Madeira, un gros caillou dans l’océan

L’archipel était sans doute connu des Phéniciens puis des Vikings. Mais ce sont les Portugais qui le colonisèrent à partir de 1420 en installant une population permanente. L’île de Madère a été décrite comme entièrement couverte d’une forêt dense. Le premier travail a été de « faire de la place », et certains documents parlent d’un gigantesque incendie qui a duré 7 ans ! Puis l’apport d’espèces européennes – vigne, châtaignier, noyer, figuier – mais aussi canne à sucre et bananier aux basses altitudes, ont complètement transformé la physionomie de l’île. Encore au début du XXè siècle, on a implanté des forêts de pin maritime, d’eucalyptus, de douglas…

Et le tourisme, attiré par le climat doux toute l’année, a pu exploser depuis la construction et surtout la modernisation de l’aéroport en 2000 : en ce moment 10 à 15 avions atterrissent tous les jours, plus quelques paquebots géants en hiver. Population de Madère (archipel) : près de 270 000, plus 850 000 visiteurs (2005), pour un territoire 1,5 fois comme le causse Méjean.

vue de Funchal

Autant dire qu’il ne reste plus grand chose de la végétation d’origine, la forêt laurifère ou forêt de lauriers. Composée de différentes espèces de la grande famille des lauriers, ce type de forêt n’existe plus qu’en certains endroits à Madère, aux Canaries et aux Açores. Il est difficile de parler de forêt primaire tant il y a eu de modification dues à l’homme (travaux d’infrastructure, introductions d’espèces, fréquentation) mais il y a de beaux restes.

Madère est un gros caillou volcanique émergeant de l’océan, donc il capte et retient l’humidité de l’air par l’intermédiaire de la forêt. Les parties exposées au vent dominant (la côte nord) et en altitude sont souvent dans la brume

Le relief est extrêmement prononcé, souvent dès le trait côtier

Pourtant il y a des routes qui sillonnent l’île et rendent presque tout accessible, et souvent en bus. Ces dernières années de gros et impressionnants travaux tunnelliers ont permis de créer des voies rapides.

De plus, pour récupérer l’eau de la montagne, en particulier sur le flanc nord, et l’acheminer vers les zones cultivées en terrasses, dès le XVIè siècle ont été creusés dans le roc de petits canaux d’irrigation, les levadas, à flanc de montagne et parfois en tunnels (merci les esclaves et les forçats qui travaillaient accrochés à la falaise par des cordes rustiques).

levada sous couvert de bruyère arborescente

Ce réseau de voies horizontales sillonne la montagne (actuellement plus de 2000 km de lévadas !) et, étant flanquées d’un sentier permettant l’entretien, sont utilisables pour les randonnées, qui du coup, sont très faciles dans ces montagnes escarpées ! Le réseau est entretenu pour l’irrigation, mais aussi pour le tourisme et les lévadas sont bien sécurisées.

une maîtrise parfaite de l’appel du vide !

rappelons que Babeth est sujette au vertige !

Donc nous avons parcouru divers circuits (départ et arrivée desservies pas bus) à la découverte de la forêt laurifère, de ses fougères arborescentes ou pas, ses bruyères géantes (tronc de 20 cm de diam, 5-6 m de développement), de ses fenêtres sur des paysages grandioses.

fougère arborescente

Mais aussi de paysages différents comme cette « forêt » de lauriers fétides Ocotea foetens sur le plateau occidental, pâturé par des bovins.

Enfin on peut faire des randos de crêtes (pas horizontales celles-ci) quand elles ne sont pas dans la brume

sur le Pico grande, 1654 m

Prochain article : les jardins botaniques, l’agriculture

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