Vers le Nord

Même si on monte « un peu vite », on lambine et on profite. Quand on voit sur la carte des « choses » comme ça

notre trace en trait continu – en beige les terres émergées, en bleu-vert celles qui émergent à marée basse, en bleu le profondeurs inférieures à 5m

on fait le détour. On sélectionne par ailleurs sur nos guides les endroits particuliers où s’arrêter.

L’archipel de Hyvaer fait partie d’un ensemble plus grand d’îles (6500 îles, ilots et brisants sur environ 30 km de diamètre). Ce périmètre est un site Unesco, classé pour ses paysages particuliers (mélange unique de sommets acérés – 793 m sur Vega et 432 m sur Seula – et des myriades d’îles très basses), pour sa géologie, pour ses populations d’oiseaux et pour le mode de vie des îliens.

L’archipel de Hyvaer, comme un certain nombre d’autres sur cette côte, ressemble à… une espèce de lapiaz géant inondé, de sorte que n’émergent que les parties somitales rabotées par l’érosion.

pris du point culminant (en haut du mat!), quelques îles d’Hysvaer et Seula au fond

Les îles et ilots font quelques mètres d’altitude, et hébergent entre autres l’eider à duvet.

eider à duvet mâle

Sur Hysvaeroyan, nous avons rencontré Albert, qui passe toute la belle saison sur son îlot, et comme les autres, attire les femelles eider pour récupérer un peu de duvet. Des petits abris sont construits et garnis d’algues séchées, pour les inciter à venir nicher. Il en a 120, si ma mémoire est bonne.

à gauche 2 abris en pierre recouverts d’algues. A droite un abri en bois.

Parfois il dépose dans le nid un faux œuf.

Albert nous a offert un œuf factice souvenir, dédicacé !

Puis la cane s’installe, et prélève du duvet de son ventre pour garnir le nid. En fin de nidification, les poussins vont à l’eau et les îliens récupèrent le duvet, le nettoient minutieusement et le vendent ou s’en servent pour eux. Albert nous a fait entrer dans sa maison et montré sa couette, faite d’1,2 kg de duvet provenant de 72 nids. A la vente une couette comme la sienne vaudrait de l’ordre de 5000 €. Le duvet d’eider est le plus chaud de tous . Albert ne le vend pas mais tout est donné aux membres de sa famille (lesquels participent au nettoyage du duvet, pendant l’été), chaque jeune recevant à un age donné, une couette qu’il gardera toute sa vie.

En fait, nous passons au moment le plus critique pour cet « élevage », car c’est maintenant que les femelles se décident à regagner les huttes pour pondre. Et donc aucun dérangement n’est toléré par les iliens, bref pas de ballade à terre ! Pas grave, on a bien discuté avec le très sympathique Albert, et le lendemain il nous aide à démarrer du ponton, contre lequel le vent nous pousse.

(il a entre autres évoqué le changement climatique, et la fonte des pôles entrainant une montée des eaux suffisante pour noyer ces îles basses…)

Le lendemain nous abordons l’île déserte de Hjartoey (ne nous demandez pas comment ça se prononce). Mouillage difficile après plus de 10 essais, finalement on trouve un fond qui accroche… quasiment dans la passe d’entrée de la crique ! Ballade à terre, dans un paysage magnifique avec en fond les sommets des Seven sisters, sous le soleil du soir, lequel dure très longtemps maintenant.

Nous découvrons une aire de pygargue à queue blanche, avec un adulte qui couve, des lagopèdes des saules – le mâle émet des cris d’un ridicule inégalé – des pluviers dorés ; les courlis chantent, le chevreuil gambade, le traquet motteux sautille, la bécasse croûle, les harles huppés nagent la tête sous l’eau pour chercher des poissons…

Le lendemain changement d’ambiance, retour de la pluie et du frais, après plusieurs jours de grand beau et presque chaud. On a pas bougé de la journée, à la douce chaleur du poêle. Une sortie sur l’île m’a quand même permis de photographier le mâle lagopède, d’un peu loin, mais l’ambiance y est. Cet oiseau est sédentaire, et l’hiver son plumage est entièrement blanc. Là il est est plumage d’été, mais quand il vole les ailes sont toute blanches.

Ah ! il faut ajouter que par contraste avec l’Écosse, nous déplorons très vivement l’absence de phoques, qui étaient présents presque à chaque mouillage. Les beaux paysages ne font pas tout ! Si quelqu’un pouvait faire quelque chose ?

Allez une petite dernière, de ce matin :

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