En route pour les San Blas

Et ben ? Vous parlez pas de la Colombie ?

Bah si, mais une partie de notre séjour a été occupé à retrouver une annexe, tâche assez compliquée ici (en France en 2 jours et sur le bon coin on trouvait notre bonheur pour pas trop cher), tout ceci nous maintenant dans une morosité peu commune.

Santa Marta, une des grosses villes de la côte caribéenne (500 000 hab), dotée d’une des seules marina du pays, qui peut accueillir des bateaux de passage. Les autres bateaux présents sont essentiellement des professionnels qui emmènent leurs clients sur le plages alentours, avec des prestations plus ou moins sophistiquées. Une constante : alcool et musique à fond !

Passons sur la recherche d’annexe, infructueuse ici (si l’on excepte ceux qui essaient de nous vendre 3000 dollars leur dinghy pourri!). La ville est jolie, bien qu’assez sale et malodorante, assez touristique mais surtout fréquentée par des colombiens, qui viennent à la mer.

la plage à coté de la marina

il faut dire qu’on y était pendant la semaine sainte !

Il y a un petit quartier près du port où on ne trouve que des restos et bars plutôt branchés et très fréquentés, mais dès qu’on s’en éloigne on trouve la ville où les touristes ne mettent pas le pieds, avec des rues très commerçantes, encombrées et très bruyantes (les pip pip incessants des 2 roues et des voitures). Le rues sont bordées de magasins, et les trottoirs occupés par des micro commerces ou artisans réparateurs de tout.

réparateur de ventilateurs, un métier vraiment utile

L’architecture de style colonial peine à ressortir, sauf sur les quelques places

Et pas loin de Santa Marta se trouve la Sierra nevada et ses sommets à plus de 5700 m. On a trouvé à coté de Minca un super gîte perché dans ses contreforts pour aller se mettre au vert pendant 3 jours. Un vrai bonheur, l’emplacement du gîte sur une crête dans la forêt, les super repas bio et végétariens tirée de leur ferme à coté, la famille amérindienne Wiwa juste à coté, les oiseaux partout, la ferme à coté productrice de cacao et de café, et l’oubli des soucis !

petit déjeuner au balcon
colibri sous notre nez

Retour au bateau… trouver une annexe… on a bien une piste à Barranquilla, mais pas claire (revente d’annexes volées ? – prix assez élevés pour de l’occase pas reluisante). On part pour Carthagène où il y a plus de voiliers, plusieurs marinas, des magasins de matériel.

Le passage de cette partie de la côte colombienne, réputée difficile, se passe sans problème par un vent soutenu mais portant, et une mer modérée (quand on attend le pire, on trouve les mauvaises conditions acceptables!).

Cartagena

Assez surprenante au premier abord, puisqu’on ne voit que ces tours, de loin.

Mais il y a la ville historique, ancienne capitale de l’exportation des richesses de l’Amérique du sud vers l’Europe. Malheureusement pleine à craquer de touristes, de magasins à touristes et des vendeurs de rues que veulent te vendre leurs babioles (s’agirait-il de la bimbeloterie apportée par les blancs pour acheter l’or ?). Nous n’avons fait que 3 sorties en ville, ont 2 le soir quand la chaleur de la journée est un peu retombée. Il y a quand même dans les rues des vendeurs d’agréables jus de fruits frais, voire de coctelles, de la cuisine de rue, des spectacles de rue, tout ça bien agréable.

cuisine de rue
jus de fruits

A la marina de Cartagène, on a aussi pu re-nettoyer le réservoir de gasoil, encore une fois gagné par les bactéries, qui obstruent l’arrivée de gasoil au moteur, juste au moment où on en a besoin !!! (entrées dans les marina ou dans les mouillages)

dans le réservoir de gazole, les dépôts dûs aux bactéries
Néné et Vladi au nettoyage

et on a racheté une annexe, neuve, sans marque tellement ils en ont honte, faut croire, mais quand même chère (2 fois plus que la moins chère en France)

et un petit moteur Suzuki neuf de 2,5 cv, bon on testera ça dans les îles !

Le 6 mai, on part de Cartagena, pour quelques îles au sud, puis pour les San Blas, un chapelet d’îles peuplé par les Kunas, le long de la cote du Panama. Sans connexions internet.

En route pour la Colombie

Nous n’avons mouillé à Aruba, une des îles des Antilles néerlandaises (les ABC), que pour s’y reposer une nuit. Le mouillage est pourtant idyllique : bien protégé de la houle mais bien venté, et surtout en bout de piste de l’aéroport très actif, les avions qui atterrissent passent presque sur le bateau ! Pas loin des plages très bruyantes avec sono, de la route avec des abrutis font des runs en moto hurlante, et sur le trajet des bateau-taxis desservant un ressort sur l’île qui ferme la lagune, ne se gênant pas pour passer tout près du bateau, le faisant danser joyeusement… Ceci dit la nuit a été tranquille.

Le nord de cette île est couvert d’importantes infrastructures touristiques tandis que le sud est très industriel, avec entre autres une grosse raffinerie… abandonnée ! A t-elle subi le même sort que celle de Curaçao, construite par Shell pour raffiner le pétrole vénézuélien, puis rachetée un dollar symbolique par Curaçao – à priori à cause de gros problèmes de pollution – et ensuite exploitée par le Vénézuela jusqu’en 2019, date à laquelle les américains ont torpillé le renouvellement du contrat dans le cadre du blocus de ce pays, laissant sur le carreau un millier d’ouvrier. Le Vénézuela a beaucoup de pétrole, mais n’en raffine que peu ou pas sur son territoire et se trouve du coup dans une situation de pénurie qui renforce la situation dramatique de ce pays, qui doit trouver des fournisseurs comme l’Iran, qui contournent le blocus américain ! (NB : les raffineries des ABC sont à 50 km de la côte vénézuélienne!)

la raffinerie de Curaçao, à l’arrêt, vue depuis le bateau à la marina. Au moins ça pue pas !

La côte colombienne est réputée difficile, à cause de conditions météo plus sévères qu’ailleurs et d’une mer qui peut devenir très mauvaise, dans certaines conditions. D’après les textes que nous consultons, il vaut mieux partir par petit temps, mais nous scrutons la météo depuis longtemps sans voir arriver ces conditions favorables. Nous avons décidé de partir quand même, le vent portant étant moins pénible, le trajet jusqu’au Cabo de Vela étant assez court, 130 milles soit environ 24 heures, si c’est difficile ce ne sera pas trop long…

Nous partons en tout début d’après midi, vent arrière de près de 30 nœuds (20 annoncés), sous voilure très réduite, grand voile à 3 ris et génois sur tangon bien arrimé pour que rien ne bouge, on avance quand même à 8 nœuds !

