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Au delà du cercle

Le 13 mai, à 13h25, Nocciolino et nous passons le cercle polaire arctique. Sur l’ilot de Vikingen, un monument marque le paysage.

Latitude 66° 32 minutes. Enfin… En fait c’est plus compliqué que ça, le fameux cercle n’est jamais à la même place. Je cite le blog de Balthazar (nous avons croisé ce bateau et son sympathique capitaine l’année dernière à Stornoway) – Balthazar :

Tiens au détour de notre route qui se poursuit toujours entre des îles surgit, sur un îlot désolé, une grande mappemonde en cercles d’aciers figurant la terre, ses parallèles, ses méridiens et son axe Nord, Sud de rotation incliné. Un parallèle épais représente le cercle polaire arctique que nous franchissons maintenant par 66°34’.

Féru d’astrophysique et de l’observation du ciel, Bertrand, aidé par un petit livre de cosmographie qu’il a donné à la bibliothèque du bord, nous rappelle que se faire photographier en franchissant le cercle polaire n’est pas une opération à la portée de tout le monde. Aussi il nous fait une piqûre de rappel :

– nous savons que la terre tourne comme une toupie dont l’axe de rotation tourne lentement (en 25700 ans) en décrivant un cône de révolution de demi angle au sommet égal à l’obliquité de l’écliptique soit actuellement 23°26’ (l’obliquité de l’écliptique est l’angle d’inclinaison de l’équateur terrestre par rapport au plan de l’écliptique, plan de la trajectoire décrite par la Terre autour du Soleil). C’est ce que l’on appelle la précession des équinoxes.

– or l’obliquité de l’écliptique décroît d’environ 1’ par siècle ce qui veut dire qu’il faudrait déplacer le monument que nous doublons de 1852m ou un mille chaque siècle

– mais, ce serait trop simple, l’axe de rotation de la terre perturbée par la lune, décrit des festons autour de la position moyenne ; c’est ce qu’on appelle la nutation de l’axe de la Terre). Une des conséquences est que le cercle polaire oscille de 284m à la surface terrestre.

Nous concluons de tout cela que pour arroser ce franchissement à coup sûr il nous faut osciller largement ! C’est ce que nous faisons après avoir significativement dépassé le monument dont nous ignorons la date d’érection.

N’ayant pu débarquer sur ledit ilot, nous l’avons fait sur l’ile suivante, pour immortaliser par une photo le passage du cercle, marqué par une corde tendue dans le paysage.

Et nous avons constaté la nette différence de climat d’un coté et de l’autre de ce cercle, c’est stupéfiant !

photo garantie sans trucage

Lundi 21

Coincés par le mauvais temps, vents forts, pluie et froid, depuis 2 jours. Oh, on est pas malheureux ! Le bateau est dans une petite pièce d’eau entourée d’îlots charmants, contre l’île de Soeranoeya, amarré à un vieux ponton de bois, débouchant d’une grosse bâtisse en bois (peinte en rouge), anciennement un resto, plus anciennement encore un centre de traitement de la morue, en témoigne le grand séchoir en plein air juste à côté.

photo avant l’arrivée du mauvais temps

Le ponton est pourvu d’eau et d’électricité, comme cela nous nous chauffons au petit radiateur d’appoint du bateau. Et ici c’est du renouvelable, à 90 % hydroélectrique.

L’amarrage doit être bien réalisé, comme le prévoyait la météo le vent souffle à 20 – 30 nœuds, et l’anémomètre a mesuré des rafales à 56 N (100 km/h). Le ponton n’est pas équipé de taquets d’amarrage solidement fixés mais de sortes de rampes en bois, clouées ou vissées… On a doublé les points d’ancrage en les répartissant pour diviser la traction, et ça a tenu.

La maison rouge abrite des sanitaires, chauffés (!), mais pas de douche. On se sert de celle du bateau, très exiguë. On passe le temps en lisant, tricotant, tapotant le clavier (4G permanente), mangeant, dormant etc, tout en surveillant les phoques qui viennent chasser par là, et les hirondelles rustiques qui ont élu domicile dans l’ancien resto, et qui, elles, sortent même par mauvais temps.

Sinon, on a vu personne.

Quelques jours plus tôt, nous étions au pied d’un des plus grands glaciers d’Europe, le Svartisen, dont une langue vient quasiment lécher la mer au fond du Holandsfjord, accessible uniquement par le mer.

Une petite rando sous le soleil nous a permis d’aller toucher la glace et de se promener sur l’extraordinaire plancher rocheux du glacier, qui comme tous, recule sous l’effet du réchauffement.

la roche polie comme le marbre de notre salle de bain

Amusant : le temps que nous sommes restés à ce ponton, 2 navires de croisière « de luxe » vers les mers glacées – Spitzberg – ont débarqué leur clients pour une visite du site.

