc…

Faire à manger, puis apéro et repas ! Et entre les repas, grignoter, café…

Trier et traiter les photos de jours précédents, pour le blog en particulier.

Et écrire des textes pour le blog ou les mails qu’on enverra au prochain point de connexion.

Chercher dans la doc les infos sur les mouillages, les endroits à voir, les abris en cas de coup de vent (pour les jours suivants, parce que pour la traversée en cours, c’est déjà vu)

Bouquiner

Faire de l’anglais (Babeth avec la méthode à Mimile)

Pêcher (à la traine, c’est pas très actif, ni très fructueux)

Ecouter de la musique en faisant des jeux à l’ordi (tout en gardant un oeil sur la carte marine en dessous)

ou … faire une sieste, allongé dans le cockpit. Suivie d’une deuxième.

 

Arrivés au mouillage, on tourne un peu pour trouver la bonne situation, la bonne profondeur (attention à la hauteur d’eau qui varie avec la marée) et on jette l’ancre en lachant 20 à 30 m de chaine.

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un à la barre, l’autre à l’ancre

On tire au moteur pour voir si ça tient, des fois on doit reprendre si l’ancre n’a pas accroché. Au bout de quelques essais infructueux il nous arrive de changer de coin. Parce que si ça tient mal, et que le vent se lève la nuit…. Angoisse !

Après, si l’on veut aller à terre : le cinéma de l’annexe ! Dans les petits trajets sur mer facile, on la tire derrière nous. Sinon on la remonte sur le pont, et bien arrimée. Elle pèse un âne mort, j’ai gréé un palan sur le mât pour la soulever. Si les trajets à faire sont un peu longs ou s’il y a du vent, on y rajoute son moteur, fixé sur le balcon arrière. Et rajouter la nourice, le réservoir d’essence. Et les rames. Une fois le moteur est tombé en rade au milieu d’un trajet ravitaillement, avec un fort vent, heureusement que les rames étaient là !

Une fois dans l’annexe pour aller à terre, on a pas toujours un accostage facile. Le mieux : un ponton pour petits bateaux, où l’on trouve toujours une place, un plan incliné de mise à l’eau, un quai. Sinon c’est la plage, les rochers, couverts d’algues et glissants… Si plage, il faut remonter l’annexe une certaine distance sur le sable (calcul de la remontée de l’eau en fonction du temps que l’on va passer à terre, et rajouter l’âge du capitaine!), et vu son poids, c’est bien dur pour nos pauvres articulations !

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15 Puilladobhrain et Clachan 02

 

Il est rare que l’on navigue la nuit, c’est réservé aux traversées sans étape possible, on préfère dormir au calme. Mais si c’est le cas, on s’organise pour se relayer à la navigation, les dernières fois on a partagé la nuit en 2 . Ici c’est bien, les nuits sont très courtes, le premier quart voit le crépuscule, l’autre voit l’aube.

le soleil se couche, on se prépare à la navigation nocturne
le soleil se couche, on se prépare à la navigation nocturne

La navigation de nuit, c’est très spécial. Inquiétant quand le vent et la mer sont un peu forts, cool quand tout est stable et relativement calme.

Le radar est mis en route, pour mieux voir les autres bateaux. Si la visibilité est faible, c’est essentiel, sinon les feux de navigation (ou autres lumières pour les gros navires) se voient bien, mais il faut être aux aguets. Le radar nous permets cependant de savoir exactement leur position et leur déplacement. Mais voir un gros machin évoluer à quelques milles de nous (ça fait quand même quelques km) est toujours angoissant. On préfère être seuls sur l’eau. A part ça, on fait la même chose que de jour, sauf qu’il y en a un qui dort. Sauf que de nuit, la vision de la mer, la perception des bruits, l’impression de vitesse sont changés. Et que pour compenser le manque de sommeil, le crépuscule et l’aube sont de grands moments.

et à la fin, le soleil se relève
et à la fin, le soleil se relève

En attendant la prochaine, on fait des sauts de puce (de mer) de loch en loch dans les Hébrides extérieures (Western isles) en Ecosse. Principales difficultés : les entrées parfois étroites et encombrées de rochers, et les courants de marée à bien apréhender.

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les 2 perches marquent le debut du rocher

 

 

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