Au delà du cercle

Le 13 mai, à 13h25, Nocciolino et nous passons le cercle polaire arctique. Sur l’ilot de Vikingen, un monument marque le paysage.

Latitude 66° 32 minutes. Enfin… En fait c’est plus compliqué que ça, le fameux cercle n’est jamais à la même place. Je cite le blog de Balthazar (nous avons croisé ce bateau et son sympathique capitaine l’année dernière à Stornoway) – Balthazar :

Tiens au détour de notre route qui se poursuit toujours entre des îles surgit, sur un îlot désolé, une grande mappemonde en cercles d’aciers figurant la terre, ses parallèles, ses méridiens et son axe Nord, Sud de rotation incliné. Un parallèle épais représente le cercle polaire arctique que nous franchissons maintenant par 66°34’.

Féru d’astrophysique et de l’observation du ciel, Bertrand, aidé par un petit livre de cosmographie qu’il a donné à la bibliothèque du bord, nous rappelle que se faire photographier en franchissant le cercle polaire n’est pas une opération à la portée de tout le monde. Aussi il nous fait une piqûre de rappel :

– nous savons que la terre tourne comme une toupie dont l’axe de rotation tourne lentement (en 25700 ans) en décrivant un cône de révolution de demi angle au sommet égal à l’obliquité de l’écliptique soit actuellement 23°26’ (l’obliquité de l’écliptique est l’angle d’inclinaison de l’équateur terrestre par rapport au plan de l’écliptique, plan de la trajectoire décrite par la Terre autour du Soleil). C’est ce que l’on appelle la précession des équinoxes.

– or l’obliquité de l’écliptique décroît d’environ 1’ par siècle ce qui veut dire qu’il faudrait déplacer le monument que nous doublons de 1852m ou un mille chaque siècle

– mais, ce serait trop simple, l’axe de rotation de la terre perturbée par la lune, décrit des festons autour de la position moyenne ; c’est ce qu’on appelle la nutation de l’axe de la Terre). Une des conséquences est que le cercle polaire oscille de 284m à la surface terrestre.

Nous concluons de tout cela que pour arroser ce franchissement à coup sûr il nous faut osciller largement ! C’est ce que nous faisons après avoir significativement dépassé le monument dont nous ignorons la date d’érection.

N’ayant pu débarquer sur ledit ilot, nous l’avons fait sur l’ile suivante, pour immortaliser par une photo le passage du cercle, marqué par une corde tendue dans le paysage.

Et nous avons constaté la nette différence de climat d’un coté et de l’autre de ce cercle, c’est stupéfiant !

photo garantie sans trucage

Lundi 21

Coincés par le mauvais temps, vents forts, pluie et froid, depuis 2 jours. Oh, on est pas malheureux ! Le bateau est dans une petite pièce d’eau entourée d’îlots charmants, contre l’île de Soeranoeya, amarré à un vieux ponton de bois, débouchant d’une grosse bâtisse en bois (peinte en rouge), anciennement un resto, plus anciennement encore un centre de traitement de la morue, en témoigne le grand séchoir en plein air juste à côté.

photo avant l’arrivée du mauvais temps

Le ponton est pourvu d’eau et d’électricité, comme cela nous nous chauffons au petit radiateur d’appoint du bateau. Et ici c’est du renouvelable, à 90 % hydroélectrique.

L’amarrage doit être bien réalisé, comme le prévoyait la météo le vent souffle à 20 – 30 nœuds, et l’anémomètre a mesuré des rafales à 56 N (100 km/h). Le ponton n’est pas équipé de taquets d’amarrage solidement fixés mais de sortes de rampes en bois, clouées ou vissées… On a doublé les points d’ancrage en les répartissant pour diviser la traction, et ça a tenu.

La maison rouge abrite des sanitaires, chauffés (!), mais pas de douche. On se sert de celle du bateau, très exiguë. On passe le temps en lisant, tricotant, tapotant le clavier (4G permanente), mangeant, dormant etc, tout en surveillant les phoques qui viennent chasser par là, et les hirondelles rustiques qui ont élu domicile dans l’ancien resto, et qui, elles, sortent même par mauvais temps.

Sinon, on a vu personne.

Quelques jours plus tôt, nous étions au pied d’un des plus grands glaciers d’Europe, le Svartisen, dont une langue vient quasiment lécher la mer au fond du Holandsfjord, accessible uniquement par le mer.

Une petite rando sous le soleil nous a permis d’aller toucher la glace et de se promener sur l’extraordinaire plancher rocheux du glacier, qui comme tous, recule sous l’effet du réchauffement.

la roche polie comme le marbre de notre salle de bain

Amusant : le temps que nous sommes restés à ce ponton, 2 navires de croisière « de luxe » vers les mers glacées – Spitzberg – ont débarqué leur clients pour une visite du site.

… Panne du pilote automatique ! Sans doute due à la défaillance du capteur d’angle de barre, en tous cas on l’espère, car ce serait une pièce pas trop chère à remplacer. En attendant de rejoindre la ville de Bodo où on pourra réparer, nous tenons la barre en faisant de plus petites étapes, entre les îles très montagneuses, offrant des paysages impressionnants, et d’autres plus plates et plus douces.

Sur l’île de Fugloey, illustration de l’importance de la morue dans la vie locale.

Les poissons sèchent en plein air, mais on ne sait pas encore comment ils consomment ce truc !

Sur celle de Soervaeret, archipel de Fleinvaer, une architecture renouvelée !

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