La mer n’est pas mauvaise, les vagues, même courtes et un peu abruptes viennent bien par l’arrière et tout se passe bien. Le vent faiblit peu à peu, et au coucher du soleil nous n’avons plus que 20 à 23 nœuds, les vagues nous viennent bien un peu sur la hanche donc ça roule mais on a eu pire.

Pendant la nuit le vent a encore faiblit si bien qu’on n’avançait plus qu’à 4 nœuds, et au petit matin on avait déroulé le génois en entier (la grand-voile restant arrisée au maximum pour ne pas se compliquer la vie). Pendant une période la mer a semblé plate, bref tout bon ! Le vent a repris du poil de la bête en milieu de matinée, on a peu à peu réduit le génois, toujours sur tangon, pour finalement retrouver un vent arrière de 30 nœuds et même plus dans les rafales, mais tout est sous maîtrise (les vrais marins vous diront que 30 nœuds, c’est pas du gros temps, nous on préfère moins).

quelques photos « en pleine mer » ne font pas de mal (de mer)! Remarquez que le pilote fonctionne !

On tourne le Cabo vers 16 heures et on met le moteur pour remonter le vent et s’approcher du mouillage dans une immense baie… mais, bientôt ça ratatouille, le moteur ne marche plus qu’au ralenti ! Et n’a pas assez de puissance pour remonter le vent, qui nous entraîne loin de la côte ! Bon, bien qu’à ½ mille du rivage les fonds sont encore hauts et on peut jeter l’ancre, le bateau s’arrête mais le clapot généré par le vent est assez important. Assez découragés par ces problèmes de moteur (neuf!), on se pose un peu – rangement, bière, analyse de la situation – et on regarde pourquoi ce bourrin ne veut plus travailler. Cause trouvée : une petite boulette de saloperie dans la tuyauterie du pré-filtre à gasoil !!! Grrrr ! Le réservoir a été vidé et nettoyé par des pros à Trinidad ! Bon, nettoyage, un filtre neuf et ça marche. On relève donc le mouillage pour s’approcher du rivage et on jette l’ancre dans de meilleures conditions à 200 m du rivage, on ne peut aller plus près par manque de profondeur supposée.

Nous sommes en territoire colombien, à l’extrémité de la péninsule de Guajira, chez les Wayuu. Une région isolée mais qui s’ouvre de plus en plus au tourisme «  d’aventuriers … »

Des pêcheurs circulent dans le secteur et nous proposent leur pêche, le premier jour nous leur prenons une belle bonite et le deuxième une langouste, payés avec quelques pesos que nous avions et quelques dollars.

(le cours du peso colombien : 1 € = 3750 Pec, 1 million de Pec = 244 €)

Les pêcheurs ont soit très peu de moyens, et se servent des petites barques traditionnelles taillées dans un tronc, sans moteur, soit de barques plus grandes (4 à 6 m) équipées d’un antique moteur in-board monocylindre, poum poum poum, et rarement d’un hors-bord moderne.

une barque-tronc

Nous allons faire un tour à terre, traversant le hameau près duquel nous sommes ancrés, presque toutes les maisons donnant sur la mer ont été très récemment transformées en hébergements rustiques, très rustiques pour touristes. La péninsule du Cabo est très sèche, désertique même, mais on y trouve des chèvres et des moutons, en liberté. Ça change des ABC !

Plus loin dans la baie, c’est un spot de kiteurs, avec 2 ou 3 écoles de kite-surf, et plein de petits restos et posadas qui se partagent une maigre clientèle (on est hors saison?) en offrant la pêche locale. Une rue principale en terre,

des constructions légères la plupart en palme, mais la tôle est présente de même que la parpaing.

le spot de kite, les vendeurs d’artisanat local, sacs et bracelets brésiliens , – la mère et le gamin – et, remarquez, notre annexe…

La nuit suivante, on nous vole notre annexe attachée derrière le bateau ! (avec le moteur et la nourrice). La veille on avait oublié de la cadenasser comme d’habitude, à la fois insouciance et confiance dans l’atmosphère bon-enfant du pueblo. Là, c’est la grosse tuile ! On ne peut plus aller à terre, l’annexe est le complément indispensable du voilier, à moins de n’aller que dans des marinas, ce qui est inenvisageable ! Nous hélons des pêcheurs de passage, qui nous emmènent au pueblo pour aller demander l’aide de la police. Et après avoir passé une heure au poste (un tout petit poste mais grand pour l’importance de la population – on est en Colombie pas bien longtemps après une longue et horrible guerre civile), puis déambulé dans le village pendant quelques heures, en racontant notre mésaventure à droite et à gauche, on se fait ramener au bateau, pour attendre…, le moral dans les chaussettes, bien sûr !

En sept ans, c’est la première fois qu’on nous vole quelque chose, mais là c’est fort ! Et ça nous coûtera encore une blinde, même si on rachète moins gros (et moins bien), et encore, si on trouve, à Santa Marta, l’étape suivante. Sinon à Carthagène…

Bonaire, Curaçao, Aruba

Ces trois îles sur la route de la Colombie font partie du royaume de Hollande, ce sont les Antilles néerlandaises, et à ce titre fréquentées principalement par les hollandais qui vont passer une semaine au chaud, mais aussi par les allemands qui sentent un air du pays, également par des américains qui font les Caraïbes, et des voiliers, c’est sur la route de Panama pour les tourdumondistes !

A Bonaire comme à Curaçao il y a des quais pour 2 paquebots de croisiéristes et ça fait du monde dans les petits centre ville contaminés par les magasins de souvenirs. Mais dès qu’on s’en éloigne, dans les faubourgs populaires ou la campagne, on retrouve une population très métissée d’origine africaine (liée à l’esclavage) et sud-américaine.