… Panne du pilote automatique ! Sans doute due à la défaillance du capteur d’angle de barre, en tous cas on l’espère, car ce serait une pièce pas trop chère à remplacer. En attendant de rejoindre la ville de Bodo où on pourra réparer, nous tenons la barre en faisant de plus petites étapes, entre les îles très montagneuses, offrant des paysages impressionnants, et d’autres plus plates et plus douces.

Sur l’île de Fugloey, illustration de l’importance de la morue dans la vie locale.

Les poissons sèchent en plein air, mais on ne sait pas encore comment ils consomment ce truc !

Sur celle de Soervaeret, archipel de Fleinvaer, une architecture renouvelée !

Vers le Nord

Même si on monte « un peu vite », on lambine et on profite. Quand on voit sur la carte des « choses » comme ça

notre trace en trait continu – en beige les terres émergées, en bleu-vert celles qui émergent à marée basse, en bleu le profondeurs inférieures à 5m

on fait le détour. On sélectionne par ailleurs sur nos guides les endroits particuliers où s’arrêter.

L’archipel de Hyvaer fait partie d’un ensemble plus grand d’îles (6500 îles, ilots et brisants sur environ 30 km de diamètre). Ce périmètre est un site Unesco, classé pour ses paysages particuliers (mélange unique de sommets acérés – 793 m sur Vega et 432 m sur Seula – et des myriades d’îles très basses), pour sa géologie, pour ses populations d’oiseaux et pour le mode de vie des îliens.

L’archipel de Hyvaer, comme un certain nombre d’autres sur cette côte, ressemble à… une espèce de lapiaz géant inondé, de sorte que n’émergent que les parties somitales rabotées par l’érosion.

pris du point culminant (en haut du mat!), quelques îles d’Hysvaer et Seula au fond

Les îles et ilots font quelques mètres d’altitude, et hébergent entre autres l’eider à duvet.

eider à duvet mâle

Sur Hysvaeroyan, nous avons rencontré Albert, qui passe toute la belle saison sur son îlot, et comme les autres, attire les femelles eider pour récupérer un peu de duvet. Des petits abris sont construits et garnis d’algues séchées, pour les inciter à venir nicher. Il en a 120, si ma mémoire est bonne.

à gauche 2 abris en pierre recouverts d’algues. A droite un abri en bois.

Parfois il dépose dans le nid un faux œuf.

Albert nous a offert un œuf factice souvenir, dédicacé !

Puis la cane s’installe, et prélève du duvet de son ventre pour garnir le nid. En fin de nidification, les poussins vont à l’eau et les îliens récupèrent le duvet, le nettoient minutieusement et le vendent ou s’en servent pour eux. Albert nous a fait entrer dans sa maison et montré sa couette, faite d’1,2 kg de duvet provenant de 72 nids. A la vente une couette comme la sienne vaudrait de l’ordre de 5000 €. Le duvet d’eider est le plus chaud de tous . Albert ne le vend pas mais tout est donné aux membres de sa famille (lesquels participent au nettoyage du duvet, pendant l’été), chaque jeune recevant à un age donné, une couette qu’il gardera toute sa vie.

En fait, nous passons au moment le plus critique pour cet « élevage », car c’est maintenant que les femelles se décident à regagner les huttes pour pondre. Et donc aucun dérangement n’est toléré par les iliens, bref pas de ballade à terre ! Pas grave, on a bien discuté avec le très sympathique Albert, et le lendemain il nous aide à démarrer du ponton, contre lequel le vent nous pousse.

(il a entre autres évoqué le changement climatique, et la fonte des pôles entrainant une montée des eaux suffisante pour noyer ces îles basses…)

Le lendemain nous abordons l’île déserte de Hjartoey (ne nous demandez pas comment ça se prononce). Mouillage difficile après plus de 10 essais, finalement on trouve un fond qui accroche… quasiment dans la passe d’entrée de la crique ! Ballade à terre, dans un paysage magnifique avec en fond les sommets des Seven sisters, sous le soleil du soir, lequel dure très longtemps maintenant.

Nous découvrons une aire de pygargue à queue blanche, avec un adulte qui couve, des lagopèdes des saules – le mâle émet des cris d’un ridicule inégalé – des pluviers dorés ; les courlis chantent, le chevreuil gambade, le traquet motteux sautille, la bécasse croûle, les harles huppés nagent la tête sous l’eau pour chercher des poissons…

Le lendemain changement d’ambiance, retour de la pluie et du frais, après plusieurs jours de grand beau et presque chaud. On a pas bougé de la journée, à la douce chaleur du poêle. Une sortie sur l’île m’a quand même permis de photographier le mâle lagopède, d’un peu loin, mais l’ambiance y est. Cet oiseau est sédentaire, et l’hiver son plumage est entièrement blanc. Là il est est plumage d’été, mais quand il vole les ailes sont toute blanches.

Ah ! il faut ajouter que par contraste avec l’Écosse, nous déplorons très vivement l’absence de phoques, qui étaient présents presque à chaque mouillage. Les beaux paysages ne font pas tout ! Si quelqu’un pouvait faire quelque chose ?

Allez une petite dernière, de ce matin :

Pour les marins

Un petit article spécial navigation. C’est vrai qu’ici, c’est particulier, avec autant d’iles (200 000, qu’y disent), de cailloux, de hauts fonds, de dangers plus ou moins visibles… Et donc ce peuple de marins a bien équipé sa mer d’autant d’aides à la navigation, perches de fer (iron perch sur les cartes) fichées sur les cailloux, cairns construits sur le saillant d’une île, marques latérales de chenal, cardinales, marques de danger isolé, et une ribambelle de feux à secteurs et de phares pour la nav de nuit, en particulier pour les longs mois de la longue nuit d’hiver.

cairn
iron perch, par mauvaise visibilité, il faut être vraiment attentif !
le truc à toit conique rouge n’est pas une balise latérale mais un feu à secteur. A droite une latérale verte, flottante
une perche « décolorée ». Normalement elle doit être rouge ou verte. Dessus un goéland marin, au pied un eider à duvet.
ici un étonnant feu à secteur, construit sur un caillou dans un passage fréquenté

Les cartes semblent très justes, pas très étonnant, et depuis l’invention des carte électroniques et du GPS, tout devient facile. On prépare bien sa navigation avant de partir, tracée sur l’écran de l’ordi de bord, et le GPS positionne le bateau très précisément sur la position réelle. Il faut être vigilant dans les passages délicats, et tout va bien. Et c’est tant mieux car avec autant d’iles, la lecture de paysage est très difficile quand on ne connait pas le secteur, et se repérer rien qu’à l’œil est une gageure.

Quelques exemples pris sur les traces des derniers jours (notre trace apparaît en trait continu plus épais) :

vu d’un petit sommet ça donne ça, mais on ne voit pas les hauts fonds marqué sur la carte !
arrivée d’un soir, mouillage de la nuit et départ de la nouvelle journée
un passage entre 2 ilots
le même passage vu du bateau, aux jumelles
à l’approche…

Un gros avantage quand même, par rapport à la Bretagne, très peu de courants ici, ça facilite énormément les choses par rapport à d’autres régions.

Et là, ce n’est pas une balise mais le pygargue qui, depuis le sommet d’un îlot, veille sur son domaine.

La Norvège !

Une traversée très paisible, par manque de vent… ! 15 à 20 nœuds prévus, 7 à 10 seulement, donc on a fait beaucoup de moteur. Avantage : mer calme ! Curiosité locale : on a traversé les champs d’exploitation pétrolière de la mer du Nord, en pleine nuit.

Arrivée la nuit suivante, un premier mouillage dans une toute petite crique fermée par un passage très étroit… on a pas touché le rocher, mais une fois dedans on a pas réussi à faire tenir l’ancre. Donc, sortie, et quelques milles plus Nord, un autre mouillage plus facile à prendre, au pied d’une grande falaise inquiétante, et repos. Voici donc la première image de la Norvège, au matin.

Et aussi, ceci :

On est en Norvège et en avril, il y a encore de la neige partout ! – du moins sur les monts un peu en retrait de la mer.

Puis on a rejoint la petite ville d’Ulsteinvik, où l’on a pu sortir le bateau pour un prix raisonnable. Donc petit chantier de nettoyage, bien crevant quand même, une couche de Méta, grace à une paire de jours ensoleillés, secs et par température correcte (8-10 °, on a pas pu négocier plus).



Voilà, bateau tout propre, qui va bien glisser sur l’eau !

Nous pouvons commencer la visite.

D’abord la petite ile de Runde, et ses colonies d’oiseaux. Bon, on est un peu tôt en saison, la nidification n’a pas encore vraiment commencé. Les pygargues à queue blanche, énormes aigles pêcheurs, sont bien visibles.

le petit port de Runde

Puis la ville d’Alesund, et là on va carrément s’installer au centre ville au ponton le long d’un large canal entre 2 iles.

Ville jolie, reconstruite après un terrible incendie en 1904, style art moderne.

Et la Norvège c’est comment ? Ben pour ce qu’on en a vu, c’est montagneux, raide, des iles partout (200 000 au total!), donc on peut naviguer le long de la cote à l’abri de l’Atlantique ; l’urbanisation se fait presque exclusivement au bord de l’eau, on ne voit rien sur les montagnes. Les maisons sont souvent colorées, la dominante est un rouge foncé comme sur la photo

Les gens sont aimables mais bien moins chaleureux que les écossais qui ne peuvent pas se croiser sans échanger quelque propos aimable voire blagueur.

Pour ce qu’on en a vu. Mais la Norvège est immense !

On monte vers le Nord : Bodo fin mai soit 300 milles sans compter les zigzag entre les îles.

2018 : Retour aux Shetland

Après 6 mois d’oisiveté (enfin, pas complètement!) en France, nous voici de retour en Écosse ! D’abord une escale à Edinburgh, sa capitale, sous la pluie neigeuse, le 2 avril c’est pas un poisson ! Heureusement les musées ici sont gratuits et très bien. Et chauffés.

La ville est austère, mais nous sommes surpris par l’affluence de touristes !

et bien sûr, un petit tour au pub !

Puis retour à Skeld pour retrouver le bateau, dans quel état ? C’est la première fois que nous le laissons si longtemps, et dans un pays si humide… Mais non, à part quelques moisissures dans quelques coins mal aérés, même pas d’eau dans les fonds ! Donc quelques jours pour remettre tout en ordre de marche, et avec en prime une journée calme et ensoleillée pour regréer les voiles, et nous sommes prêts. Nous faisons nos adieux à James Scott (nous ne reverrons pas Josephine qui se prélasse à Madère!) et nous partons pour Lerwick.

Deux escales pour profiter encore une fois des paysages shetlandais, et des curiosités archéologiques : Jarlshof, un petit site d’à peine 1/2 ha occupé depuis l’age de bronze, sur lequel chaque civilisation (y compris les vikings), ont construit leur habitat. Le site, au bord de mer, a été mis à jour par une violente tempête. Les archéologues sont alors allés de découverte en découverte. Passionnant !

Puis le broch le mieux conservé de Shetland, sur l’ile de Mousa

ça date d’autour de 100 Before Christ, c’est creux avec des passages dans l’épaisseur des murs, et un grand espace central. Ça servait de refuge autant que de lieu de séchage et de stockage de nourriture. Et ça nous fait fortement penser aux nurraghes sardes, bien que ces derniers soient plus anciens.

A Lerwick, nous échouons à sortir le bateau pour le nettoyage annuel : 2 ou 3 fois plus cher qu ‘en France ! Nous tenterons notre chance en Norvège.

z’avez vu ce beau temps ?

En attendant le créneau favorable pour traverser, nous profitons de Lerwick et faisons un gros gros avitaillement, pour limiter la dépense en Norvège, connue pour être hors de prix.

Départ prévu demain dimanche15 avril, traversée de 2 jours. Ça sera frais, mais si on ne peut pas allumer le poêle en navigation, on a plein de vêtements chauds.

Winter !

So we leave our boat for about 6 months. But we are quite confident, the marina is very well sheltered and James,

James and Babeth
James and Babeth

the Harbour Master, will keep an eye, and in case of gale, two eyes, on Nocciolino .

Skeld Marina is a tiny harbour, managed by volunteers of the community.  So James is in charge of technical things about pontoons, boats etc, and his wife Josephine is in charge of all facilities of the club house, which is always clean and flowery. Great !

Nocciolino ready for winter
Nocciolino ready for winter

Thanks to both of them !

Shetland

Sur la carte d’Europe, c’est tout petit, mais cet archipel fait quand même 100 km de long et c’est entrecoupé de très nombreux voe, le nom local du fjord, et il y a donc beaucoup à explorer.

Dimanche 27 aout, nous avons quitté les Orcades pour joindre les Shetland, un jour correct suivi de plusieurs jours de vent fort, pendant lesquels nous nous sommes réfugiés dans la baie de St Ninian, repérée d’avance sur guide et carte. Ça tombe bien, c’est magnifique

le célèbre tombolo de St Ninian
le célèbre tombolo de St Ninian

112 Shetland St Ninians bay 16

on fait connaissance avec les brebis de Shetland, et avec ce qui semble être la particularité de ces îles : un relief très doux sauf sur les côtes (du moins celles de l’ouest), qui sont très découpées et très variées. D’ailleurs la géologie est très complexe, et les Shetland sont classées comme géoparc reconnu par l’Unesco.

Après quelques journées à prendre des contacts pour trouver notre lieu d’hivernage, dans les grandes villes Lerwick et Scalloway, 7000 et 1200 hab, nous atterrissons dans une minuscule marina au fond de Skelda Voe. A part les visiteurs estivaux, il y a très peu de voiliers dans les Shetland, mais beaucoup de petits bateaux, pour la pêche amateur ou pro, et un peu de petits voiliers, et pour lesquels les communautés locales ont construit de petites marinas.

117 Shetland Skeld 26

Celle-ci est super équipée avec des sanitaires nickel, un espace documentation/kitchenette/laverie, et c’est tenu par un couple de retraités bénévoles très gentils.

Contact pris pour hiverner le bateau (à flot), nous partons à la découverte du pays pour une quinzaine de jours.

Les côtes sont magnifiques, avec des falaises abruptes, des stacks, ça a l’air d’être leur spécialité ici,

120 Shetland Papa Stour 39

de la roche rouge sous des pelouses vertes toujours parsemées de moutons blancs parfois noirs, et de quelques poneys de Shetland.

L’intérieur est fait de pâtures à végétation rase, soit à cause des vents salés, soit, plus loin du littoral, du fait de la lattitude et des conditions climatiques, d’un mélange de bruyère (callune) très rase, de graminées et de lichen, qui préfigure la toundra.

bruyère malmenée par les vents
bruyère malmenée par les vents

En tous cas on y ballade facilement, si ce n’est le passage des clôtures, quand il n’y a pas de passe clôture comme systématiquement sur les sentiers balisés.

