Ah làlà, après Cuba, c’est le choc ! Ici c’est le pays des milliardaires et de leurs serviteurs ! Ce n’est pas encore trop flagrant dans les îles le plus méridionales mais déjà sur Atcklin island, où nous faisons notre entrée, on retrouve les gros 4×4 surmotorisés, les habitants en surpoids (en très grosse proportion), la vie chère. Nous passons par les Bahamas pour nous rapprocher du point de départ de la transat retour, et les amis de Yoni avaient trouvé ça extra. Donc allons y !
Les Bahamas c’est un vaste ensemble d’îles ente Cuba et la Floride, dans des eaux très peu profondes mais quand même très proches de grandes fosses : jusqu’à 5000 m à l’Est, et parfois 1300 m ou 2000 m entre certaines îles, et à coté de ça il y a de larges bancs très peu profonds, on navigue dans 5 m d’eau seulement et souvent moins, avec des bancs de sable quasi affleurants, il faut avoir une bonne carto et faire attention.
Des îles « paradisiaques », des plages de sable très clair avec des cocotiers, des eaux turquoises cristallines, c’est vraiment féerique !
Moins paradisiaque quand c’est trop touristique, comme ici la plage aux cochons nageurs où un troupeau de ce sympathique représentant de la faune sauvage des Bahamas (!) a l’habitude de se faire nourrir par les touristes, et c’est devenu un spot incontournable !
Et nous avons retrouvé le plaisir de naviguer entre les petites îles, de trouver de jolis mouillages isolés sur notre route, etc.
Mais…. le revers de la médaille, c’est que tous les américains du nord sont aussi là ! (94 % USA 5 % Canada) En fait les mouillages déserts sont une exception, et près des quelques villes c’est l’affluence : à Gorgetown, qui n’est qu’une petite ville, quelques 300 bateaux, voile et moteur.
Beaucoup d’îles sont privées, avec des panneaux dissuasifs sur les plages : « no trepassing », « you are not welcome » etc. Et plus on remonte vers le nord, plus on voit de grands yachts, 40, 50, 60 m de long… en déplacement ou à l’ancre près de l’île de leur propriétaire. Tout ça brille de mille feux (il y a toujours quelques arpètes qui briquent en permanence)
Le summum c’est à Nassau, la capitale, où l’on est allés pour racheter un smartphone (encore!!!) et faire le plein de ravitaillement « un peu moins cher » car ici on se fait assommer grave !
A Nassau il y a plein de marinas mais c’est hors de prix, heureusement on peut rester au mouillage pas loin de la ville. Mais si on veut aller à terre, il faut débarquer en annexe quelque part, pas de ponton public, une marina nous a demandé 20 $ pour débarquer ! Et la zone de mouillage est parcourue à grande vitesse par les bateaux à moteur qui emmènent les croisiéristes des 4 ou 5 paquebots présents quotidiennement vers les lieux de loisirs, et dont les sillages envoient des grosses vagues sans aucune considération pour les bateaux à l’ancre, les gens dans leur petite annexe. Aucune règle, aucun respect. De quoi raviver la haine du genre humain quand celui-ci s’ingénie et s’amuse à tout détruire autour de lui…
Il y a beaucoup d’endroits pour observer la vie sous-marine mais on n’est pas très fort pour cela, donc encore une fois on loupe beaucoup de choses dans ces régions. Le peu qu’on a vu est très chouette : coraux multicolores, poissons tropicaux aux couleurs éclatantes !
Par contre, pas d’oiseaux marins ! Par endroits un vol de mouettes rieuses, de rares paille-en-queue, et deux frégates, mais le plus souvent le ciel est désert !
Bref les Bahamas c’est nul !!!
Notre dernière étape aux Bahamas : Marsch harbour sur l’île de Great Abaco, la plus Nord-est du pays. En septembre 2019 le cyclone Dorian est passé ici et a détruit ou gravement endommagé la majorité des habitations et installations de l’île, faisant 75 morts et plusieurs centaines de disparus. Des vents jusqu’à 350 km/h, une onde de tempête jusqu’à 7 m de hauteur, sur ces îles essentiellement plates, et cette saloperie est restée quasi stationnaire pendant 48 heures. Nous n’avions pas ces informations en venant ici, on a commencé à voir, en passant le long des côtes, quelques bateaux en vrac dans les terres, et manifestement toutes les maisons flambant neuves ou en chantier… A terre dans la petite ville très éparpillée de Marsch, c’est un mélange comprenant des constructions toutes neuves (maisons, bâtiments commerciaux, marinas et pontons), des restes de bâtiments plus ou moins recolonisés par la végétation, et aussi des débris divers, camions, matériaux, restes de poteaux de ligne brisés etc, non encore récupérés. Et dans la baie encore certains bateaux à moitié coulés. Donc trois ans et demi après le catastrophe presque tout a été reconstruit et refonctionne (du moins dans les zones colonisées par les Américains) mais les derniers stigmates visibles font quand même dresser les cheveux sur la tête. Et l’on ne sait pas trop dans quels conditions sont logés les locaux, essentiellement noirs (parfois haïtiens en situation plus ou moins régulière), qui reconstruisent les maisons des blancs !
Dans l’attente de la bonne fenêtre météo pour partir vers les Bermudes (730 milles, environ une semaine de navigation) puis vers les Açores (1800 milles, deux semaines de plus), nous avons différentes tâches : préparation du bateau, examen du moteur, du gréement, révision des gilets de sauvetage et de différents appareils de sécurité, grattage de la coque…
…ré-abonnement au téléphone satellite et divers essais (nous permet d’avoir la météo en mer et de communiquer en cas d’urgence médicale).
En dernier lieu il faudra faire les pleins de gas-oil (les traversées se font tout à la voile mais il faut pouvoir éventuellement se déplacer au moteur) et d’eau (on peut embarquer environ 500 litres), faire l’avitaillement en frais, et faire les formalités de sortie du pays.
En guise de récréation on va sa promener sur les petites îles alentours, colonisées par les résidences américaines (le drapeau US flotte partout)
La spécialité du pays : la conche (appelée ailleurs lambi), énorme coquillage des fonds sableux, qui se mange en ceviche (conch salad), et dont la coque sert de déco
En esperant que vous trouviez les Bermudes plus agreables que ces Bahamas. Bon courage pour la traversée les amis. Bises. Denis et Jocelyne