On ne voulait s’y arrêter que très peu de temps, mais c’était une escale primordiale pour faire réparer le pilote automatique, en panne depuis Los Roques. Bon, au bout de longs jours de recherche de la panne (électronique, électrique ou hydraulique ?), de contacts divers et pas toujours utiles, d’attente, un technicien a trouvé la panne, c’était le clutch !!! Bon-sang-mais-c’est-bien-sûr ! Pourquoi ne l’ai-je pas vu plus tôt ? En plus on avait la pièce de rechange à bord, pas besoin de commander en Europe (long, cher, etc) et voilà c’est réparé (c’est un résumé très succinct!)

une partie du pilote, située dans le coffre arrière : en haut le moteur électrique qui envoie l’huile dans le vérin, en bas. Grand jeu : celui ou celle qui trouve le clutch gagne une croisière dans les Caraïbes sur Nocciolino !

En prime les batteries du bateau ont lâché, il a fallu tout changer (des batteries changées en 2019 qui devaient durer au moins 10 ans…) heureusement on trouve ce qu’il faut ici, pas moins cher qu’en Europe mais avec un taux de change très défavorable dès qu’on paie par carte.

Ça commence à bien faire avec toutes ces pannes et problèmes techniques ! Et ça coûte trop cher !!!

On a quand même visité un peu l’île, qui n’est pas très attrayante, pas de belles montagnes ni de belle forêts, pas de beaux mouillages. Deviendrait-on difficiles ?

Le paysage ressemble en général à cela, et souvent avec plein de constructions. Quelques restes de forêts, l’île aurait été bien boisée avant l’arrivée des européens, qui se sont servis du bois pour la construction navale. Climat très sec, les faibles hauteurs ne suffisent pas à arrêter les nuages. Quasiment pas d’agriculture, tout vient de République dominicaine , Colombie ,USA et Canada.

Quelques lagunes retiennent une petite colonie de flamants rouges (d’Amérique), que viennent observer des flamands roses (peau blanche + coups de soleil!)

Le flamant des Caraïbes, un cousin de notre flamant rose

D’autres flamands nagent avec les tortues

sous l’œil goguenard des petits perroquets

Le cactus et roi, et la végétation est le plus souvent très épineuse, interdisant la balade hors sentier.

La capitale, Willemstad, est assez sympa, si l’on fait abstraction des touristes et de leurs magasins dédiés. Beaucoup de peintures murales, de simples petites maisons colorées dans les faubourgs

et de grosses maisons bourgeoises hollandaises, souvent détenues par des compagnies ou des hébergements pour les touristes venus en avion

Autour du centre ville assez restreint, d’immense banlieues et zones commerciales, dans lesquelles on trouve de tout, mais il faut chercher !

Deux trois choses assez marquantes, pas propres à ces îles mais qui font détester le genre humain : au mouillage, le manque de respect des bateaux à moteur et des moto-mer envers les autres usagers (passer à fond tout près des autres bateaux), et à terre la pratique quasi systématique du jeter d’ordures par la vitre des voitures… les bords de route ou les plages sont des décharges ! Pour un pays « civilisé »… Et sur la route, les hurlements des moteurs de motos ou voitures tunées, poussés à fond, pour frimer… quand changera-t’on de monde ?

juste à coté du panneau « keep your beach clean ». Et dans les palétuviers à coté c’est plein aussi !

En ajoutant des complications administratives très désagréables : il faut un permis pour les mouillages mais pour l’acheter c’est galère, les zones de mouillage sont strictement délimitées et on ne peut pas en changer, et les services de l’immigration, situés à perpette, qui n’acceptent pas de nous faire la sortie si on y est pas physiquement tous les deux… on a du y retourner ensemble ! Bref beaucoup de mauvais points pour ce pays !

Bon. Ça c’était pour Curaçao, Bonaire on n’y est quasiment pas restés et Aruba, on va juste faire un mouillage sur la route de la Colombie.

Mais on a quand même trouvé de chouettes coins, rencontré de chouettes personnes (à la marina Pierre sur Karma, qui nous a « rapproché » d’Oléron, et ses cousines Anne et Véro).

le caracara, gros rapace très courant et très visible

Las Aves (Vénézuela)

Deux groupes d’îlots coralliens en pleine mer, appartenant toujours au Vénézuéla, les Aves au vent et les Aves sous le vent. Après une petite journée de navigation en testant le régulateur d’allure, qui va remplacer le pilote HS, nous jetons l’ancre dans un mouillage que nous a indiqué Patrick. En plein contre la mangrove, qui abrite une importante colonie de fous à pieds rouges. Ces oiseaux, moins gros que nos fous de Bassan, pêchent en mer et se reproduisent en colonie dense sur les arbres. Des milliers d’oiseaux sous nos yeux, et comme on est en pleine période de reproduction, nous voyons facilement les grosses boules de duvet blanc des poussins

des bavardages incessants, surtout le soir quand une grosse partie des fous reviennent de la pêche en mer. Une odeur… prenante, mais tout ça ne nous fait pas fuir, on va au contraire rentrer en annexe dans un lagon cerné de mangrove pour les observer, dans la limite du dérangement, mais les oiseaux sont très calmes et nous laissent approcher

3 adultes dont 2 en plumage blanc, et un poussin. Cette espèce a en effet 2 type de plumages, le blanc étant minoritaire ici
un adulte plumage brun. Et pieds rouges bien sûr !

une estimation prudente, basée sur le linéaire de lisière de mangrove et sur la densité d’oiseaux constatée de près, nous fait estimer la population sur cette île à 14 000 individus. S’il y a des fous sur tous les arbres de la mangrove et non seulement sur le pourtour, ce chiffre sera largement dépassé !

le bihoreau violacé, un autre habitant de la mangrove

Nous discutons avec des pêcheurs sur leur lancha. Ils sont 8 là-dessus, pendant 1 mois, dans des conditions bien précaires ! Ils pêchent du poisson, de la langouste, des lambis.

les pêcheurs à l’atelier lambi, récupération de la bête, la coque reste sur place.

Nous leur apportons des biscuits (galletas) et du coca, on repart avec un plat de lambis.

t’as de beaux yeux, tu sais ?

Nous ne savons pas trop comment ils conservent leur pêche, mais on a trouvé plein de sacs de sel abandonnés sur la plage. A bord ils doivent n’avoir que très peu d’eau douce (et il n’y en a pas sur ces îles) et de vivres, ils doivent manger riz/poisson tous les soirs.

Nous passons une troisième nuit sur l’île de l’ouest des îles au vent (barlovento), encore un incroyable camaïeu de bleus, on n’en peut plus

l’île de l’ouest prise du haut du mat

et des fous bruns qui nichent sur tout le tour, difficile de les éviter !