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C’est septembre. Les journées raccourcissent vite, la température chute doucement, le poêle est souvent allumé, et nous avons des pluies fréquentes, entrecoupées d’éclaircies pendant lesquelles nous baladons à vélo ou à pied. Il y a plein de trucs à visiter, la moindre curiosité est mise en valeur, indiquée sur des dépliants que l’on trouve partout et sur le terrain, même s’il ne reste que des traces.

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trace de Longhouse, maison de vikings

 

une longhouse reconstruite
une longhouse reconstruite

Unst.

L’île la plus septentrionnalle du royaume. Ici tout est le plus au nord : le bureau de poste, le salon de thé, la plage de Burrafirth, le phare de Muckle Flugga, un petit rocher encore plus au nord (plus nord que le nord !), la colonie de fous de Bassan ; ils sont encore bien là sur leurs rochers tout blancs, leur vol illuminant le ciel de leur blancheur éclatante. Il y a encore des fulmars, qui me passent au ras des moustaches quand je suis au bord des falaises, et encore les grands labbes dans les landes tourbeuses des crêtes.

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Sinon on ne voit plus grand-chose, sauf quelques migrateurs (beaucoup de courlis et d’oies).

Le passé récent ici à Baltasound c’est l’épopée du hareng, quand la baie était remplie de bateaux et d’ateliers qui traitaient les poissons, il y a un siècle. En été à la période de boom, la population passait de 600 à 16000 personnes, venues de partout, jusqu’à l’Irlande.

Le passé plus ancien, c’est les vikings, qui ont envahi et occupé durablement le pays. Les relations avec la Norvège proche sont toujours actives, commerciales et touristiques. A Scalloway, c’est même le premier ministre norvégien qui a inauguré le musée. Cette histoire viking est mise en valeur, avec la conservation ou la restauration des maisons viking (longhouse) ou de leurs bateaux.

Sur Unst un beau musée maritime expose des barques shetlandaises.

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Avec quoi construisait-on les embarcations (et le reste) sur une île sans arbres ? Ben avec du bois importé de Norvège !

Nous terminons notre visite des Shetland pour cette saison en relongeant la côte ouest, splendide quand le soleil s’y met. La mer est parfois fort agitée, avec en plus des courants, mais ça vaut largement le coup.

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une plage bondée ... de phoques !
une plage bondée … de phoques !

Nous rentrons à Skeld préparer le bateau pour l’hiver et faire nos bagages.

Fin d’un long été bien rempli, dans ces contrées dont on n’a pas fini de découvrir les ressources, mais la saison du mauvais temps approche, avec tempêtes, froid et jours très courts, donc le bateau reste là, pendant qu’on rentre en France pour préparer l’étape suivante : la Norvège.

Voir l’album photo des Shetland

De tout, en vrac

Shiant Islands

8 aout. Le bateau est arrêté devant ces grandes falaises de basalte, qui de loin, semblaient très habitées. Mais, si au sommet des falaises les pentes herbues sont encore pleines de macareux,

des macareux comme s'il en pleuvait
des macareux comme s’il en pleuvait

en fait les colonies de guillemots sont vides. La saison de reproduction est terminée. Ah, non, il reste un groupe d’une vingtaine d’oiseaux sur une vire, tous seuls dans la grande muraille, en grande partie blanchie de déjections. Tout à coup, ça crie : un goéland marin essaie de se poser sur la vire, mais les guillemots crient et s’agitent, le géant repart. Mais revient deux minutes plus tard : posé sur le rebord, il progresse en battant de ses ailes écartées (1,70 m d’envergure quand même!) et réussit à se fayer un chemin au milieu des guillemots, et à s’emparer d’un poussin ! Puis s’envole prestement, sa proie au bec, et se pose à un ou deux mètres du groupe, pour la tuer et l’avaler tout rond. La scène n’a duré que quelques secondes, sous nos yeux ébahis. Les guillemots ne bougent guère, toujours en groupe compact, et s’ils regardent en direction du goéland tout proche, cela ne gêne pas celui-ci, il commence tranquillement sa digestion.

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Les Shiants sont un petit archipel volcanique près de la cote Est des Hébrides extérieures. Des orgues basaltiques géantes qui jaillissent de la mer, et de grosses colonies d’oiseaux de mer.

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Fous de Bassan

24 aout. Westray, une des îles des Orkneys, au nord de l’Écosse – Pointe de Noop Head. Encore un gros site pour les oiseaux de mer, avec en plus une colonie de fous de Bassan récemment installée. Les iles des Orkneys sont le plus souvent très peu élevées, mais par endroits se terminent par une brusque cassure sur la mer, avec une falaise de 50 à 100 m. Et là, près du phare, les fous sont encore présents, avec un certain nombre de poussins encore en duvet. Et pour une fois on peut les observer du haut des falaises – ne t’approches pas, crie Babeth , en retrait prudent de 52 m car elle a le vertige. Mais c’est si extraordinaire, ces fous à 20 m sous mes yeux !

