Entre Cabo Cruz et Santiago nous avons jeté l’ancre devant deux petits villages, dans de petites baies bien abritées. Nous sommes restés plusieurs jours, sans avoir à faire de formalités (extra!), et avons pu voir la vie à la campagne, par opposition à celle de villes, un peu voire fortement modifiées par le tourisme.
Marea del Portillo est une petite communauté d’agriculteurs pêcheurs, avec 7 ou 8 petites barques sans moteur, a rame et voile
et des cultures très variées, de l’oignon en grands champs pour vendre à l’extérieur,
tomate, poivron, concombre, banane plantain et fruit, coco, beaucoup de manguiers près des maisons et même de la vigne an palissage.
l’habitat est assez varié, de la maison traditionnelle
à la maison proprette en béton
on a même vu une ou deux belles américaines sous leur abri.
Le moyen de déplacement le plus courant reste… le cheval, monté ou attelé
Notez les rênes en drisse de voilier ! Nous on a donné une drisse au laboureur pour guider ses bœufs.
Beaucoup d’animaux, poules, quelques dindes, chèvres moutons cochons chevaux, un âne et quelques vaches, ou bœufs zébu pour labourer.
Nous avons pu avoir pas mal de légumes et quelques fruits, en échange de vêtements, savon, fil de pêche ou hameçons… Ils nous ont dit que pour eux la nourriture n’était pas un problème, mais tout le reste, si. En ville c’est plutôt l’inverse.
Chivirico c’est plus grand, un petit bourg (pour les citadins ça reste un petit bled paumé), bien propret avec des espaces publics entretenus
Cet homme est très fier de nous présenter son coq de combat (en short, le coq!!!), et pour nous remercier être intéressé à sa passion et de l’avoir photographié, nous a donné fruits et légumes
L’entrée du parking des bus : y’en a pas de la propagande, là ?
Santiago de Cuba, dernière étape dans ce pays, nous accueille dans une marina abritée dans une grande baie fermée. Comme à chaque endroit doté d’une marina (gérée par l’État), on n’a pas le droit de se mettre à l’ancre ailleurs dans la baie.
La marina est assez loin de la ville, et les transports en commun indigents, du coup on doit se déplacer en taxi, c’est un peu cher. On a réussi à faire le plein de la bouteille de gaz, au marché noir à un tarif exorbitant (eux ont une bouteille tous les 20 jours pour 200 pesos soit environ 1 €, ce qu’ils n’utilisent pas est vendu au marché noir assez cher), on a fait faire une lessive au tarif le plus élevé jamais vu, les 3 premiers jours il n’y avait pas d’eau à la marina, on attendait le camion et le retour de électricité … Tout ça pour dire que les marinas à Cuba, c’est très cher pour des services très limités. Mais on voulait voir Santiago, bien sûr, et attendre ici une bonne fenêtre météo pour passer entre Cuba et Haïti vers les Bahamas, passage qui peut être difficile.
La ville est jolie, fondée sur un mélange d’influences espagnoles, voire mauresque avec des balcons fermés par des moucharabieh, et des influences françaises depuis l’arrivée des colons français chassés d’Haïti par la révolution, lesquels sont parfois venus avec leurs esclaves haïtiens !
Santiago est aussi une capitale culturelle, surtout pour la musique, et là on en a bien profité bien qu’on ne soit allé que deux jours en ville.
La musique
Cuba est un pays de musiciens. Alors qu’au Cap Vert, qui a la même passion, nous n’avons malheureusement pas vu grand-chose, cause covid surtout, ici nous avons vu jouer beaucoup de groupes. Un peu à la Havane, dans beaucoup de bars
et certains clubs, mais là c’est une grande ville et il faut être guidé pour aller dans les endroits où ils se produisent, beaucoup à Trinidad mais essentiellement dans les restaus où ils jouent pour les touristes. Avec dans cette ville des clubs de cours de salsa pour les touristes, mais le soir devant une scène en plein air c’est surtout des locaux qui mènent la danse, avec quel talent !
