Galères de voyage

Nous quittons enfin Kristiansund, après 5 jours d’attente du mécano et de temps passé dans la cale moteur. Le vendredi précédent en fin d’après midi, en route vers le sud sous moteur avec le génois déroulé (un tout petit vent arrière), la pompe à eau de mer, organe essentiel pour le refroidissement du moulin, s’est arrêtée. Constaté par hasard, une grosse fumée blanche sortant du pot d’échappement, sans eau. Stop moteur immédiat, température 100°… Simultanément, le ciel très noir devant nous se rapproche, nous fond dessus :

une queue d’orage, coup de vent brusque et pluie, moi le nez dans le moteur et Babeth qui assure à la barre (enrouler le génois en vitesse et se laisser dériver, pas sans danger car nous sommes dans un fjord entre des îles). D’un coté, le ciel noir passe, le coup de vent s’estompe et nous pouvons remettre de la toile, pour avancer un peu dans le bon sens. De l’autre coté, je diagnostique la panne : rupture de l’entraîneur de la pompe, il faut aller en ville… à la voile. Le moteur peut marcher, mais uniquement tant qu’il n’a pas atteint la température de fonctionnement, ça peut aider pour une entrée de port, un amarrage, pas plus. En attendant le vent est retombé, et un léger courant nous fait reculer ! La météo nous prévoit un petit vent favorable dans la nuit, qui devrait nous permettre de rejoindre Kristiansund à 15 milles de là. OK on décide de ne pas lancer de « pan pan » à la radio, appel à l’aide pour remorquage, qui pourrait nous coûter fort cher. En plus on est quasiment seuls dans le secteur. On s’installe pour la nuit, toutes voiles dehors, Babeth prend le premier quart, pendant lequel les voiles pendent lamentablement (recul dû au courant) ou nous permettent d’avancer un tout petit peu par un petit souffle arrière.

notre trace en rouge. Lecture dans le sens de l’avancement, de droite à gauche.

Quand je prend mon quart vers 2 h, on a quasiment pas bougé. Mais la météo ne nous lâche pas, un petit vent se lève enfin et nous pousse vers le but, lentement d’abord puis à la prodigieuse vitesse de 4 nœuds ! Nous arrivons au port de Kristiansund à 8h30, poussé par un vent correct, grand voile affalée et génois diminué pour régler la vitesse, jusqu’au ponton d’accueil. Ouf !

Commande des pièces moteur au concessionnaire Volvo, c’est pas trop grave et je peux réparer moi même. Par contre je découvre qu’un silent-bloc du moteur a cassé, ça c’est plus embêtant ! Nous découvrons aussi que la pièce cassée est en stock dans notre réserve de pièces détachées, ça c’est la bonne surprise ! Pas besoin de la commander (cher et délai supplémentaire), quand à la pose, vu le temps de travail assez long (remplacer la pièce c’est rien mais il faut ré-aligner le moteur et l’arbre d’hélice) et coût de la main d’œuvre ici, 125 €/h, je me lance dans le chantier. Mercredi 15, tout est fini, on fait les pleins et on y va, 5 jours après notre arrivée.

Mais on a quand même profité de cette petite ville, une des capitales du klippfisk, le cabillaud (morue) salé et séché, pour être exporté dans le monde entier.

au musée du Klippfisk (fisk = poisson, pas autre chose !)
au musée du Klippfisk : le nu au pays de la morue !

Allez après on arrête de parler morue !

Il y a aussi une vivante association de restauration de bateaux anciens, avec des ateliers et des rampes de mise à l’eau comme autrefois.

le ber qui soutient le bateau glisse sur des rampes en bois graissés à la graisse de mouton

Dix jours avant c’était l’ordinateur de bord qui nous lâchait. Un bug de Windows semble-t-il après le changement de la pile alimentant l’horloge. L’ordi contient la cartographie reliée au GPS, instrument indispensable à la navigation ! Nous joignons Sandnessjoen, la première ville un peu importante, là une première intervention d’un spécialiste permet de redémarrer Windows et nous repartons le même soir. Mais 2 jours plus tard ça recommence.

ben il est où le problème ???

Nous allons à Trondheim, 4ème ville de Norvège, que nous comptions visiter. Malgré l’intervention de 2 spécialistes, l’ordi refuse de redémarrer Windows. Nous décidons alors d’acheter un ordi portable d’occasion, sur lequel on nous installe notre disque mémoire (un SSD de 500 Go), qui contient toute notre vie ! (on avait une sauvegarde, mais pas toute récente). L’ordi, ce n’est pas que la navigation (on a une solution de rechange sur tablette, mais moins efficace), c’est aussi toute notre mémoire, la musique, les films, les photos etc, vous voyez, quoi ! On doit quand même réinstaller différents logiciels, merci Eric qui nous a aidé, de loin !

le nouvel ordi, installé et fixé solidement sur la table à cartes

Nous avons tout de même profité de la ville qui est très sympa, avec beaucoup de maisons en bois peint, des petites ruelles plus ou moins animées,

et le célèbre ascenseur à vélo, un vrai casse gueule !

réussira ? Réussira pas ?
un coin rétractable monte le long du rail, il faut arriver à garder le pied dessus, la jambe bien raide

Ces ennuis nous ont fait perdre pas mal de temps et miné le moral. De plus la confiance dans le moteur est mise à mal et dans cette redescente vers le sud, on en a beaucoup besoin car on a un courant contraire et beaucoup de vent contraire également.

Dommage car la nature est magnifique en ce moment : les bruyères ont fleuri et les petits fruits permettent de se nourrir en se promenant !

le fruit de la ronce des marais, multe ici, lakka en Finlande
la myrtille

et on a pas le temps de bien en profiter, on doit tracer vers Bergen pour accueillir Valentine, Chiara et Manu. Et ce week end, on ne bouge pas, une petite tempête, vent de 25 nœuds hier, 30 à 35 aujourd’hui (rafales jusqu’à 45), nous fait prudemment rester au petit port de Runde.

dans le port de Runde, les anciens entrepôts
et la mer dehors !

Une réflexion sur « Galères de voyage »

  1. No comments ? no news ?
    Que devenez-vous ? si tu veux nous appeler….nous aimerions bien avoir quelques nouvelles….
    Et nous vous embrassons très fort

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