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Heritage center.

L’habitat est très dispersé, mais il y a toujours une petite concentration autour de : quai du ferry, épicerie, post office, églises, et très souvent on trouve l’Heritage center. Un bâtiment qui fait office du tourisme mais abrite aussi une expo permanente sur les curiosités de l’île, les intérêts archéologiques, historiques, géologiques, faunistiques et floristiques.

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A Leverburgh (South Harris dans les Hébrides) il y a une expo de tableaux en patchwork-broderie-tapisserie réalisés par les familles locales, représentant de façon naïve et saisissante l’histoire des îles.

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le tweed est très présent dans ces tableaux
le tweed est très présent dans ces tableaux

Et parfois aussi les archives photographiques de la communauté, patiemment récoltées auprès des habitants et présentées dans des classeurs, en libre accès, très utiles pour les australiens ou américains à la recherche de leurs origines.. C’est classé par thème : les maisons, les moyens de transport, la pêche, les photos de classe de l’école etc. Il y a aussi des témoignages écrits.

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L’accès à ces centres est souvent gratuit. En tous cas quand on débarque quelque part, une visite à l’Heritage center s’impose.


Westray connections

25/26 aout, île de Westray, Orkneys.
Festival local de musique sur cette petite île de 550 habitants, on est tombé dessus par hasard. En plus de 2 vedettes écossaises, Aly Bain (des Boys of the Lough ) au violon et Phil Cunningham à l’accordéon, plein de petits groupes locaux, des îles voisines ou de plus loin. Musique, ambiance, on s’est régalé.

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Ce qui nous frappé, entre deux morceaux les musiciens racontent quelque chose de façon systématiquement humoristique, et le public éclate de rire. Ça rigole tout le temps ! Malheureusement nous, si on commence à comprendre le sujet (des anecdotes sur le compositeur, sur un autre concert, sur la chanson etc, quand ce n’est pas des blagues hors sujet) on ne comprend rien à la chute, donc on rit pas beaucoup, sauf à voir rire les autres…

Et puis il y a eu le Pipe band de Kirkwall (la capitale des Orkneys) 15 cornemuses (pipe) plus les percussions, en grande tenue et en défilé dehors, grandiose !

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Et en salle sur scène, 12 cornemuses ça fait du bruit ! Bon, mettez deux bombardes bretonnes en face, les écossais ne font pas le poids !
A noter : à l’arrière du van de ravitaillement du pipe band

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A Stornoway, le poids de la religion

C’est la capitale des Hébrides extérieures. Au moment où nous y sommes (mi-aout) il y a un petit festival de musique : sous un chapiteau dressé sur les pelouses du château se déchainent des jeunes chevelus, style Led zep ou Deep purple, you know, du rock plutôt hard. Mais curieusement, le jeune public bouge très peu, lui (pas moi). Une gamine qui flashe sur les baskets de Babeth, nous explique que la religion a un poids énorme, ici. L’autre soir, au pub où des musiciens se produisaient, un autre jeune nous dit haïr cette île pour cette même raison, et vouloir s’exiler le plus tôt possible. De fait, le sabbath, jour dominical de repos, est sacré, tout est fermé tout est mort. Même le fait d’accueillir des hôtes est mal vu, même les enfants ne devraient pas aller jouer, témoin ce panneau à l’entrée d’une aire de jeu.

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please respect the sabbath

 

Habitat

Dans l’article sur St Kilda, on a évoqué les blackhouse, ces maisons utilisées dans les Hébrides extérieures. Sur Lewis on a visité une reconstitution bien faite et très documentée, avec le feu de tourbe au milieu de la pièce, sans cheminée… la fumée sort par le toit (sans ouverture) fait de tourbe et de paille, sol de terre battue, mobilier rudimentaire, fenêtres et porte basses et étroites.

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Les maisons paysannes en Lozère n’étaient souvent pas mieux dotées, mais il y avait quand même une couverture étanche et une cheminée, même si au niveau chauffage c’était peu efficace.

Aux Orkneys ils ont une pierre très facile à tailler et qui se délite facilement en plaques. Les murs sont nickel et les toits sont traditionnellement faits de 2 ou 3 rangées de très grandes « lauzes », posées sur une charpente, sur ce modèle (d’où venait le bois pour ces charpentes, il n’y a pas un arbre sur ces îles!)

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Mais la plupart de ces maisons sont en ruines, rarement retapées. Les maisons modernes ressemblent très souvent à ça

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C’est propre clair et net, pas beau mais fonctionnel. On parle ici de la campagne, avec des gens de condition modeste. Mais globalement on voit peu de grosses maisons matuvu qu’on peut voir aussi chez nous à la campagne. J’ai l’impression que les gens mettent peut-être moins d’argent dans la représentation de leur rang social par l’habitat que chez nous. Par contre les abords sont presque systématiquement bien soignés, et très fleuris.