C’est à Santiago qu’on a le mieux apprécié les talents cubains, d’abord à la Casa de las tradiciones, où l’on a assisté à un récital de chansons « du bon vieux temps » par des artistes passionnés, réunis ente eux – nous étions les seuls touristes – et se régalant manifestement de se produire.
A la Casa de la Trova, en pleine journée, on a vu se produire des groupes de « son », un style de musique d’origine rurale dont le représentant le plus connu est Compay Secundo.
Cette jeune fille présente dans le public avec ses copines est venue rejoindre le groupe le temps d’une chanson
l’excellent mais discret guitariste assis joue de la « tres », une guitare plus petite et plus aiguë à six cordes groupées par deux, toujours présente dans ce style de musique
Cette salle du club est toute petite, il n’y a qu’une quinzaine de spectateurs, qui sont d’ailleurs parfois aussi acteurs quand les musiciens distribuent les instruments de percu, ou la guitare ! Le chanteur dialogue avec le public, tout le monde reprend les refrains dans une ambiance extraordinaire et pourtant très simple. A la fin le chapeau passe pour les musiciens.
Nous avons aussi assisté dans le musée du carnaval à une démonstration de danses pratiquées lors de cet événement, qui a lieu ici fin juillet (après la récolte de la canne à sucre).
Là les influences sont clairement africaines, autant dans la danse que dans l’accompagnement par les seules percussions
Incroyable cette profusion de voitures des années 40 et 50 qui circulent en tous sens dans toute l’île ! Essentiellement des américaines, abandonnées ici quand la révolution a mis dehors leurs propriétaires US. Dans les années 50 La Havane est sous l’emprise américaine, qui y a créé un empire du jeu, de la prostitution de l’alcool et de tout ce qui est illicite dans l’Amérique de ces années. Fidel Castro ayant interdit l’exportation des biens des américains, tout est resté sur place et les cubains s’en sont emparés avec convoitise !
Au départ tout simplement pour s’en servir, puis ils se sont rendu compte que les touristes aimaient ça, donc une partie de ce parc a été entretenu, retapé tant bien que mal, et valorisé en taxis et tours de La Havane
on dirait que tous les modèles de toutes les marques sont représentés. Les connaisseurs doivent se régaler et cocher sur leur carnet ! On peut jouer au jeu des 7 marques !
Certaines de ces voitures sont de gros bijoux, d’autres sont bricolées avec ce qu’on peut trouver comme pièces détachées, et ça ne doit pas être simple ! Souvent les gros moteurs américains extrêmement gourmands ont été remplacés par des diesels coréens ! En tous cas elles sont astiquées pour les touristes, très souvent interpellés par les chauffeurs qui vendent leur prestation !
Notre retour de Trinidad à Cienfuegos en taxi s’est effectué en vieille Ford, sans qu’on l’aie demandé.
D’autre part, beaucoup de ces voitures servent tous les jours aux cubains, et on en voit partout, dans des états très variables
Toujours très photogéniques dans les rues !
Pour la plupart, le remplacement de pièces moteur ou autre doit être une vraie galère, donc on répare comme on peut !
Il n’y a pas que des « belles » mais aussi beaucoup de voitures de John Do (M. Toulemonde) y compris de petites utilitaires.
En mélange, une très grosse dose de Lada de tous ages, des Moskvitch russes usées jusqu’à l’os, mais aussi des européennes de l’ouest comme cette Saab
cette Fiat ou des coccinelles VW, on a même vu notre C15 national ! Les Peugeot semblent avoir une certaine cotte, des 404 circulent encore, tandis que beaucoup de taxi sont équipés de la 405. Et bien sûr des japonaises et coréennes, comme dans le monde entier.