Les Barlovento sont désertes, mais fréquentées de façon temporaire par les pêcheurs venus de la côte. Sur certains îlots on trouve des installations très sommaires qui semblent destinées à la préparation ou la transformation de leur pêche (découpe, séchage, salaison?)

Après 3 nuits nous déménageons sur les Aves sotavento, sous le vent, à 14 milles plus à l’ouest. Nous jetons l’ancre sous le vent d’un des îlots le plus au nord, protégés par des reefs, des hauts fonds de corail. Cette îlot est presque entièrement occupé par une grosse colonie de sternes fuligineuses, un très élégant oiseau répandu sur toutes les mers tropicales. De loin, on voit des milliers d’oiseaux en vol au dessus et aux alentours de l’île. Annexe à l’eau, nous allons voir cela de près. A peine le temps de faire quelques pas que nous voyons se pointer la barque des garde-côtes, qui occupent un poste permanent sur l’île la plus au sud. On revient à bord, un peu inquiets, on a entendu différents bruits sur leur comportement avec les bateaux de passage. On a même fait des provisions de gâteaux, bouteille de vin… Mais en fait, le chef, monté à bord, en tenue décontractée (pas d’uniforme mais armé) s’est contenté de nous signifier qu’on n’avait pas le droit de prendre des photos des gardes ni des pêcheurs (?!), a vérifié notre appareil sur lequel nous n’avions que les premières photos de sternes, et nous enjoint de repartir le lendemain, ne pouvant faire ici qu’une courte escale. Vu notre faible niveau d’espagnol, on a pas cherché plus (on aurait aimé rester quelques jours sur différents mouillages), et les garde-côtes repartis sans même nous demander nos papiers (!) on retourne voir les oiseaux.

Les adultes sont blancs et noirs, les poussins noirs ponctués de blanc. Ils se tiennent plus ou moins cachés dans les buissons épars ou sur les espaces sableux intermédiaires. Les adultes sont à la pêche en mer ou à la colonie, s’envolant régulièrement en ronde bruyante autour de l’île.

Très belle ambiance jusqu’au coucher du soleil ! Enfin… d’aucuns relèveront l’odeur tenace de poulailler industriel et le brouhaha permanent, même la nuit ! Pas grave, on n’y reste pas.

Étape suivante, les îles des Antilles néerlandaises, à une journée de navigation de là. Mais on quitte avec regrets ces espaces quasi déserts et si agréables du nord du Vénézuela, idéales pour nos voiliers, au climat presque tempéré, 25 la nuit 30 le jour mais toujours les alizés qui tempèrent la chaleur, beau temps presque permanent avec un grain de temps en temps, qui passe très vite. Même si on a pas pu en profiter pleinement, pour cela il faut aller sous l’eau, pêcher des poissons (on est toujours aussi mauvais, malgré la prise d’un beau barracuda) ou des langoustes.

Los Roques (Vénézuela)

C’est un grand archipel corallien, d’environ 40 km sur 20, avec un statut de parc national en pointillé. Certaines îles sont interdites, d’autres accueillent des structures touristiques très sommaires, mais les choses sont en train d’évoluer, semble-t-il, et il est fort probable que la protection contre les aménagements touristiques ne se transforme en alibi touristique. Il n’y a qu’un village sur l’archipel sur l’île de Gran Roque , un village de pêcheurs dont la moitié des maison a été transformé en « posadas » (hébergement touristique genre maison d’hôtes) de petite dimensions et charmantes, les rues du petit village sont en sable et il n’y a pas de véhicule, hormis pour les poubelles et la distribution de l’eau de l’usine de désalinisation. Quelques toutes petites épiceries et commerces pour touristes . Les commerçants et les posadas sont alimentés en nourriture et autre par un bateau tous les 15 jours, chacun ayant son petit réseau sur la côte.

De fréquentes liaisons aériennes avec Caracas amènent les touristes Vénézuéliens friqués qui viennent buller au soleil sur les plages de sable blanc des petites îles alentours. Le personnel des posadas les posent sur la plage avec sièges, matelas et parasols, boissons, casse-croûtes dans des mégas glacières, et reviennent les chercher en fin de journée quand ils sont cuits à point !

Mais tout ça réparti sur des kilomètres de plage reste assez léger, et dès que l’on s’éloigne de Gran Roque, les mouillages paradisiaques sont pour nous seuls !

Notre arrivée sur l’île a bien sûr donné lieu à passage par différentes administrations, la première est venue à bord refaire le même contrôle qu’à la Blanquilla, bien qu’on leur ait montré le compte rendu… qu’ils ont recopié !

le chef teste la radio VHF, photographié par son collègue

Pour finir le chef nous a montré une traduction google sur son smartphone, disant qu’il fallait lui donner un cadeau, comme une bouteille d’alcool… grblmblpffff ! Exécution, on préfère ne pas avoir trop d’ennuis…

La 2ème nous a « vendu » un test PCR, le notre étant un peu vieux. En fait un coup de tampon et une signature sur la feuille du dernier test a suffit pour le proroger ! 80 USdollars par personne quand même ! Enfin on a eu le résultat tout de suite (!) et… l’argent va à des locaux et non aux labos des multinationales (on trouve les arguments qu’on peut pour se consoler de se faire arnaquer!!!)

On passe encore 2 administrations dont celle du parc national, qui nous coûte le plus cher pour un permis de séjour de 15 jours. Au total 600 US dollars, mais pour le paradis, c’est donné !

Nous rencontrons Patrick et Luz, qui vivent ici sur leur catamaran, et qui nous ont été recommandés par des copains. Nous avions correspondu un peu avant de partir pour le Vénézuela, et leur avons même apporté une pièce pour le bateau, ici il n’y a rien, il faut tout faire venir des USA. Luz, qui est vénézuélienne, nous a efficacement aidé pour les démarches et Patrick nous fait un bon topo des mouillages à pratiquer dans ces dédales d’îles, avec des hauts fonds partout.

Enfin nous partons de Gran Roque, qui est très joli et sympathique

mais nous sommes impatients de découvrir les petites îles « désertes » et paradisiaques !

au mouillage derrière le reef

notre 1er mouillage face à l’océan, qui se brise sur la barrière de corail (la ligne blanche) et derrière des hauts fonds (le bleu turquoise). Les fonds (et les plages) sont souvent constitués de sable très clair, et la lumière du soleil révèle différentes nuances de bleu selon la profondeur de l’eau et la hauteur du soleil. Intensité maximale quand le soleil est proche du zénith !

Rien que de flotter sur ces couleurs est déjà enchanteur !

Une fois à l’ancre, nous prenons l’annexe pour nous promener près des pélicans, toujours prêts à se donner en spectacle

en plongée active !
ou au repos…

ou pour aller visiter à terre. Les palétuviers de quelques mètres de hauteur couvrent une partie des îles, impénétrables

et quand ce ne sont pas des palétuviers, ce sont des pelouses avec souvent des graminées pleines de graines très pénibles

quand on ne fait pas trop attention, ce n’est que de l’herbe…
mais chaque épis est dangereux !

il faudrait des chaussures spéciales genre chaussures de ski (pratiques sous les tropiques!)

restent les plages et leurs alentours immédiats : sable, un peu de roches issues des fonds de corail

cabanes de pêcheurs à Carenero

Sur certaines îles il y a quelques maisons de pêcheurs, qui sont parfois équipés pour servir des repas. Sur Carenero nous avons trouvé La Casa de Pain, chez Ephraïm, qui nous a servi un bon poisson (pargo) et une langouste, accompagnés de riz.

Très sympas, et en plus sa famille nous a montré comment préparer les lambis, ces énormes coquillages dont tout le monde se délecte sous ces latitudes

la bête à nu

les coques de lambis sont entassés en grand nombre sur les plages ou servent de décoration, de délimitation de sentiers, de sapin de noël etc.

le sapin de Noël à Gran Roque

le 4ème jour : panne de moteur ! Un moteur neuf, faut-il le rappeler ! On revient à Gran Roque, demander de l’aide à Patrick, qui est mécano de formation. Grâce à lui, on trouve la panne : un relais grillé, qui coupait tout le circuit électrique. On ne l’a pas remplacé, on l’a shunté, son utilité n’étant pas démontrée ! Autre panne : celle du pilote automatique, une des pièces maîtresses du bateau, celle qui nous permet de naviguer sur les longues distances sans tenir la barre. Là, pas de réparation possible ici, il faudra le faire dans les ABC (Aruba, Bonaire et Curaçao, les îles hollandaises à l’ouest d’ici).

Le lendemain c’est jour de ravitaillement, grand événement pour tous !

on fait le plein de frais, et on repart, après avoir passé un peu de temps sur internet dans les posadas qui nous laissaient gentiment nous brancher en wifi, pour prendre la météo, et essayer de préparer notre entrée dans les ABC… sans y parvenir. On improvisera, cette fois-ci…

Mais il nous reste encore une semaine à passer dans les lagons et à profiter les eaux bleues. Bien que le temps du week-end on voit arriver du monde sur les plages, la plupart du temps nous sommes seuls sur des immensités désertes. Sur Dos Mosquises a été installé un centre de sauvegarde de tortues, financé par une fondation. Nous y débarquons et les deux gardiens, très sympas, nous font visiter leur domaine

3 espèces sont présentes, qui viennent se reproduire sur les plages. Malheureusement nos trop maigres connaissances en espagnol ne nous permettent pas de tout comprendre. Le centre accueille aussi des équipes qui étudient la régression des coraux. Effectivement, nous n’avons pas vu de beaux fonds tapissés de coraux multicolores et peuplés de myriades de poissons comme à Grenade, mais nous n’avons que peu exploré sous l’eau. Par contre on voit beaucoup de restes de coraux morts sur les plages, mais sans connaissance de ces milieux, on ne peut en tirer de conclusion. Et aussi, il nous manque de quoi faire des photos sous l’eau, il y a quand même de belles choses

ces espèces de bigorneaux sont plutôt à l’air libre

Coté oiseaux, mis à part les pélicans toujours présents

fou brun, pélican brun et sterne royale

on peut observer plusieurs espèces de fous, les pieds rouges, le masqué et le brun. Il y a toujours quelques frégates pour essayer de piquer leur provende aux autres oiseaux, offrant des poursuites spectaculaires. Quelques sternes dont la royale, une grosse colonie de mouettes atricilles à Gran Roque, quelques espèces de hérons, dont le petit héron vert qui doit être commun dans la mangrove,

quelques espèces de limicoles comme le tourne-pierre à collier, présent partout et même venant mendier des miettes au resto !

huîtrier pie et tourne-pierre

Le balbuzard est présent partout et on a vu quelques faucons, à priori des pèlerins.

Sur les plages, nos pas font fuir des dizaines de lézards très sombres

et on trouve parfois de gros Bernard-l’hermite terrestres

Nos derniers jours à Los Roques ont été passés en présence de petites colonies de fous bruns, en pleine période de reproduction

un fou brun sans doute en train de couver ou sur un très jeune oisillon, sur un tapis de cette plante ressemblant à des salicornes
2 adultes et un poussin déjà grand, encore en duvet mais ses plumes alaires noires commencent à sortir

Le dernier jour, une barque s’approche de nous : un pêcheur nous propose une grosse langouste. Trop grosse pour notre casserole, du coup il nous en donne une plus petite. Cadeau ! Et il s’en va.

Arrivés au terme de notre permis pour le parc national, nous le quittons avec un mélange de regrets et d’envie de bouger.

une dernière, prise du haut du mât

La Blanqilla (Vénézuela)

Une île isolée au nord du Vénézuela, poste avancé des garde-côtes et étape des pêcheurs, qui n’y habitent pas mais y restent le temps d’une campagne de pêche et dorment dans des abris sommaires ou sur leur bateau. Nous y arrivons vers 17 h au bout de 35 heures de navigation en nous tenant bien au nord, et nous n’avons pas le temps de jeter l’ancre que la barque des garde-côtes démarre et s’apprête à nous accoster ! 3 hommes montent à bord dont un armé de fusil et gilet pare-balles. Le jeune officier se présente et nous dit qu’il va faire une inspection du navire. Nous échangeons un peu en anglais et un peu en espagnol, bon, on y arrive à peu près. Inspection à la fois documentaire (papiers du bateau, passeports, documents de sortie du pays précédent), physique (fouille légère à l’intérieur, on a l’impression que c’est plus par curiosité qu’autre chose ), et passage en revue de tous les équipements de sécurité obligatoires ou non. Ils nous annoncent qu’il nous manque un équipement radio, 1ère nouvelle, et que notre licence radio expire la veille, nous avons celle de 2022 mais pas imprimée. Je dois aller au poste à terre pour la récupérer en connexion wifi, finalement je ne reviens qu’à 19h30, avec leur papier d’inspection signé tamponné. Ouf, un peu stressant, bien que sur le mode cordial et « plus ou moins » bienveillant, on ne sait pas trop sur quel pied danser, dans un pays où le graissage de patte est monnaie courante, ce que nous n’avons jamais encore expérimenté. Nous en sommes pour 1 tablette de chocolat, des biscuits et quatre bières, ce qui n’est pas grand chose. Le chef, un gamin d’une vingtaine d’année, revient quand même le lendemain pour une autre tablette ! Sur cette île il n’y a aucun magasin, et de toutes façons ces militaires ne sont que très peu payés. Les pêcheurs, eux, nous échangent un barracuda contre un paquet de gâteaux.

