Le Cap Vert

Et ça y est ! On a passé le Tropique du Cancer, et dans ses alentours les 19 000 milles depuis le départ ! (35 200 km). Ouais…, un peu fiers quand même ! 6 jours et demi, du vent tout le temps, essentiellement de travers, mais une mer croisée peu confortable, sauf durant 48 heures au milieu. On en a profité pour monter le régulateur d’allure, qui actionne la barre avec l’énergie de l’eau, car le pilote électrique consomme pas mal surtout dans une mer formée ; et comme on fait une route presque Sud, pendant la partie de la journée la plus ensoleillée, les panneaux sont à l’ombre de la voile, on n’arrive pas à recharger les batteries, c’est malin !

Pendant cette accalmie, une troupe d’une vingtaine de Stenos rostrés, de la famille des dauphins, vient jouer avec nous ! Spectacle assuré à l’étrave !

Puis le vent s’est remis à souffler, la mer à gronder, et la navigation à redevenir assez inconfortable ; Au petit matin du dernier jour, on a évité de justesse un petit cargo dont on croisait la route ; nous avait-il vu ? Si l’on n’avait pas fait une manœuvre ça aurait été chaud !

A l’approche de Sal on avait du 25-30 nœuds derrière, un petit bout de génois nous poussait à 6 nœuds. Puis on est petit à petit passés sous le vent de l’île, jusqu’au mouillage complètement protégé dans la baie de Modeira, ancre mouillée à 2h 45 du matin, vendredi 27 octobre ; le petit coup de prune habituel à l’arrivée de chaque traversée (et une pensée reconnaissante pour Bertrand!) et au lit !

772 milles au compteur, tout s’est bien passé, pas de casse pas de blessure (quand la mer est forte, le plus gros risque si l’on ne va pas sur le pont, s’est de se faire mal en se déplaçant à l’intérieur), aucun poisson pêché, alors que tous les autres n’ont pas arrêté : daurades coryphènes, bonites… là on est vraiment pas bons !!!

Dans la matinée, on se déplace pour mouiller dans le petit port de Palmeira, le seul de l’île.

Il faut faire les formalités administratives d’entrée, et le contrôle sanitaire, qui s’est résumé à la prise de température et au contrôle du test covid effectué aux Canaries. On a eu de la chance, en 2 heures c’était plié ! Ceux qui arrivent sans test peuvent attendre 4 jours le résultat, et s’il y a le WE au milieu…

Enfin, voilà, on est en Afrique (à la latitude de Dakar à peu près), contraste saisissant avec les Canaries, où l’on et toujours en Europe, à tous points de vue. Ici les gens sont quasi tous noirs, avec beaucoup de métissage, il y a aussi des immigrés d’Afrique de l’Ouest. Les vêtements, les coiffures, la nonchalance (« no stress » semble être devenue la devise du Cap Vert) font penser à l’Afrique.

Le pays est visiblement pauvre, et c’est sans doute plus marqué sur Sal, une île plate sans eau (il y a une usine de désalinisation), donc sans cultures. Routes non goudronnées, tout le monde n’a pas de moyen de locomotion, déplacements à pied ou avec des taxi-brousse, petits fourgons qui ne partent que quand 14 passagers se sont tassés dedans. Mais les gens sont très gentils et souriants, prêts à rendre service. De plus beaucoup parlent français ; heureusement car nous et le portugais ou le créole local…!

La pêche avec de petites barques est d’autant plus importante que l’agriculture est indigente. Tous les matins les pêcheurs débarquent leurs prises sur le quai et trient, préparent et vendent directement aux particuliers, aux restaurateurs, et une partie part dans le reste de l’île.

Covid oblige, il n’y a quasiment pas de touristes, à part ceux qui viennent en voilier. Nous sommes une douzaine de bateaux au mouillage à l’abri du môle, dont beaucoup d’équipages français. Ambiance super sympa, on se retrouve souvent dans les bars ou petits restos bon marché (3,50 € le plat du jour !) à échanger expériences et infos pour la suite du voyage. Et on fait marcher le commerce local, qui tire un peu la langue.

L’île est toute petite, 20 x 10 km environ, plate sauf quelques anciens petits volcans ; ambiance savane,

C’est désertique mais… les petits points noirs sont des vaches !

avec faune adaptée : pour les oiseaux : sirli du désert, courvite isabelle, moinelette à front blanc, ammomane élégante, pour le plaisir de nos yeux, enfin des espèces originales ! Au port, pas de goélands quand les petits pêcheurs rentrent et préparent le poisson sur le quai, mais des aigrettes des récifs ou garzette. Un couple de balbuzards pêcheurs circule par là, se perchant même à la cime d’un mât !

Le sel a fait en son temps la richesse de l’île. Il reste 2 salines dont une très originale dans un cratère, dont le fond est sous le niveau de la mer.

L’exploitation continue mais ça n’a pas l’air très intensif, peut être parce que c’est l’hiver ?

Hiver… façon de parler ! Température quasi constante autour de 23 – 25 °C, l’alizé souffle en permanence pour empêcher le soleil de chauffer trop fort dans la journée.

Voilà pour la première île. Ce soir nous partons vers l’Ouest pour Sao Nicolau, avant un coup de mauvaise mer qui descend du Nord. Le plein d’eau avec Jai, et on est parés.

 

3 réflexions sur « Le Cap Vert »

  1. Bravo pour cette traversée difficile avec apparemment une belle récompense à l’arrivée !

    L’hiver a commencé en Andorre depuis qqs jours et nous allons nous balader en raquettes. Tous les skieurs grimpent à pied avec leurs skis sur le dos et c’est très sympa de nepas avoir le bruit des remontées et le monde habituel. Ceci dit, le pays est vide et c’est un peu triste et très inquiétant économiquement.
    Gros bisous
    Sylvie

  2. Coucou les copains !
    Contents de vous savoir au Cap vert, cela veut il dire que la transat est proche ? En tous cas, on vous attend à Carriacou quand vous voulez 😉 on a transaté en avril, vous avez encore le temps
    Les FouFou GonGon

  3. Salut les marins,
    Ça fait un moment que je me dis : maisouquisont? Donc direction le bloc, c’est pourtant pas dur! Chouette que vous soyez au Cap Vert… profitez bien pour nous des mousses (des mousses, ha, ha) ou autre breuvage au bistrot et de bons petits plats locaux, lo(u)co?, et p’être bien aussi de musique en vrai, avec des gens en vrai, et des instruments en vrai (ça, qu’est ce que ça me manque). Je vous bise très fort (bise, ha, ha….je m’étonne!)

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *