Madère

Mercredi 17 juillet vers 20 h, nous apercevons enfin, dans la brume de beau temps, les montagnes de Madère, ou plutôt de Porto Santo, la plus proche île de l’archipel. Après dîner, la nuit tombe, et nous pouvons nous guider sur les 3 éclats du phare de l’Ilheu de Cima. 2 heures plus tard, nous doublons l’Ilheu (îlot) qui protège la cote sud de Porto Santo de la houle levée par l’alizé portugais, et naviguons en eau calme jusqu’à la plage juste à côté du port, et jetons l’ancre à 2 h du mat. Traversée réussie, en 80 heures, et comme à chaque fois, nous nous octroyons un petit coup de blanche (merci Bertrand!).

La traversée s’est bien déroulée, grâce à l’alizé portugais soutenu et régulier, et une mer parfois peu confortable mais pas tout le temps. Croisé pas mal de cargos, toujours de loin, l’un d’eux nous a quand même appelé à la radio pour vérifier qu’on veillait ! La 3ème nuit, on assiste au lever de lune, plus ou moins cachée par des nuages qui défilent, mais bizarre : il manque un morceau ! En fait c’est une éclipse ! Plus tard, elle est de nouveau pleine.

Porto Santo est une petite île volcanique, 10 km de long, qui ne culmine qu’à 484 m, assez désertique. A cette saison, le peu de végétation est grillé, sauf les plantes grasses.

La petite marina du port est sympa car les quelques voiliers étrangers sont des voyageurs, et les contacts sont faciles et chaleureux. Le mur du môle est d’ailleurs décoré de dizaines de signatures des équipages passés par là.

Après 3 jours de repos et de balades sur l’île et son petit village, nous repartons pour la grande île, Madère, qui ne fait quand même que 55 km de long, mais monte à 1818 m.

La première étape est présentée comme le plus beau mouillage et le seul bien protégé de Madère. Nous tentons, et tant mieux car c’est magnifique,

le mouillage de Baia de Abra

au pied de falaises volcaniques très colorées, désertes (pas de maisons, quelques promeneurs le soir de notre arrivée…), et on est le seul bateau. En fait dans la journée, le sentier de randonnée qui longe l’étroite crête rocheuse d’aspect lunaire qui s’avance dans l’Atlantique est bondé, mais nous en dessous, cela ne nous gêne pas beaucoup !

Ce sentier, nous l’avons pratiqué le lendemain, spectaculaire, avec des à pics vertigineux, trop pour Babeth ! Nous découvrons le lézard de Madère (le seul reptile de ces îles), qui sur les endroits fréquentés est totalement confiant et va même jusqu’à nous MORDRE (en fait pincer légèrement, mais ça surprend) pour voler un peu de notre casse-croûte

De retour au bateau, nous en découvrons un dans le sac à dos ! On l’aurait bien ramené à terre, mais après une inspection de l’intérieur il a disparu, et sommes sans nouvelles depuis…

Le soir, nous nous baignons autour du bateau. Il faut dire que depuis quelques temps nous sommes enfin passés en mode été, même si les températures sont très modérées au contact de l’océan. Même à Madère on ne dépasse pas les 25°. Donc tenues légères, protections contre le soleil (toiles tendues sur le bateau pour éviter que le soleil ne chauffe trop le pont en acier – effet four garanti – bains de mer même si l’eau reste fraîche). Cela faisait quand même 3 étés que l’on passait au frais !

Arrivée devant le petit port de Machico, trop petit pour nous mais on peut mouiller devant, relativement abrités. Juste après avoir jeté l’ancre, alerte ! Le moteur ne répond plus ! On s’est pris un filet abandonné entre 2 eaux. Le plongeur maison (bibi) a passé ½ heure sous l’eau pour désentortiller le filet enroulé bien serré sur l’hélice.

En découvrant la sympathique petite ville, nous nous renseignons sur les possibilités de se déplacer à Madère, mais il apparaît que tout est plus facile depuis Funchal, la capitale.

Mais avant, un crochet par les Ilhas desertas, à 18 milles de là. Ces 3 petites îles font partie du parc naturel de Madère, en grande partie en réserve intégrale, et il n’y a qu’un seul mouillage possible et autorisé. Excroissances volcaniques jaillies de la mer, quasiment dépourvues de végétation, inhabitées sauf par les gardes et par moment des scientifiques, ces cailloux sont à priori peu attractifs. Et de fait, nous sommes le seul bateau touriste au mouillage le soir.

Certaines journées, des compagnies de promenade pour touristes sont autorisées à amener leurs clients. On voit alors débarquer des groupes de 30, mais ils ne restent qu’une heure ou deux.

Débarquer en annexe sur la plage de gros galets n’est pas facile, et une fois à terre, les déplacements sont limités à un court sentier d’interprétation, du reste bien réalisé et intéressant.

le Serin des Canaries, qui a donné le « canari »

Notre approche naturaliste nous facilite le contact avec les gardes et la scientifique présente à ce moment. Elle nous explique par exemple que les chèvres introduites il y a quelques siècles, et qui sont maintenant sauvages, mettent à mal la maigre végétation de l’île, qui justement abrite ici une très rare tarentule. On a donc tenté de se débarrasser de ces chèvres indélicates, mais en se heurtant entre autres à un mouvement genre « parti pour les animaux » (rien à voir avec des écolos) ! En attendant, le soir dans le couchant on a pu observer quelques chèvres courant dans les falaises rouges et or !

un dernier rayon de soleil couchant sur les Desertas

Il faut bien sûr mentionner la présence aux Desertas d’une petite colonie relictuelle de Phoque moine de Méditerranée, devenu très rare (on n’en a pas vu), et de quelques espèces d’oiseaux marins introuvables ailleurs : le Pétrel de Madère et le Pétrel de Bulwer.

Nous sommes restés 48 heures, puis direction Funchal pour découvrir le reste de l’île. Prochain article : les autres facettes de Madère, la montagne, les randos.

3 réflexions sur « Madère »

  1. bravo ! vous avez fait la traversée à 2 ? chapeau !
    profitez bien de Madère. La prochaine destination c’est Canaries ???
    bisous
    Denis et Jocelyne

  2. Magnifique ton article, mon petit frère ! Ces roches sont impressionnantes. Profite de Madère, on se rappelle bientôt.
    Gros baisers de nous 2

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