Bateau monstre

22 aout. A Kirkwall nous retombons dans le méga circuit industriotouristique avec ces monstres des mers.

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L’été il peut y en avoir plusieurs par jour ! Et la petite ville (7000 hab) fourmille de touristes internationaux (français, italiens, espagnols, nordiques, asiatiques) qui achètent des souvenirs dans les boutiques exprès pour eux… Heureusement le soir ils sont partis. Au concert nous retrouvons Alison et Philip, d’Edimburgh, que nous avons rencontré sur Rousay en vélo, ainsi que Claire, une randonneuse française.

A la marina, nous échangeons des infos avec Frederic sur Balthazar, un magnifique Salt de Garcia (18m) qui revient de Norvège et qui nous conforte dans notre projet pour 2018.

Puis nous sortons du circuit commercial en allant sur l’île de Westray. Ici, tout le monde nous salue en nous croisant sur nos vélos, d’un petit signe de la main, et souvent d’un sourire.

Le tweed, le must des Hébrides

On ne peut y échapper, le tweed est partout. La laine des moutons (omniprésents dans le paysage écossais, et plus encore, aux Hébrides extérieures), est teinte et tissée, pour confectionner des vêtements de grande qualité, dont les mérites ne sont même plus vantés. L’ancrage au terroir est évident dans le choix et le mariage des couleurs, qui rappellent toujours le milieu naturel.

A Tarbert sur South-Harris se trouve la maison mère de Harris tweed. Babeth nous y a précipité

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pour y acheter des coupons (40 £ le mètre en 1,50 m).

Je ne me suis pas acheté de costume, même pas la casquette. Mais on peut regarder sur :
https://www.harristweedisleofharris.co.uk

La route des Orkneys

Nous partons de Stornoway, Hébrides extérieures pour joindre directement les Orkneys, 125 milles. Une fenêtre météo favorable sur 2 jours. Comptons 25 à 30 heures avec un vent favorable. Au début, presque pas de vent, on fait du moteur. Puis le vent s’établit comme prévu, on avance correctement. Vers 19h on passe le célèbre Cape Wrath, l’angle nord-ouest de l’Écosse. Là on a le choix entre aller chercher un mouillage pour passer la nuit tranquille sur la cote nord, mais on y arrivera très tard, ou continuer comme prévu, si l’état de la mer ne nous rebute pas. C’est dit, on continue ! On mange et on se prépare pour la nuit. En fait l’état de la mer s’est dégradé petit à petit, et la nuit a été fort pénible.A 1 heure, pendant le quart de Babeth, le pilote a perdu les pédales, et on a du barrer, provisoirement heureusement. Puis j’ai été malade le reste de la nuit, obligé de rester dehors. Il faisait bien frais. Le lever du jour a été accueilli avec plaisir, à l’approche des cotes des Orkneys et des formidables falaises de Hoy. Les iles du nord, notre but, sont proches les unes des autres avec des passages étroit entre les iles, et bien sur des courants, des overfalls, des tourbillons. Bien lire les instructions et les cartes de courants.

passage à la mauvaise heure : on tombe dans le bouillon.
passage à la mauvaise heure : on tombe dans le bouillon.

Coup de bol, dans le passage entre le mainland (l’ile principale) et Rousay, illustré par la photo ci-dessus, le courant s’inverse à 10 heures, on va pouvoir passer le sound tranquillement, sinon on aurait du faire un tour de 15 milles pour aller au mouillage prévu. Dans le sound la mer se calme enfin, et passé l’étroiture, c’est un lac ! On fait une arrivée apaisée, en galérant un peu pour s’amarrer à la bouée mise à disposition des plaisanciers (visitors mooring) car elle est dans le courant, léger mais… à 9h30 on éteint les instruments, on clôt le chapitre sur le livre de bord, on déjeune (faut bien se re-remplir l’estomac!), … et on va se coucher, merveilleuse sieste jusqu’à 14 heures !

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Les Monach et St Kilda

Nous décidons de partir dans l’Atlantique !

Après avoir renoué avec les Hébrides extérieures, pénétré des lochs aux entrées compliquées mais à la protection totale, nous sommes attirés par les iles exposées encore plus à l’ouest. St Kilda est un archipel à 50 milles des côtes, en plein océan ! Mal famé car le climat y est rude et la mer déchainée ! Mais c’est un site fantastique à plus d’un titre, présenté comme un défi pour les plaisanciers. Une fenêtre météo s’ouvre, un vent tranquille dans le bon sens pour y aller, puis du temps calme pendant 3 jours : on y va ! Nous partons d’un mouillage dans le sud des Hébrides, près de Barra. Il y a très peu d’abris le long de la côte ouest, ce sont d’immenses plages de sable blanc exposées aux tempêtes de l’Atlantique. Nous joignons les Monach islands, un petit archipel pas loin des côtes, après 35 milles de bonne navigation sous le soleil, bien que le vent soit tombé sur la fin. Les Monach offrent un abri relatif, correct par temps calme. Le temps que l’on tourne un peu pour jeter l’ancre puis mettre l’annexe à l’eau, on a alerté des dizaines de phoques, qui observent nos manœuvres