Dans la catégorie utilitaires on voit également beaucoup de curiosités
certains véhicules de transport en commun ressemblent plus à des bétaillères
des engins d’origine américaine et sans doute russe, ou des véhicules hybrides bricolés à la cubaine !
Coté motos c’est pas mal non plus : une invasion de Jawa et de CZ d’Europe de l’Est, déclinées à toutes les sauces, souvent transformées en moto-taxi à trois roues.
Également de valeureux side Dnieppr ou Oural (des copies russes de la BMW)
ainsi que des Suzuki.
La plupart des scooters sont récents et électriques, ce qui élimine une bonne partie des bruits de circulation, mais peine perdue, tous les autres 2 ou 3 roues fument et pétaradent de leurs 2 temps à qui mieux mieux ! Et donc même si la circulation est très fluide, ça reste bruyant ! Sans parler des bus de ville hors d’âge, de véritables ruines !
Ça, c’est pour les quelques artères empruntées, en fait, il y a très peu de voitures, pas d’embouteillages, dans certaines rues de Cienfuegos, on n’entend que les pas des chevaux des charrettes taxi, et sur le célèbre Malecon de La Havane, la 2 x 3 voies se traverse sans aucun problème bien qu’il n’y ait ni feu rouge, ni passages cloutés !
C’est une immense zone de 250 km sur 35 environ, encombrée de hauts fonds et de cayes (cayos = îlots) entre Trinidad et Cabo Cruz, à l’Ouest de Santiago. Elle est bordée au sud par la barrière de corail et un archipel tout en longueur, les Jardins de la Reine, parc national dans lequel il est interdit de jeter l’ancre.
Bien sûr il est impensable de balader là-dedans sans carto précise, mais on a ça, et avec le GPS pour vérifier la position exacte du bateau sur la carte, en surveillant les profondeurs au sondeur, et parfois en essayant de voir les fonds depuis la proue, on s’en sort. Et il y a plein de mouillages possibles à l’abri des cayes, comme celui-ci, avec plus ou moins d’intérêt.
Malgré tout on a été assez déçus : les îles (toutes désertes) sont toutes quasiment couvertes de mangroves impénétrables, avec seulement quelques plages
le paysage est donc assez monotone, les espaces sont en fait très vastes, l’examen de la carte est trompeur, laissant espérer de petites criques sympas… l’eau est chargée de matière organique donc vert opaque, pour avoir de l’eau plus claire il être à l’extérieur de l’abri, donc exposé, il y a très peu d’oiseaux (quelques pélicans, cormorans, sternes, rares hérons) et les poissons on les voit pas ! Nous avons passé une semaine dans ces golfes, nous arrêtant le soir dans les cayes fournissant un abri correct (le vent soufflait assez la nuit).
Quelques belles ambiances quand même
Cayo iguana : une des seules cayes occupée par un grand palapa pour accueillir des excursions à la journée en super-catamaran, desquels débarquent 40 touristes qui mangent, font trempette et bronzette et jouent avec les iguanes apprivoisés ! Un homme de l’organisation vit sur l’îlot comme gardien, et est content de nous accueillir quand les autres sont repartis.
Sur la petite plage de Cayo blanco, nous découvrons l’épave d’un bateau squattée par un Balbuzard pêcheur. L’aire est construite sur la plage arrière du navire, et un des adultes n’apprécie pas du tout que nous nous approchions, tandis qu’un jeune oiseau prêt à l’envol exerce ses ailes à côté de l’aire.
Malheureusement, nous avons fait la traversée contre le vent, essentiellement au moteur, et parfois contre une mer rude, le vent d’Est, même modéré de 15 à 20 nœuds, levant une mer courte et très désagréable. Le vent tombait en général vers midi, la mer se calmant 2 heures plus tard, du coup on arrivait au mouillage avec une mer super calme.
