Juste au nord de Pico s’étale, étroite et tout en longueur, l’île de Sao Jorge. A Velas, Jose nous accueille dans sa petite marina (c’est le 3è responsable de marinas qui porte ce prénom!). Nous passons la première nuit à l’ancre à l’extérieur, pas de place pour l’instant au ponton. Le soir, après la tombée de la nuit, super concert de puffins cendrés, qui nichent dans la falaise tout contre le mouillage !
(Enregistrement de Raymond Altès sur internet)
Cet oiseau pélagique (qui passe sa vie en mer) ne vient à terre que pour la saison de reproduction. Le poussin est à l’abri dans un terrier dans une forte pente, et les adultes viennent le nourrir à la nuit tombée. On les entend vocaliser quand ils passent au dessus des bateaux, une partie de la nuit. Les Açores accueillent la majorité de la population de cette espèce, atlantique et méditerranéenne.
Le lendemain Jose nous fait amarrer au quai, et nous partons visiter le petit bourg de Velas, bien sympa mais … pas de marché au légumes, ni au poisson. Pourtant il y a un petit port de pêche.
Comme dans les autres îles, la pierre de lave noire marque l’architecture.
Nous louons une voiture pour deux jours, pour découvrir l’île aux Fajas. Une faja est un replat de terrain situé sous les hautes falaises volcanique et contre la mer. Elle s’est formée soit par une coulée de lave qui a atteint la mer, soit par effondrement d’une partie des falaises, hautes de 300 à 500 m.
Ces endroits bénéficient de sols fertiles et au niveau de la mer, avec un micro climat favorable, et ont été occupés depuis des générations, malgré les difficultés d’accès, voire les risques d’isolement quand les tremblements de terre détruisent les accès (comme en 1980 à Santo Cristo).
De nos jours tout est plus facile avec des routes praticables et des véhicules puissants !
La Faja de Sto Cristo, desservie par une piste à quad (la mule moderne) n’est plus habitée en permanence mais entretenue, avec quelques troupeaux.
Le reste de l’île est conforme au standart açoréen :
belles églises
verts pâturages d’altitude avec brouillards
mais il nous a semblé que l’élevage laitier était plus intensif ici, avec beaucoup de laiteries, et une production de fromage réputé.
Nous avons partagé notre voiture une demi-journée avec Rita et Camille, deux jeunes filles qui travaillent pour une ONG qui s’occupe des mammifères marins, des passionnées pour la protection des ces espèces et de l’océan. De nombreuses espèces de cétacés passent par les Açores, voire s’y reproduisent (le cachalot), et cet archipel est donc idéal pour la recherche mais aussi, depuis peu, pour le tourisme : les opérateurs qui vendent des tours en gros zodiacs puissants pour observer les baleines (whale watching) se multiplient.
Nous n’avons pas versé dans ce tourisme « nature » qui va devenir gênant (bien que les opérateurs s’en défendent), estimant que nous avons déjà de la chance de voir souvent des dauphins à la proue de Nocciolino.
Terceira
La marina d’Angra do Heroismo, la capitale, est au pied de la vieille ville, qui fut aussi la capitale de l’archipel jusqu’en 1832. C’est une très belle ville, qui a été sérieusement endommagée par un tremblement de terre en 1980, puis rebâtie et classée patrimoine de l’Unesco. Ses riches demeures et imposantes églises témoignent de la splendeur passée, due au commerce international entre l’ancien et le nouveau monde.
Nous n’avons visité l’intérieur de l’île que le temps d’une journée, assez pluvieuse malheureusement.
Le volcanisme se manifeste ici par des fumerolles, dans un magnifique paysage de landes humides d’altitude. Le site est très aménagé pour éviter un piétinement néfaste, mais c’est bien fait.
Les modestes hauteurs de Terceira sont pâturées,
les parcelles, bien géométriques, sont délimitées par des murs de pierre (de lave) bien réguliers, avec ici et là des parcelles qui ont été plantées en cryptomeria du Japon (abusivement appelé cèdre), quasiment la seule essence résineuse introduite pour la production de bois.
Aux Açores, très nombreux sont les lieux aménagés pour les pique-niques du dimanche en forêt
ou en bord de mer (piscines naturelles dans les laves), ou sur un point de vue côtier…
Les célèbres azuleros portugais sont toujours présents pour décorer tant les églises que les lieux publics
Dans l’un des villages que nous traversons, nous assistons à un événement très populaire sur Terceira : la tourada a corda. Un taureau est lâché dans la rue, retenu à grand peine par un longue corde tenue par cinq costauds, et le jeu pour les gens est d’aller provoquer la bête, mais rien à voir avec la corrida, plutôt avec les courses de vachettes dans le midi.
Le taureau n’est ni blessé ni tué, par contre il arrive parfois à chopper un imprudent, et là… on peut voir des vidéos sur internet, ça donne pas envie !
Autre curiosité plus présente à Terceira que sur les autres îles : le culte du saint esprit, pratiqué dans des « imperios » sorte de chapelle / salon dans chaque village voire chaque quartier en ville
Et voilà pour Terceira, encore une île très agréable que nous avons plus apprécié pour sa modeste capitale.