Retour en France

Et donc, après les Baléares, retour en France ! Notre dernière petite traversée se passe, ma foi, pas trop mal, avec du vent, puis plus de vent, des flottilles de bateaux de pêche à traverser en pleine nuit,

en bleu la route de Nocciolino (la grosse coque rouge)

puis de la mer agitée de face, pour finir à l’ancre dans la baie de Port Bou, dernier mouillage à l’étranger.

Puis nous allons mouiller un peu plus loin dans la baie de Paulilles pour retrouver Marc et Aline, connus au Cap vert il y a 5 ans. Eux viennent d’acheter un voilier et partent en voyage, nous on rentre

Le 23 juillet nous effectuons notre dernière navigation, 65 milles pour joindre Sète, au près avec un vent modéré dans une mer calme, impeccable !!!

Arrivée à Sète

Là, ça sent la fin ! Sentiments très mitigés, entre satisfaction d’être arrivés et nostalgie… la fin d’un voyage, la fin d’un mode de vie.

On s’amarre au ponton de la marina du môle, face au canal royal, et on pavoise : tous les pavillons de courtoisie des pays ou régions que l’on a abordé sont exposés dans une grande et joyeuse banderole

Puis on reprend contact avec le chantier dans lequel on pourra poser Nocciolino*, on passe les ponts pour entrer dans l’étang de Thau

et c’est le dernier accostage avant la levée à terre, dont on ne connaît pas encore la date. Mais en attendant de pouvoir revendre le bateau, il y a du déménagement, du nettoyage, quelques réparations, des retouches de peinture… De la famille qui nous attend à La Capelle

*En fait on est partis du Cap d’Agde (le 29 avril 2015) mais on a acheté le bateau à Sète (le 12 octobre 2013) sur un chantier sur l’étang de Thau, et c’est quasiment au même endroit que Nocciolino va se garer à sec pour trouver un nouveau propriétaire… Un hasard qu’on a un peu provoqué, mais on a eu la chance de récupérer la place occupée par le bateau qu’ont racheté Marc et Aline ! Encore une boucle bouclée !

Quelles conclusions tirer de tout cela ? Oulalala vraiment difficile !

On peut faire un petit bilan chiffré :

Nous avons parcouru en huit ans 32 486 milles nautiques soit 60 164 km, visité 30 pays (les «régions» comme la Corse, les Canaries, les Açores n’ont pas été comptées comme pays), abordé 267 îles où on a passé au moins une nuit,

à chaque année une couleur différente

effectué 41 navigations en pleine mer nécessitant au moins une nuit en mer (le reste en côtier, avec mouillage ou port tous les soirs), avec un total de 111 nuits passées en mer (mini 1, maxi 19 pour la traversée Bermudes Açores), pratiqué des centaines de mouillages le plus souvent isolés, souvent très beaux, des dizaines de jolis petits ports… tout ça est bien difficile à résumer !

On a eu beaucoup de chance, pas de gros coup dur en mer (sauf 2-3 bricoles), pas de blessures graves, même pas le covid !!!

Cotés négatifs : la météo pas toujours arrangeante, plein de petits soucis matériels (un bateau relativement vieux…) qui finalement coûtent cher, et qui gavent ! Voire qui nous immobilisent dans des endroits pas forcément terribles, là on ne choisit pas. Des chantiers d’entretien fatigants et chers, tous les ans.

plié en 4 dans les fonds, changement d’un réservoir d’eau

Mais bon, le bateau a fait le job, l’équipage a survécu ! Et on a passé beaucoup beaucoup de super moments !

Le pays qu’on a le plus aimé ? … ben tous ! Sauf peut-être les Bahamas, trop tourné vers l’accueil des riches. Mais globalement on a plus aimé les pays du nord, et la Grèce en hiver. C’est lié aussi à l’affluence touristique, qui nous déprime quand elle rime avec paquebots, moto-mer (jet-skis), hors-bords sur-motorisés bruyants et créant sur leur passage une mer agitée (voire dangereuse quand on est en annexe) dans les mouillages, manque total de respect pour les autres usagers

Les meilleurs souvenirs ? De très belles rencontres, éphémères ou durables,

Henri et Marie Thérèse sur Luskell nous accueillent au mouillage (Irlande)

des contrées bourrées de paysages magnifiques, dans lesquelles nous nous sommes immergés, ou de villes ou sites historiques passionnants. Et comme nous les abordions en bateau, nous avons suivi les voies maritimes des commerçants et/ou des conquérants des siècles passés, vikings, vénitiens, espagnols, portugais, français, anglais, qui se sont partagé le monde (du moins cette partie du monde que nous avons parcouru), le plus souvent en écrasant et en asservissant systématiquement et allègrement les peuples autochtones.

Des souvenirs étayés par une photothèque de 27 000 clichés ! Dur de faire une sélection pour le dernier album !

Loch Marveig – Lewis, Outer Hebrides, Scotland, tranquilles !

Parmi les souvenirs les plus marquants : St Kilda à l’ouest des Hébrides extérieures (Écosse), pour ces îles si sauvages mais habitées par une population si particulière (XVIIIè au XXè siècle), l’extraordinaire civilisation maya qui a laissée tant de traces et qui reste relativement vivante, les indiens kuna des îles côtières du Panama, qui ont conservé un mode de vie ancestral dans un monde aux transformations incontrôlables, ou encore les petits pêcheurs côtiers et leurs moyens dérisoires pour survivre et nourrir leur communauté…

Les kuna font le trajet tous les jours en pirogue entre leur île et leurs cultures sur le continent

Et, tout dernièrement, in extremis, une rencontre avec Michel Francioli, le « père » de Nocciolino, constructeur et premier propriétaire, avec qui nous n’avions été en contact que par courriel. Il est venu à bord, avec son album de photos de la construction.

Michel, tout content de retrouver son bateau, 28 ans après la fin de la construction

Très ému de retrouver son bébé, assez peu transformé, et toujours d’attaque pour repartir en voyage. Et nous, très émus également en l’entendant raconter ses souvenirs encore très vifs de la construction, entre 1988 et 1995. Parallèlement, nous avons été contactés par Antoine, le chanteur navigateur (1966, les élucubrations !), qui, ayant vu notre signature sur le mur à Horta aux Açores, nous demande si le nom du bateau a un rapport avec la chanson « Nocciolino » qu’il a interprété en 1979. Et c’est Michel qui répond que oui, il a baptisé ainsi son bateau, les paroles correspondant bien à son état d’esprit à l’époque, envie d’envoyer balader le monde asservi du travail pour l’aventure sur les mers…

Et c’est avec un clin d’œil très appuyé que nous terminons ce blog avec les photos de Nocciolino en gestation !

la coque vide de Nocciolino rejoint le jardin de Michel en 1989

Aux Açores dans le port d’Horta

C’était le dernier article de ce blog, merci à ceux qui l’ont suivi, merci à ceux qui nous ont rejoint à bord, et place aux suivants !

Il y aura encore un album photo issu d’une sélection sur les 8 ans de voyage. Patience, c’est pas facile !

2 réflexions sur « Retour en France »

  1. Un projet sur 10 ans et vous n’avez pas fgait les choses à moitié.
    « Nous avons parcouru en huit ans 32 486 milles nautiques soit 60 164 km, visité 30 pays , abordé 267 îles où on a passé au moins une nuit, »
    Vous pouvez ajouter la tenue du blog pendant tout ce temps.
    Un grand bravo !
    On se voit à Chanac bientot ?
    On devrait y être à partir du 16 ou 17 octobre et pour 3 semaines.
    Gros bisous
    Sylvie

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