Le lendemain nous changeons de coin, et prenons un mouillage désert au bord d’une plage surmontée de 3 cocotiers, genre paradisiaque

ce qui l’est moins, c’est la lande à cactus qui la surplombe ! Impossible de se déplacer sur cette île sans armure. Car l’espèce la plus représentée a armé l’extrémité de ses longs piquants d’invisibles ardillons, qui empêchent le dit piquant de ressortir une fois planté dans la peau ! Avec en prime un poison qui rend la piqûre extrêmement douloureuse Aïe aïe aïe !

ou alors pour se déplacer, il faut trouver une piste d’âne, car l’île est peuplée d’ânes sauvages

et l’âne est réputé pour manger des cactus, non ? Ah non, c’est des chardons, mais il n’y en a pas ici. Ils sont difficiles à voir, mais on les entend braire de temps en temps. Puis on va visiter la playa el americano, ainsi nommée car un américain avait construit une petite villa au bord, maintenant en ruine

le mouillage de l’americano, toute petite crique dans laquelle rentre la houle, rendant le mouillage inconfortable.

On reste 3 nuits ici, avant de repartir vers Los Roques, le vent et le courant nous y poussent – on pourrait ne pas mettre les voiles, on y arriverait quand même !

les frégates font toilette

Trinidad et Tobago

Deux îles situées au sud de Grenade, tout contre le continent sud américain, un petit état pétrolier, très copain avec les USA. On y va pour refaire peau neuve à la coque, à Grenade on pouvait pas, et des copains qui y étaient nous ont chaleureusement recommandé les chantiers ici à Chaguaramas.

Donc sablage des œuvres vives (sous la flottaison) par une entreprise spécialisée

et protection par une peinture époxy

puis on est passé à la réparation de la coque, le sablage ayant mis à jour quelques trous, dus à la rouille. Ici on a fait un travail assez complet, exigeant un démontage partiel des meubles, enlèvement de l’isolant et du doublage

sous la cuisine, une partie ouverte

découpage de la tôle et soudure de pièces

vu de l’extérieur – le réservoir d’eau… on ne peut pas le sortir sans démolir la cuisine !
la tôle neuve en place
autres trous
soudure des nouvelles tôles, par l’extérieur et l’intérieur.

Larry, notre très sympathique soudeur, a bien travaillé mais il fallait l’assister de différentes façons, en particulier en préparant les surfaces et en empêchant le feu de prendre pendant la soudure (l’isolant et des parties bois ne sont jamais loin). Donc plié en quatre la plupart du temps ! Et dans une chaleur… tropicale.

l’histoire dira que j’ai réussi à ressortir !
fin de chantier pour Larry

Puis peinture sur les parties nettoyées et ressoudées, et peinture finale avec antifouling sur l’extérieur (peinture spéciale pour empêcher l’agrégation sur la coque d’algues, de crustacés…).

Bon, et différents autres travaux, on va pas s’étendre, mais au final, on aura passé plus d’un mois à terre, avec des retards dus à la période des fêtes, à la pluie, à attendre des devis etc. Heureusement, malgré la chaleur et quelques moustiques, ce chantier est sympa, c’est même le meilleur qu’on ait connu !

Il y a des copains, des anciens et des nouveaux, qui travaillent aussi sur leur bateau (on est pas les seuls à avoir des trous dans la coque, hein Gaït?), avec qui on échange des infos, des méthodes de travail et des coups à boire !

Certains se tuent à la tâche, d’ailleurs (!)

malgré la consommation légale de cannabis (chacun a le droit de cultiver 4 pieds)

un magnifique pied de cannabis, entretenu avec grand soin et consommé sur place (on sentait les effluves depuis le bateau, dès le matin!)

Beaucoup de verdure, des arbres pleins d’oiseaux et d’iguanes, qui se donnent en spectacle autour du bateau

le chat et l’urubu (petit vautour très commun)
le quiscale merle, très commun et très familier

les jeunes sont vert vif

L’iguane est un animal extraordinaire, qui d’après une étude scientifique qui a du être harassante, passe 3 % de son temps à la reproduction, 1 % à la recherche de nourriture et 96 % à … ne rien faire ! Il vit essentiellement dans les arbres, est végétarien, il mange les feuilles de l’arbre dans lequel il habite, et descend parfois à terre pour brouter certaines plantes.

Présence aussi très bruyante d’amazones, gros perroquets vert vif qui se déplacent haut dans le ciel toujours par deux, et se posent à la cime des arbres.

Lundi 24 janvier, nous retournons à l’eau, à la bouée à 200 m du chantier. Nous louons une voiture pour faire quelques tours dans l’île, de façon très incomplète. Les montagnes sont couvertes de forêts, mais les plaines sont très urbanisées. Port of Spain, la capitale, ne présente aucun intérêt à part quelques maisons un peu anciennes et de grands parcs. Autre inconvénient ici : l’eau est vraiment pas terrible, en partie à cause des effluents des grands fleuves, mais aussi à cause de la concentration de chantier navals dans le secteur. Trinidad est un gros producteur de pétrole offshore, et tout tourne autour de cette industrie, tant pis pour l’environnement. Les gens ici sont les rois du pétrole, les moteurs tournent tout le temps, pourquoi les arrêter ? Et les motorisations sont surdimensionnées à l’extrême

3 x 350 chevaux pour cette petite embarcation de loisir

En fait nous avons hâte maintenant de repartir, car depuis notre retour dans les Caraïbes début novembre, nous avons surtout fait du chantier, et nous sommes assez fatigués. Donc nous partons demain pour les îles au nord du Vénézuela, principalement Los Roques, un archipel corallien très isolé et tranquille, loin de la pagaille et des dangers de la côte vénézuélienne ( pirates ), qu’il faut éviter.