La dernière étape dans ces golfes s’est faite de nuit, car le dernier mouillage n’était pas assez protégé, d’un coup de vent annoncé d’Ouest… (qui n’a pas eu lieu). Alors on est partis pour passer la nuit en mer, dans un secteur bien dégagé de tous ces traîtres hauts fonds. Et comme en milieu de nuit : plus de vent du tout ! on a tout arrêté et on s’est laissé dériver jusqu’au petit matin.
Arrivée à Cabo Cruz
et contrôle des autorités, comme à chaque arrêt ou presque. Ces agents, venus en vieille petite barque à la rame, recopient laborieusement les renseignements demandés par la hiérarchie. Sur un bout de papier qu’on leur a fourni, avec notre stylo…A la fin, ils nous ont demandé un bout de corde pour attacher leur barque , la leur étant prête à rendre l’âme et ils n’avaient manifestement aucun moyen de s’en procurer une autre !
Les bateaux
Ben ici on a pas vu beaucoup de monde ! Quelques voiliers de voyageurs, quelques catas de location et bateaux promène-touriste. A la marina de Cienfuegos, la « meilleure » de toute la côte Sud, on a été 4 voiliers français (dont Yoni et nous), un hollandais et un de Nouvelle Zélande.
Pendant nos navigations sur toute la côte sud de Cuba (700 milles soit env. 1300 km), nous avons croisé un anglais, avec qui nous avons discuté par radio, qui nous a signalé deux voiliers français, Loulou et Imago, que nous avons retrouvé plus tard dans un mouillage. Apéro !
Plus tard nous avons croisé un autre couple sur un mouillage, et à Santiago nous trouvons encore 3 autres bateaux dont 2 qu’on connaissait. Et c’est tout.
Après, nous avons parfois croisé des pêcheurs, sur de vieux bateaux pas encore épave mais pas loin! Construction ferro-ciment pour les gros, ou bois pour de simples barques équipées d’une voile
ces deux-là partaient à la voile dans les îles, pas de moteur, « loin », avec une réserve de glace qui prenait presque toute la place dans la barque. Pour pêcher la langouste. Plusieurs jours et plusieurs nuits sans rien pour s’abriter de le pluie et sans possibilité de s’allonger !
Le retour contre le vent ? À la rame ! Sachant que dans ce golfe, même quand ça souffle pas très fort, ça lève des vagues pénibles !
Tous les pêcheurs veulent nous vendre des langoustes, contre des euros ou du rhum (on en avait pris une réserve!). Normalement ils n’ont pas le droit, mais dans les îles à l’écart des regards indiscrets , ils font ce qu’ils veulent. Quand on a mouillé au Cabo Cruz, où il a un poste de garde-frontières, personne ne s’est approché du bateau !
12 janvier, arrivée à Cienfuegos, une des villes intéressantes de Cuba dotée d’une marina dans un grand lac intérieur. Amarrage au ponton de béton, un peu de formalités et David et Paula, du bateau voisin et ici depuis un moment, nous aident à changer des dollars contre des pesos, fournis par un quidam par là…. hmmmm… c’est légal ? (sûrement pas) c’est risqué ? Ça a pas l’air, tout le monde fait comme ça, dès qu’on met le nez dehors on nous propose de changer. Le dollar est à 110 pesos en banque, dans la rue on nous en donne 160 ! on a même vu des changeurs qui exhibaient une pancarte dans la rue à Trinidad avec le taux de change !
C’est une bonne entrée dans le système économique cubain, complètement exsangue à cause du blocus américain et sans doute… peut-être… du système politico-économique cubain incapable de fournir à ses citoyens un minimum de biens de consommation essentiels (ou seulement courants, ou même superflus !). Résultat, une économie souterraine permanente et portant sur toute sorte de denrées, dont nous, dans la rue, ne voyons qu’une petite partie. En tous cas les magasins « officiels » n’ont presque rien en rayon, ou cher, et payable avec un système de carte de crédit cubaine alimentée en Euros (?!?),
pour ce qui manque les gens se débrouillent et payent en dollars dans des filières obscures. Toujours est-il que les plus malins sont avides de dollars et d’euros auprès des touristes !
Cienfuegos est une jolie ville, fondée par un français en 1819 sur une base espagnole. Pas envahie par les touristes, assez tranquille.
Nous apprenons ici la complexité de la vie à la cubaine : où trouver du pain, les boulangeries sont dévalisées très tôt le matin et il faut trouver des revendeurs dans la rue, ou dans un café, avec de la chance… Où trouver du sel ? Du sucre ? Impossible. Pour les fruits et légumes : un marché municipal quasi vide, quelques roulottes dans la rue,
qui ont 2 ou 3 produits, jamais les mêmes, sauf les trucs très courants (oignons), un autre marché trouvé le lundi avec 3 marchands mais plus qu’un le mardi, pas d’épiceries, sauf quelques magasins d’État réservés aux locaux munis de leurs tickets de distribution alimentaire, et devant lesquels il y a toujours la queue,
si on cherche quelque chose il faut demander dans la rue et on vous répond que peut-être là mais pas sûr, « parce qu’ici c’est compliqué ! » Ils y a aussi de toutes petites échoppes avec 5 ou 10 produits, il faut mettre le nez dedans et voir, demander.
En général il y a quand même une pancarte avec la liste de ce qu’on peut acheter et le prix. Bref faire ses courses est un casse-tête, et il faut retenir les endroits où l’on trouve un produit pour y revenir…
A Cienfuegos nous commençons à découvrir la vie cubaine, avec les références omniprésentes à Fidel Castro, au Che et à la révolution (achevé en 1959)
Il y a aussi beaucoup de maximes, de pensées, de slogans sur les murs, sur des pancartes dans la rue
mais bon, il n’y a pas que ça, loin de là !
La vie quotidienne dans les transports
les achats, les relations avec les touristes : on est quand même souvent sollicités, pour différentes choses : les devises, du savon, les bici-taxi et moto-taxi, des médicaments, un peu de mendicité, les vendeurs de souvenirs dans les endroits les plus touristiques. L’accroche est très souvent : « de quel pays vous êtes – de France » et hop quelques mots de français. Mais certaines personnes sont contentes de parler avec des français, au moins à Cienfuegos et à Trinidad, où l’influence française a été importante.
Avec Yoni nous organisons une virée à La Havane. Les bus c’est assez compliqué, il faut réserver à l’avance, c’est quand même un peu cher, le taxi collectif est la solution la plus pratique pour 4, après avoir réservé un AirB&B, ce service marche très bien ici, sauf que le site internet est bloqué (pourquoi ???), il faut charger un générateur de fausse adresse IP, toute une histoire (pour nous).
Mais il y a plein de logements chez l’habitant (casa particular) entre 10 et 25 € (ou plus) la nuit, très corrects.
Et nous découvrons la Havane, la capitale (2 ,1 millions d’hab) chargée d’une lourde histoire hispano- américano-révolutionnaire ! Un choc d’entrée : dans le centre, un nombre impressionnant d’immeubles tombent littéralement en ruine, alors même que certains étages sont encore habités
d’autres juste à coté sont en bon état abritant des commerces ou des restos, d’autres sont juste mal entretenus avec peintures et boiseries défraîchis ou lépreux, ou encore bardés d’échafaudages et d’étais… Tout cela intimement mélangé et vivant.
L’autre chose frappante, encore plus qu’à Cienfuegos : le musée de l’automobile vivant ! On voit de tout à partir des années 40/50, et de tous les pays. Cela mérite un article à part, mais on a parfois l’impression de se balader dans un décors de film des 50′, d’autant que la circulation est souvent peu dense, comparée à celle de nos villes surchargées !