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Ce sont des îles toutes plates (sommet à 17 m), désertes actuellement mais qui ont été habitées par une communauté d’éleveurs pêcheurs. Il reste les ruines d’un village, l’école a été retapée et sert aux pêcheurs qui viennent y faire de courts séjours, et aussi pour s’occuper d’un troupeau de moutons à laine brune. Dans une autre maison retapée, une petite expo bien faite relate la vie de ces îliens jusqu’en 1948 où elle a été abandonnée, ainsi que les particularités de la faune et de la flore. Une particularité de taille : on a ici l’une des plus grosses colonies de phoques gris d’Europe, avec 9000 naissances chaque année. Mais la saison de reproduction n’a pas encore commencé.

Il nous reste de ces îles un souvenir particulier, lié à leur originalité, à leur histoire, au temps doux, à la présence insistante des phoques, le relief ondoyant du machair (formation végétale sur sable dunaire enrichi du calcaire des coquillages des plages) …

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les ruines du village sur le machair de Monach

Le lendemain on part pour St Kilda, 35 milles encore sous le soleil. On ne voit l’archipel qu’au dernier moment car les nuages jouent avec.

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Une fois à terre c’est l’étonnement : des centaines de huttes de pierre chapeautées d’herbe construites par les habitants des siècles derniers, dans un espace librement pâturé par une espèce de mouton endémique et très ancienne, d’ailleurs proche de notre mouflon.

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Plus des murs, des ruines de « blackhouse », maison rudimentaire sans cheminée ou le feu de tourbe se consumait directement sur le sol, aux murs très épais sur lesquels reposait un toit de chaume, très sombre et malgré tout utilisée jusqu’à la fin du 19 ème siècle, des parcs à moutons…

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Ces huttes ou cleits sont en fait des lieux de stockage de tout ce que les îliens récoltaient et conservaient pour la mauvaise saison : tourbe pour le chauffage, grain, viande de mouton et d’oiseau, poisson, huile, plumes…

Un de leur principaux moyens de subsistance était la « récolte » des oiseaux marins et de leurs œufs. En effet les îles de l’archipel sont l’un des principaux sites de reproduction de ces espèces : 135700 maquareux, 67000 fulmars, 60500 fous de Bassan, 23400 guillemots pour les espèces les mieux représentées. Pendant la saison de repro il y a environ un million d’oiseaux sur les îles. Et nos St Kildiens allaient les « récolter » au péril de leurs vies, car ces oiseaux sont installés sur des falaises vertigineuses de ces îlots volcaniques

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Les tableaux de chasse sont hallucinants : dans les années 1830, 4000 fous et 12 à 20 000 fulmars par an. Dans les années 1900 : 5 à 6000 œufs de guillemot ! Il fallait aller les chercher, au bout de cordes fabriquées maison, et les ramener en barque également rudimentaire, et la mer peut être mauvaise par là-bas !
NB le fou est un oiseau d’environ 3 kg, le fulmar de 800 g.

Les oiseaux (adultes ou jeunes) fournissaient la viande, mais aussi de l’huile issue de la graisse pour l’éclairage, le duvet et les plumes étaient exportés pour la literie. Leur peau était également utilisée pour la fabrication de chaussures.

La communauté est ancienne, les Vikings en ont fait partie, et il y a des traces plus précoces encore. Elle est surtout bien connue et décrite depuis le XVIII ème siècle.

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Les îles appartenaient à un Mac Leod de Harris, auquel les habitants devaient un fermage. Puis on leur a envoyé des pasteurs, et un instituteur. À cette époque il y avait une centaine d’habitants en un seul village. L’île a été évacuée dans les années 1930, le propriétaire de l’archipel le cède au National Trust for Scotland en 1956 et l’armée anglaise en a fait un base stratégique. C’est un site de l’Unesco.

Nous avons longuement erré dans ce site fantasmagorique, visitant les ruines des habitations et le petit musée très documenté. Puis nous avons fait le tour de la principale île en bateau, cela permet de s’approcher des falaises plutôt inaccessibles par le haut. Ah, que ne sommes nous des oiseaux !

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Et l’on découvre effectivement les colonies d’oiseaux marins, dans un paysage grandiose, qui doit être encore plus terrible par mauvais temps.

Le lendemain dernier jour de météo favorable, nous faisons le tour de Boreray et de ses deux stacs, dont l’un est presque couverts de fous de Bassan.

Boreray, Stac Lee (166 m) et Stac An Armin (191m) : toutes les parties blanches sont des fous de Bassan
de D à G : Boreray, Stac An Armin (191m) et Stac Lee (166 m)  : toutes les parties blanches sont des fous de Bassan

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Une journée de traversée (vent faible de face, moteur) pour rejoindre un abri car le lendemain ça doit souffler méchamment.

Nous revenons au monde normal… nous revenons de St Kilda !