Donc derniers préparatifs, hier on a fait notre test covid, rangement du bateau, lessive à la marina, plein d’eau et de victuailles, formalités administratives (immigration), vérifications techniques pour la navigation.

Grenade

Nous l’abordons par la cote Ouest, la cote sous le vent, qui est d’Est la plupart du temps. Grenade est une île montagneuse (point culminant 840 m) d’environ 30 km de long, très boisée.

Après une nuit sur la cote Ouest et un passage devant la capitale, St Georges, nous gagnons l’étonnante côte Sud, découpées en nombreux lochs, ou calanques, qu’ici ils appellent simplement bay, offrant de bons abris. Nous choisissons Port Egmont, un des meilleurs abris contre les cyclones des Antilles.

Et effectivement c’est un petit coin tout fermé, une « pool » comme on les nomme en Écosse, très très calme, on avait pas vu cela depuis les pays du Nord !

On est juste 4 voyageurs ici, plus quelques voiliers locaux, alors que les autres baies sont encombrées de centaines de bateaux. Mais ce mouillage est très peu commode si on veut avoir accès à terre, et nous rejoignons Prickly bay, au milieu des autres. Beaucoup de canadiens, des étasuniens, des français. Et nous louons une voiture pour aller à la montagne.

Conduire à Grenade : à gauche, sur des routes étroites pleines de trous à éviter, de méchants ralentisseurs peu signalés, de voitures qui s’arrêtent n’importe où, les autres qui déboîtent brusquement pour doubler ou éviter les trous, les directions peu ou pas indiquées, les routes sont généralement bordées de profonds caniveaux chargés d’évacuer les pluies torrentielles… C’est épuisant ! Mais haut en couleurs ! Les routes sont généralement bordées de maisons, et d’une multitude de petits bars ou épiceries, voire de stands de vente de fruits et légumes, de boissons, de plats cuisinés. La circulation est plutôt dense, et pas moyen de s’arrêter prendre le temps de regarder, pas de place !

Les zones habitées paraissent prépondérantes, car en voiture on reste sur les voies de desserte de l’habitat. Il reste cependant de larges zones vierges dans un relief escarpé, mais très difficiles à explorer car il ne semble exister aucun chemin de randonnée comme nous l’entendons, ou réservés aux guides locaux. Nous avons quand même vu de belles forêts type « jungle », dans des ambiances plutôt humides (4000 mm de précipitations annuelles vers les sommets) :

un lac de cratère, l’ile étant d’origine volcanique

une belle orchidée en forêt

un arbre énorme domine la forêt

Les routes permettent aussi de visiter les cultures locales, au premier rang desquelles celle de la noix de muscade, emblème national

la coopérative à Gouyave

à l’intérieur de la coopérative (ils ne travaillaient pas ce jour là)

Les 3 couleurs vert comme le feuillage, jaune comme la pulpe, utilisée pour faire entre autres des confitures, et rouge pour la noix, se retrouvent partout (cette explication sur les couleurs nationales est sujette à caution)

La 2ème culture emblématique est celle du cacao

un séchoir, les graines sont sorties quand il fait bien sec et mises à l’abri en cas d’humidité trop importante

puis toutes les cultures vivrières et de plantes aromatiques, Grenada étant autoproclamé pays des épices ! (muscade, clou de girofle, curcuma, laurier…)

Il y a aussi beaucoup de bananiers, la banane étant très consommée en fruit autant qu’en légume.

La végétation est exubérante, et les abords des maisons et jardins sont parfois très fleuris

une orchidée cultivée

La pêche représente aussi, bien sûr, une activité cruciale, avec une importante flottille des petits bateaux, du même type que ceux de Carriacou.

les pêcheurs reviennent, la glacière pleine

St Georges, la capitale, est elle aussi exubérante : en plus de la vie locale, il y a une grosse marina, un quai d’accueil de paquebots qui déversent leur flots de touristes avides d’épices et de Tshirts des Caraïbes, et plusieurs gros hôtels « de luxe » en bord de plage. Mais pour ce qui nous en avons vu, cela n’a pas (encore) détruit la vie locale. Et au marché, on peut manger pour pas cher !

le marché à St Georges

Les gens sont plutôt avenants et bien disposés auprès des étrangers mais la barrière de la langue n’est vraiment pas facile à franchir, d’autant qu’ils parlent vite, même si on les supplie de ralentir !

Quelques rencontres avec la faune locale :

aigrette bleue

colibri huppé

singe mona ceux là ont été introduits et ne se retrouvent qu’en un endroit très fréquenté, où évidemment ils sont nourris pour les touristes !

Le zandoli, un lézard très commun (Anolis aenus)

Enfin, le14 décembre, nous appareillons pour Trinidad, pour ressortir le bateau, encore !

Retour au bateau !

5 novembre : nous voilà revenu dans les Antilles, après diverses péripéties aériennes et covidiennes qu’il vaut mieux oublier !
Le bateau est toujours à sa place, sans soucis apparent. Nous découvrirons bientôt qu’une colonie de minuscules fourmis s’y est installée, mais quasiment sans dégâts sur la nourriture, qui était en principe hermétiquement emballée. Nous ne repérerons leur base qu’un mois plus tard, entre 2 panneaux d’isolant (sans pouvoir la détruire complètement, nous le verrons par la suite).
Suivent 12 jours épuisants de chantier, pas encore ré-acclimatés à la chaleur : 28 à 30 °C à l’ombre, mais il n’y a pas d’ombre, et le terre plein est moins venté que la baie ! Nous adoptons notre rythme de travail : lever très tôt, sieste aux heures les plus chaudes. Travail essentiellement sur la coque à l’extérieur : couches de Méta sous la flottaison, et au dessus, traitement des défauts apparus sur le jaune.

L’ambiance sur le terre-plein est sympa, pas mal de gens travaillent sur leur bateau, et nous avons les copains Virginie et Nico de FoufouGongon pas loin (on était confinés ensemble à El Hierro aux Canaries).
Nous remettons à l’eau le 17 novembre, à l’ancre dans Tyrrel bay, pour finir le réarmement du voilier et quelques travaux à l’intérieur. Et un peu de visite autour de Carriacou

Mais en traitant une partie suspecte sous la cuisine, il est apparu que sous la peinture la rouille avait travaillé… jusqu’à traverser la coque ! Pas un trou franc encore, mais ça suinte de l’eau, et il faut colmater provisoirement et pour cela ressortir le bateau ! Opération réalisée le surlendemain, le soudeur nous attendait, il a découpé largement les parties amincies par la rouille, puis ressoudé une plaque d’acier, en quelque heures c’était terminé.