Autre surprise : il y a des églises partout ! Eh non, les méchants révolutionnaires ne les ont pas détruites !
Certaines parties de la vieille ville ont été bien restaurées avec les fonds internationaux car la vieille ville a été classée par l’Unesco patrimoine de l’humanité
mais du coup on se croirait dans n’importe quelle ville.
Un exemple de bel immeuble représentatif de cette ville :
Nous avons passé trois jours à flâner dans les rues le nez en l’air, à écouter les musiciens dans les bars, à faire les touristes, quoi ! L’impression que nous laisse cette ville est très mitigée, tant de questions se posent quand aux difficultés de vivre des gens, dans un pays dans lequel la révolution socialiste a voulu tout régler sans manifestement y arriver… Circuler à charrette à cheval n’est pas dramatique (la transition énergétique à portée de main!) mais devoir faire la queue devant les magasins dès qu’ils son approvisionnés …
MAIS… ce qui est vrai pour le petit peuple ne l’est pas pour l’hôtellerie et la restauration : ici on ne manque de rien, et on se croirait dans n’importe quel autre pays… par exemple on trouve difficilement du sucre dans le commerce mais il y en a sur les tables dans les cafés !
Et il n’en reste pas moins que Cuba est une dictature, parti unique et pas de presse indépendante !
Trinidad
Les Yoni repartis vers d’autres rivages (peut-être les recroiserons nous aux Bahamas?), nous partons en taxi pour Trinidad, une des plus belles ville de Cuba, qui a tiré sa richesse de la canne à sucre et du travail des esclaves, jusqu’au milieu du XVIIIème. Nous logeons dans l’annexe d’une ancienne maison coloniale, proche du centre. Comme très souvent, le rez-de-chaussée a été transformé en restau ou en magasin de souvenirs,
les grilles plus ou moins ouvragées sont systématiques, même aux balcons des immeubles plus récents style HLM. Parfois on ne rentre même pas dans le magasin, l’achat se fait à travers la grille, la porte-fenêtre fait la même dimension. Mais si l’on peut entrer, on découvre alors d’immenses pièces très hautes, des cours intérieures, sur lesquelles donnent les pièces du haut. Ou parfois en passant dans la rue devant la maison, les immenses fenêtres grandes ouvertes donnent sur le salon
A Trinidad la plupart des maisons sont à un niveau, seuls les « palais » en ont deux, très rarement plus, et ont souvent été restaurés et transformés en musée.
Dans le centre historique (classé par l’Unesco) beaucoup des maisons bourgeoises de cette époque appartiennent encore aux descendants, qui les entretiennent d’autant mieux quelles sont devenues des restaus, des magasins de souvenirs, avec en plus des chambres à louer, ce qui était le cas chez nos hôtes Karen & Rique.
Mais la ville au quotidien des habitants de Trinidad est plutôt illustré par cette vue, et les américaines sont hors de portée des petites bourses !
Et la campagne ? Il y a un beau massif de moyenne montagne à côté de Trinidad, le massif de l’Escambray, mais nous n’avons pas trouvé à y loger pour randonner dedans. Nous nous sommes rabattus sur une sortie à la journée organisée pour groupes. L’intérieur du massif échappe à l’aridité des plaines, en saison sèche actuellement, et les collines sont bien vertes, les cascades coulent, c’est la grande attraction touristique,
Ce que nous avons vu de la forêt n’a pas l’exubérance des forêts tropicales humides du continent, sauf un peu ici en atmosphère confinée de ravin. Cela faisait plus penser aux laurisylves de Madère ou des Canaries.
On a même bien observé le Tocororo, l’oiseau national car de couleurs nationales, bleu blanc rouge ! C’est un trogon, comme le quetzal au Guatemala.
De Cienfuegos, on est partis aussi vers la montagne, en taxi (qui chauffait dans les côtes, il fallait s’arrêter pour laisser refroidir), pour visiter d’autres cascades.