Nous remettons à l’eau le lendemain, mais avec la décision de rejoindre au plus tôt un chantier où l’on pourra sabler la coque, ce qui permettra de la réexaminer plus précisément, de faire éventuellement quelques rapiéçages supplémentaires et de refaire à neuf le traitement des œuvres vives (sous la flottaison). C’était prévu au Guatemala dans quelques mois, ce sera probablement à Trinidad un peu au sud d’ici, en décembre. Trinidad et Tobago vient de rouvrir ses frontières, et Jérôme, Émilie et leurs enfants, sur leur voilier Aelig et rencontrés aux Canaries, y sont en ce moment et ne nous disent que du bien des chantiers là-bas.
En attendant, nous avons retrouvé à Carriacou le gallois John sur son catamaran Barnacle C, rencontré à Madère puis aux Canaries. Ces rencontres et retrouvailles sont vraiment un des grands plaisirs de ce voyage !
Enfin le 3 décembre nous quittons Carriacou et rejoignons l’île de Grenade à une demi-journée de navigation peinarde, pour faire un peu les touristes, quand même !

Carriacou, Grenade

Après une traversée de 4 jours, sans histoire, toujours portés par le courant des Guyanes, nous atterrissons à Tyrell bay, sur l’île de Carriacou (voir la carte sur l’onglé où kon est). Depuis la Guyane nous avons choisi cet endroit pour laisser le bateau à sec pendant la saison cylonique, prenant contact avec le chantier pour discuter des tarifs et réserver une place. Protocole sanitaire très strict ici, surtout qu’ils n’ont quasiment pas de Covid. Avant d’arriver on s’était inscrits sur un site internet dédié, avec envoi par mail de toutes les pièces justificatives. On met l’ancre dans un coin bien précis de la baie, et on est convoqué pour les formalités et un 2ème test PCR. Pas le droit de sortir du bateau et d’aller à terre avant le résultat ! Pour nous c’est OK donc 2 jours après on a pu finir les formalités d’entrée et se promener librement !

Cette baie sur cette petite île (10 km sur 4) est très prisée des navigateurs pour la bonne protection qu’elle apporte et pour son « trou à cyclone », du coup il y a un peu de monde, mais beaucoup moins qu’en Martinique, 230 km plus au nord. Son petit village, Argyle, offre suffisamment de commodités et plein de petits restos !

Les maisons traditionnelles sont petites, sur pilotis, de bois souvent vivement coloré et tôle,

la petite échoppe de Rufus, fruits et légumes

mais le béton a gagné du terrain, surtout pour les plus riches qui se doivent d’avoir un escalier monumental et des colonnes à foison !

Ces îles sont fortement liées à l’histoire de l’esclavage et à la lutte entre français et anglais pour leur domination. Et à la fin… c’est les anglais qui gagnent, et même si depuis 1974 Grenade est indépendante, elle reste un royaume du Commonwealth, avec la tête de la reine sur les billets de banque ! On parle anglais, on roule à gauche, on trouve de la « jelly », du corned beef et du cheddar dans les rayons, et certaines maisons affichent un style bien marqué !

à Hillsborough, la capitale

La population est majoritairement noire (peu de métissage) et le style rasta est bien présent, avec du reggae plein les haut-parleurs ! Un certain nombre de blancs s’y sont établis, sans doute arrivés en voilier, pour profiter de la tranquillité de l’île et de son climat, en particulier de la faible probabilité de subir un cyclone (démenti depuis 2004 avec le cyclone catastrophique Ivan).

La mer est ici une merveille : l’eau est chaude, 28°, les fonds marins sont clairs et souvent couverts de coraux, avec des dizaines d’espèces de poissons tropicaux aux couleurs… épatantes ! (pas de photos, je sais pas faire!)

Sandy island, îlot tout proche de Carrioacou

Et ici nous trouvons l’impayable pélican brun

et l’omniprésente mouette rieuse d’Amérique (mouette atricille)

Il y a pas mal de petites îles et des hauts fonds (navigation très prudente!!!) qui permettent l’exploration sous marine, et nous avons commencé à en profiter avant de sortir le bateau de l’eau.

les Tobago cays, 8 milles au nord-est de Carriacou, vus d’avion

Ce que nous faisons le vendredi 25 juin,

Nocciolino dans l’énorme travel-lift de Tyrell-bay marina

… et après nettoyage de la coque, constatons que la rouille a attaqué l’acier, et même si c’est très superficiel, il va falloir refaire sérieusement tout le traitement !

aïe ça fait mal à voir !

Mais comme on ne peut pas faire de sablage ici, il faudra trouver un autre chantier, et en attendant on ponce au mieux et on repasse une couche de zinc qui bloquera la rouille un moment.

Mais on peux vous dire que travailler dur par ces températures (30° à l’ombre et un peu plus les 2 derniers jours)… pfff

En prévision d’un cyclone, il faut dégréer un maximum de choses sur le bateau, bien attacher ce qui n’est pas démontable, et faire confiance au personnel de la marina, qui, à chaque alerte, doit vérifier les supports du bateau et tendre les sangles qui le maintiennent aux gros plots en béton.

Les bateaux qui restent à l’eau, à l’approche d’un cyclone, vont se réfugier dans le trou à cyclone tout proche. C’est une pièce d’eau dans la mangrove, à l’entrée étroite et sinueuse, dans laquelle les bateaux vont s’ancrer d’un coté et s’amarrer aux palétuviers de l’autre. Le vent souffle peut-être aussi fort mais on est mieux tenu par plusieurs points, et à l’abri de la grosse mer que va lever le cyclone.

Mais même dans ces conditions, je ne tiens pas à tenter l’expérience d’un vrai cyclone… Quelques jours avant notre départ, la tempête tropicale Elsa est passée pas loin au nord, mais ne nous a que très peu affecté, même si une bonne partie des voiliers à l’ancre dans la baie a rejoint la mangrove.

Enfin le dernier soir, un petit concert en mangeant au resto-bar ne fait pas de mal !

Le retour depuis Carriacou se fait en petit coucou, un antique petit Cessna qui nous a permis de survoler l’archipel des Grenadines et plus jusqu’à Fort de France en Martinique, à faible altitude. Bien agréable ! Puis le gros avion pour Paris, etc.

Retour sur Carriacou en octobre, inch Covid !