Cela donne également l’occasion de traverser la campagne, les villages
où l’on voit les cultures, l’élevage, les ruches, et où l’on se demande encore une fois pourquoi Cuba n’est pas autosuffisant en nourriture… Beaucoup de traction animale, cheval et un peu de bœufs.
On savait que la traversée de Isla Mujeres vers Cuba n’était pas facile. Sur la foi d’informations à priori fiables (mais il est très difficile d’avoir des infos sur tout ce qui touche Cuba), nous avons visé le Cabo San Antonio pour faire nos formalités à Los Morros, le poste le plus à l’ouest du pays, cap Est-nord est, avec un vent de sud-est, de travers en théorie, mais avec le courant portant au nord, le début du Golf Stream parait-il. En fait à peine à 25 milles de la côte, le courant nous a pris vers le nord, sans qu’on arrive à le contrer ! On a du faire du moteur pendant une bonne partie de la traversée (durée totale 25 heures) et on n’a remis les voiles qu’à 6 heures du mat, avec un courant faible, un vent raisonnable et une mer assagie. Bon. On arrive à Los Morros, 2 maisons, un quai… On se met à quai à coté d’une lancha de pêcheurs,
et arrive un officier… qui nous annonce que le poste est fermé pour cause de réparations ! Sacrée déception, on ne peut même pas rester à quai, la « marina » étant elle même fermée ! On doit donc repasser le cabo San Antonio et partir pour Cayo Largo à 200 milles de là, un des autres ports d’entrée. Notre route pour Cuba est la côte sud, protégée des coups de vents du nord qui arrivent régulièrement en hiver. En attendant on va se mettre au mouillage et se reposer dans une baie entourée de mangrove, très protégée, très calme ! Ouaaaah ça ne bouge plus !
On va mettre cinq jours pour joindre Cayo Largo, en s’arrêtant presque tous les soirs, dans des coins tranquilles, sans descendre à terre parce qu’on arrivait tard au mouillage, mais on a quand même profité de beaux couchers de soleil, avec ou sans rayon vert !
La route suivie, sinueuse, nous a fait passer entre les cayos, qui sont des îles couvertes de mangrove dans les eaux peu profondes (3 à 8 m), à l’intérieur de la barrière de corail, sachant qu’à l’extérieur on atteint très vite des profondeurs jusqu’à 4000 m. !
Cayo Largo : aucun intérêt, c’est une île à touristes façon Cuba : accueil dans des hôtels sur la plage, infrastructures bien léchées et organisées autour d’un tourisme aseptisé, mais arrosé de rhum cubain (le mojito fait rage!) et nourri de langouste au resto.
La petite marina (d’État) est vide de voyageurs en voilier, seuls quelques catamarans y restent, proposant des sorties à la journée vers les cayos, baignade bronzette snorkeling et homard sous le palapa de la plage. Nous ne restons que le temps des formalités, assez simples et rapides, une fois passée l’inspection des services sanitaires, qui cherchent littéralement la petite bête : inspection des paquets de pâtes et de riz, du contenu du frigidaire, des boites de conserve (date de péremption?) etc. Mais ils ont été cool et n’ont pas tout inspecté, on a en fait à bord une épicerie complète achetée au Mexique et répartie dans de nombreux coffres, sachant qu’on ne trouve pas grand chose à Cuba.
Au total l’entrée à Cuba nous coûte 290 USD, visa pour 3 mois.
Deux français nous abordent au ponton : c’est vous Nocciolino ? Ils nous donnent des nouvelles de nos amis Gégé et Jean-Pierre, sur Yoni, ils sont partis d’ici ce matin vers Cienfuegos, on les a loupé de peu ! On se connaît depuis le Cap Vert, on les a recroisés au Guatemala, on se retrouvera à Cienfuegos.
En fait on les rattrape à Cayo Guano del Este, dernier mouillage avant Cienfuegos